Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes et qui collabore épisodiquement à
cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Tract de la liste Wauquiez |
On peut faire de la politique en se bouchant le nez, en
mettant ses doigts dans les oreilles et ses mains devant ses yeux et sa bouche.
Au-delà de la difficulté de le faire avec seulement deux
mains et dix doigts, cela revient à nier tout son combat politique, ses valeurs
et sa dignité.
Voilà qui ne semble guère atteindre les dirigeants
centristes quand ils apportent leur soutien – il est vrai minimum mais réel – à
Laurent Wauquiez, François Bayrou et Jean-Christophe Lagarde en tête.
De même que tous les colistiers centristes du député de la
Haute-Loire pour ces élections régionales en Rhône-Alpes-Auvergne.
Car M. Wauquiez avait juré à ses «amis» centristes pas trop
regardants et en mal de récompenses électorales, que bien qu’il ait dérapé
parfois et oublié ses valeurs en tâtant de l’extrême-droite, il était un homme
de droite modéré et républicain, proche du Centre.
Et, paraît-il, ce n’était pas un sketch comique.
Donc s’il avait juré, tout allait bien, non?
Non, car il suffit de voir le dernier tract de sa campagne
pour savoir, comme le savaient déjà tous les centristes qui se sont alliés avec
lui depuis qu’il avait trahi l’héritage de Jacques Barrot qui avait commis une
faute en lui donnant sa circonscription, que le bonhomme n’a rien lâché de son
ambition démesurée, de son opportunisme nauséabond et de son flirt avec les
idées du Front national.
Pour mettre un peu d’humour dans ce pathétique dessein de M.
Wauquiez, le site internet d’Europe 1 a tweeté, en présentant son tract, «Il est
bizarre ce tract du FN, non?»!
D’ailleurs, le tract en question n’en manque pas, non plus,
même s’il est de fort mauvais goût et évidemment fortuit.
Le titrer «Affirmons nos valeurs» alors que l’on tourne le
dos à toutes celles de la Droite républicaine mais surtout du Centre, voilà qui
ne manque pas d’audace.
Quand aux trois slogans «Immigration, ça suffit!», «Hollande,
ça suffit!» et «Europe, ça suffit!» (ça fait quoi de se boucher le nez si fort,
messieurs les centristes?!), ils se passent de commentaires.
Comme le dit fort justement le quotidien Ouest France, «Qu'importe
si ces thèmes n'ont rien à voir avec les compétences régionales : après
l'élection, Hollande sera toujours président, l'immigration ne sera influencée
à aucun niveau par les conseils régionaux, et l'Europe continuera à verser ses
subventions gérées… par les conseils régionaux.».
Et de nous rappeler sa ligne directrice définie par Laurent Wauquiez lui-même: «la force
du FN oblige la droite à se repenser. Le problème n'est pas d'en dire trop mais
pas assez».
Voilà qui est «extrêmement» clair…
Deux extraits sont d’ailleurs très représentatifs de ces
propos: «Nous n'acceptons plus de voir la France se désintégrer face aux coups
de boutoir d'une immigration massive qui détruit chaque jour notre identité»; «Nous
n'acceptons plus cette Europe déracinée et technocratique qui se moque des
peuples et des nations».
Bon, peut-être que Laurent Wauquiez a trop écouté Nicolas
Sarkozy expliquer la moralité du vote FN.
Puisque l’on peut voter pour l’extrême-droite avec la morale
pour compagne selon l’ancien président de la république, pourquoi pas la singer
tout court, ça peut rapporter plus gros, pense sans doute le député de
Haute-Loire.
Ce qui est le plus désolant dans l’affaire n’est pas ce qu’est
Laurent Wauquiez, ni ses amis de la droite dure de LR qui, dans une nécessaire recomposition
politique plus saine et adéquate à l’époque, devraient se retrouver dans une
alliance avec le Front national.
Non, c’est de voir à ses côtés des membres de l’UDI et du
Mouvement démocrate.
C’est d’avoir vu le pathétique des justifications de Lagarde
et Bayrou pour adouber Wauquiez après avoir dit que, jamais ô grand jamais, ils
ne s’allieraient avec un homme qui ne partageait pas leurs valeurs.
Valeurs c’est un mot fort ou seulement un concept
publicitaire?!
Alors, rappelons seulement à M. Lagarde, président de l’UDI,
ses propos dans Le Monde du 11 décembre: «Les principes sont plus importants
que les places.»
Prière de ne pas rire.
Jean-François Borrou