Comme on pouvait s’en douter, les attentats de Paris du 13
novembre ont été abondamment couverts par les médias américains avec de
nombreux directs des journaux télévisés réalisés en France.
L’horreur de l’assassinat de personnes qui s’étaient attablées
à des terrasses de café ou étaient allés voir un concert d’un groupe de rock
américain, ont provoqué un émoi dans la population et suscité évidemment de nombreuses réactions politiques, d’autant
que ce genre d’attentats rappellent ceux du 11 septembre 2001.
Si le président Barack Obama et les membres de son
Administration ont apporté une réponse officielle forte avec la solidarité sans faille du pays vis-à-vis du peuple français, tout en rappelant que la
France est la plus vieille alliée des Etats-Unis et qu’elle le demeure
aujourd’hui depuis qu’elle est à ses côtés dans toutes les zones de conflits du
monde qui menacent la paix mondiale, de l’Ukraine à la Syrie en passant par le
Mali, de nombreux propos ont été tenus par les candidats à la prochaine
élection présidentielle de 2016.
Du côté des démocrates, le débat sur la chaîne CBS entre les trois candidats à
la primaire qui s’est déroulé le vendredi même des attentats, pendant que
ceux-ci étaient encore en cours, a permis de montrer que la lutte contre Daech
(ou ISIS pour les Américains) était la priorité des priorités.
Que ce soit Bernie Sanders, Martin O’Malley et, bien
évidemment, Hillary Clinton, tous ont affirmé que s’ils étaient le prochain
hôte de la Maison blanche, ils feraient de l’éradication de l’organisation
criminelle une de leurs priorités.
Chacun a évidemment marqué sa petite différence.
Hillary Clinton, la candidate centriste, a ainsi déclaré, «bien
sûr, nos prières vont au peuple de France ce soir. Mais ce n'est pas assez.
Nous devons avoir la résolution de rassembler le monde pour traquer cette idéologie djihadiste radicale qui motive des organisations comme ISIS, ce
groupe violent, terroriste, barbare et impitoyable».
«Cette élection, a-t-elle poursuivie, sera non seulement le choix d'un président. Ce sera aussi le choix de notre prochain commandant en
chef. Et j’expliquerai en détail ce que je pense que nous devrons faire avec nos
amis et alliés en Europe et ailleurs afin de faire un meilleur travail en vue
de coordonner les efforts contre le fléau du terrorisme. Notre pays n’aura
aucun repos en la matière parce que toutes les autres questions que nous devons
traiter dépendent de notre sécurité et de notre force.»
Du côté républicain, si la lutte contre ISIS a été aussi
évoquée, les différents prétendants à la primaire ont préféré s’en prendre en
priorité à la politique suivie en la matière par Obama (et donc, jusqu’en 2012
par Hillary Clinton alors secrétaire d’Etat) pour la critiquer de manière
violente au lieu de faire des propositions concrètes pour y parvenir.
Mais ce qui a été noté par l’ensemble des médias américains
c’est la cassure entre les candidats «sérieux» qui ont une connaissance minimum
de la politique étrangère et de la situation internationale et ceux qui sont
complètement ignares, incapables d’une réflexion étayée sur ces sujets.
Comme l’écrit le magazine Politico, «Il n’a fallu que 48
heures pour que les attaques terroristes tragiques à Paris transforment rapidement la primaire républicaine en une compétition entre ceux qui ont une expérience
sérieuse en politique étrangère et ceux qui n’en ont aucune, changeant
celle-ci, au moins pour le moment, d'une campagne pour la présidence à un test
sur la capacité à être commandant en chef».
Dans la catégorie des incompétents notoires on trouve le
favori actuel de la primaire, Donald Trump, ainsi que son dauphin, Ben Carson.
Tous les deux, surtout le deuxième, ont montré leur limite
en la matière particulièrement forte et cela pourrait impacter leur
campagne et leur chance dans les semaines à venir de devenir le candidat républicain à la présidence.
En revanche, John Kasich, le candidat le plus près du Centre
de cette primaire a lui expliqué plus en détail son action contre le terrorisme:
armer les Kurdes, mettre en place une zone d'exclusion aérienne, impliquer les
Saoudiens et les Jordaniens, mieux coordonner les services de renseignements au
niveau international.
«Il y a tant de choses que nous devons faire, a expliqué le
gouverneur de l’Ohio, et, franchement, nous en sommes loin».
En outre, tous se sont inquiétés sur la possibilité que parmi
les réfugiés syriens qui seraient accueilli aux Etats-Unis, puissent se cacher
des terroristes comme cela a été le cas en France pour au moins l’un d’entre eux.
On évoquera pour l’anecdote les propos particulièrement
stupides et provocateurs de Donald Trump expliquant que s’il y a eu tant
de morts à Paris c’est parce que la France est un des pays qui a les lois les
plus restrictives en matière de port d’arme ce qui n’avait pas permis aux
personnes attaquées de se défendre.
Une affirmation qui aurait pu être faite par Ben Carson…
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
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