Comment faire la part des choses
dans tous les baromètres que publient les médias sensés montrer quels sont les
hommes et les femmes politiques préférés des Français.
En effet, les questions divergent
avec des premières places souvent occupées par des personnalités différentes,
ce qui, in fine, ne veut plus dire grand-chose.
Or, pourtant, si l’on prend cinq
des derniers baromètres, celui des Echos (Elabe), celui de Paris Match (IFOP)
celui du Point (IPSOS), celui du Figaro magazine (TNS-SOFRES) et celui de
LCI-Metronews (Opinonway), force est de constater au moins deux similitudes.
La première et la plus forte est
que, dans les cinq sondages précités, Alain Juppé arrive en tête quelle que
soit la question posée (meilleure image pour Elabe, vision positive pour Paris
Match, jugement sur l’action politique pour IPSOS, souhait de voir jouer un
rôle important dans les mois et les années à venir pour TNS-SOFRES,
satisfaction de l’action comme dirigeant pour Opinionway) avec respectivement
48%, 65%, 54%, 42% et 51% d’opinions positives.
Si ce n’est pas une sorte de
plébiscite, cela y ressemble beaucoup mais ne garantit pas, cependant, une
victoire à la présidentielle de 2017…
La deuxième, tout aussi
intéressante, est que les personnalités représentant l’«axe central», Juppé
compris, sont toujours dans les premières places.
Dans le sondage Elabe, le trio de
tête est Juppé, Macron, Bayrou (Valls étant exclu de la liste en tant que premier
ministre et sondé à part).
Dans le sondage IFOP, le quatuor
de tête est Juppé, Bayrou, Raffarin, Valls.
Dans le sondage IPSOS Juppé est
en tête, Christine Lagarde, seconde, Emmanuel Macron, cinquième et François
Bayrou, septième (Valls étant exclu de la liste en tant que premier ministre et
sondé à part).
Dans le sondage TNS-SOFRES Juppé
est en tête, Christine Lagarde, troisième, Emmanuel Macron, sixième et François
Bayrou, septième (Valls étant exclu de la liste en tant que premier ministre et
sondé à part)..
Dans le sondage Opinionway, Juppé
est en tête, François Bayrou, second, Jean-Christophe Lagarde, cinquième (tous
les ministres sont exclus de la liste et sondés à part).
Cette relative constance des
personnalités de l’axe central aux premières places de ces baromètres signifie
évidemment quelque chose.
Que les Français aiment les
politiques consensuels, donc rassurants.
Qu’ils se rallient à leurs propos
et à leurs actions.
Que cet espace central a
majoritairement leur préférence, ce qui est une bonne nouvelle au moment où les
clivages extrémistes et radicaux sont promus sans cesse par les médias en quête
de buzz.
Néanmoins cela ne veut pas dire
forcément que nos compatriotes souhaiteraient que ces diverses personnalités
gouvernent ensemble (certaines d’entre elles étant particulièrement appréciée à
droite et d’autres à gauche ce qui réduit les zones d’identités communes).
De même, cela ne veut pas dire
que les Français les voient dirigeant la France.
Le cas exemplaire dans ce domaine
étant François Bayrou.
Depuis des années, le président
du Mouvement démocrate est dans le peloton de tête de tous ces baromètres.
Néanmoins, tous les sondages
réalisés lors de ces trois candidatures à l’Elysée disaient la même chose: les
Français ne voyaient pas chez lui la stature d’un président de la république.
De même, il n’est pas
majoritairement leur premier choix, les électeurs de droite ayant une bonne
opinion de lui préférant voter pour un candidat de leur camp prioritairement.
Idem pour ceux de gauche.
D’où des scores décevants,
notamment au scrutin de 2012.
Pour autant, en prenant comme
hypothèse qu’Alain Juppé l’emporte en 2017 et devienne chef de l’Etat, il n’est
pas inconcevable de penser que des personnalités comme François Bayrou,
Christine Lagarde, Jean-Christophe Lagarde et Emmanuel Macron pourraient faire
partie d’un même gouvernement et que Manuel Valls soit le leader d’une
opposition responsable et constructive.
Et ces dernières pourraient
également gouverner ensemble avec Manuel Valls, à l’Elysée!
Surtout si Juppé – hypothèse
malgré tout la plus vraisemblable –, à l’instar de son prédécesseur à la mairie
de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, faisait revivre la fameuse «Nouvelle
société» de ce dernier lorsqu’il fut premier ministre de Georges Pompidou en
1969 où l’on retrouvait autour de lui à Matignon des hommes comme le chrétien
de gauche Jacques Delors, les centristes Pierre-André Wiltzer et Jean
Michard-Pellissier, le libéral Yves Cannac ou le mendésiste Simon Nora.
Ce serait un sacré pied de nez à
l’histoire puisque le mentor de Juppé, Jacques Chirac, fut celui qui fit battre
Jacques Chaban-Delmas à la présidentielle de 1974 en se ralliant avec 43
députés gaullistes à Valéry Giscard d’Estaing.
En définitive, il revient à ces
personnalités de faire vivre concrètement cet axe central en s’alliant ou en créant
des passerelles qui leur permettront de trouver des domaines où elles pourront
s’allier pour réformer la France.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC