Le coup du congrès pour décider de la présence de l’UDI à la
présidentielle est malin de la part de Jean-Christophe Lagarde lui qui,
rappelons-le, a été élu à la tête du parti sur le principe d’une telle candidature.
Cela lui permet de botter en touche en n’étant pas
responsable lui-même d’une décision impossible à prendre au vu de l’état des
divisions du parti sur cette question mais aussi de lier tout le monde dont ses
opposants internes au choix démocratique pris par les militants eux-mêmes
d’autant plus que le vote en faveur ou non d’une candidature sera massif.
Et puis, rassurons les dirigeants de LR: évidemment, ce vote
s’il est positif n’aura rien de définitif…
Ainsi si le 20 mars prochain les militants de l’UDI décident
malgré l’opposition, exprimée ou non, de la grande majorité de leurs dirigeants
d’une candidature d’un des leurs à la présidentielle, cela ne signifiera
nullement que celui-ci ira jusqu’au bout
Car la problématique sera d’une part de faire avaler cette
décision aux nombreux dissidents en interne ainsi qu’à l’allié LR qui venait de
faire des cadeaux aux municipales et aux régionales pour éviter cette
candidature et d’autre part de donner consistance à cette dernière en créant
une dynamique qui évite en avril 2017 le 1% au premier tour du scrutin.
Mais si la candidature de l’UDI décolle à 5% ou plus, alors
le risque sera de faire perdre le candidat de la droite au premier tour et les
pressions de LR ainsi que celles des adversaires de Lagarde seront sans doute
terribles dans les mois précédents l’élection pour qu’elle soit retirée.
Et il est peu probable que ce dernier ait le courage
politique nécessaire pour refuser de s’effacer alors même que l’UDI aurait un
bon coup à jouer pour son avenir.
Même si le retour en arrière et le changement de cap seront
vus comme une défaite de l’UDI et une démonstration de son rôle de supplétif de
LR, même s’ils désespéreront les militants, ils vaudront sans doute mieux pour
les dirigeants du parti que l’humiliation d’un score ridicule ou les foudres de
la droite qui pourraient se traduire aux législatives par la défaite de la
plupart des députés centristes.
On peut donc dire aux chers militants de l’UDI, votez pour
ce que vous voulez, de toute façon il y a peu de chance qu’un candidat de votre
parti soit présent au premier tour de la présidentielle…
Mais cela n’occulte en aucune façon le fond du problème.
Est-ce que le PS ou LR feraient voter leurs militants sur
leur présence à la présidentielle?
Bien sûr que non, celle-ci allant de soi.
Or donc elle ne va pas de soi pour l’UDI.
On peut évidemment trouver plusieurs réponses «évidentes»
comme la petitesse de la formation centriste, sa force électorale réduite, son
influence sur la vie politique négligeable, ses divisions internes, le manque
de charisme et de notoriété de ses leaders.
Cependant cela n’empêche pas certains partis qui sont dans
le même cas de présenter un candidat pour la simple raison que l’exposition
politico-médiatique que permet une campagne présidentielle est unique.
Mais l’UDI ne peut être comparée à certains groupuscules qui
ont intérêt à leur présence à la présidentielle.
D’un certain côté, la confédération de centre-droit est trop
petite pour y jouer un rôle consistant et trop grande pour s’y ramasser une
veste.
Néanmoins, c’est aussi la présidentielle qui permet à des
personnalités et à des partis d’acquérir un statut politico-médiatique et une
stature nationale qui les faits grandir auprès des Français.
Se refuser sciemment d’y participer, c’est refuser de
grandir et de se confronter, avec tous les risques qui vont avec le courage
politique, à la nation.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC