Avec les récents développements politiques, politiciens
diront les mauvaises langues ou tout simplement les déçus, on est en droit de
se demander s’il existe encore des «vrais» centristes dans le paysage politique
français.
Les accords pour les régionales entre l’UDI, le MoDem et LR
mais encore plus les déclarations des leaders centristes semblent démontrer un
infléchissement certain à droite des partis qui se disent centristes.
Pour une école de pensée attachée aux thèses du politologue
Maurice Duverger, cela n’est guère surprenant puisque le Centre ne serait qu’un
appendice de la Droite peuplé de modérés voire, pire, d’opportunistes.
Mais pour les analystes qui estiment que les centristes ne
sont pas solubles dans la Droite (ni la Gauche), la question est posée.
On peut faire une première réponse.
Comme les «vrais» socialistes, communistes, conservateurs, anarchistes, fascistes, etc., les «vrais» centristes n’existent pas et n’existeront jamais.
On n’a jamais connu un homme ou une femme politique qui
épousaient à 100% les thèses officielles d’une idéologie politique, si tant est
que l’on puisse définir très exactement celles-ci.
La «pureté» totale du Centrisme défendu par ceux qui se
veulent des centristes n’est pas plus possible.
Il existe, certes, des valeurs et des principes centristes
mais ils sont interprétables et personnalisables.
Néanmoins, ces remarques préalables n’épuisent pas pour
autant notre interrogation.
Car s’il n’existe pas de «vrais» centristes au Centrisme
«pur», si l’on se dit centriste ou du Centre, c’est que l’on défend une vision politique
précise et que cette défense est prioritaire par rapport à d’autres proximités,
à droite ou à gauche, que l’on peut avoir par ailleurs.
Force alors de reconnaître que les derniers développements
démontrent une «souplesse» des centristes qui peut également être vue comme un
simple opportunisme ou un manque de conviction dans ce que l’on affirme
défendre et croire.
Bien entendu, certains diront qu’il s’agit plutôt d’un
pragmatisme, d’autant plus que cette qualité fait partie intégrante du
centriste.
Et on pourrait les suivre si celui-ci avait un fondement
politique et non simplement électoral et «patrimonial» (avoir des élus puis des
postes, une fois au pouvoir) comme c’est plutôt le cas actuellement.
En s’attachant aux déclarations exclusivement politiques,
sans les confronter aux actes qui malheureusement les contredisent, on
s’aperçoit malgré tout que des fondamentaux du Centrisme s’y retrouvent chez
certaines figures centristes actuelles.
C’est le cas, par exemple, chez Jean-Christophe Lagarde.
Malheureusement, ses propos qui font souvent références à
l’humanisme, base même du Centrisme, ont tendance à s’égarer dans une
agressivité politique qui ne fait pas partie de la culture centriste.
Mais c’est aussi le cas, à un degré moindre, chez François
Bayrou, même si le discours a souvent varié et qu’il soit actuellement, selon
les dires même du président du MoDem, plus proche du gaullisme.
Jean-Christophe Fromantin et même Yves Jégo ou Laurent
Hénart possèdent également quelques fondamentaux du Centrisme.
En revanche, on perçoit un éloignement du Centre de plus en plus
grand chez Hervé Morin et certains de ses amis du Nouveau centre dont on ne
serait pas surpris de les retrouver à LR après la présidentielle.
Pour autant, ce tableau partiel montre des centristes prêts
à faire beaucoup de concessions sur leurs centrismes respectifs afin de
conclure des alliances fructueuses.
Si cela permet de les teinter fortement de Centrisme grâce à
des compromis gagnant-gagnant (en termes politiques et non électoraux), tant
mieux.
Si cela n’est que des compromissions et des renoncements
afin d’obtenir quelques récompenses, on peut se montrer inquiet pour les idées
centristes dans les temps qui viennent, c’est-à-dire jusqu’à la présidentielle
et jusqu’aux législatives de 2017.
A moins qu’un sursaut ne survienne, les centristes droits
dans leur botte seront sans doute une denrée plutôt rare sur la scène politique
dans le laps de temps qui nous sépare de ces rendez-vous électoraux.
Heureusement, le Centrisme, lui, demeurera, quoi qu’il
arrive, une référence politique essentielle à défaut de trouver des serviteurs
à sa hauteur.