Quant il s’est représenté en 2012 pour un second mandat,
Barack Obama n’a pas du en croire ses yeux et ses oreilles.
Lui, le candidat chéri des médias en 2008, mis sur un piédestal
de manière parfois aussi grotesque qu’indécente, voire proche de la faute
professionnelle en tout cas en dehors de toute déontologie, devait affronter
une presse hostile et des journalistes agressifs.
Son bilan était contesté par ces derniers ainsi que sa
personnalité hésitante et trop «intellectuelle» qui était présentée comme
inconciliable avec ce que l’on demande à un président des Etats-Unis.
Cependant, en creusant un peu cette hostilité, on pouvait se
rendre compte que ses torts principaux aux yeux des médias étaient surtout d’avoir
été adulé plus que de raison par ceux-ci.
Les journalistes, dans un retour du balancier aussi
pathétique et consternant, adoptèrent ainsi un comportement de défiance sensé
leur permettre de se faire «pardonner» pour cette idolâtrie un peu honteuse.
Oui, Barack Obama n’était pas un être surnaturel mais un
homme, il n’allait pas révolutionner l’Amérique et le monde mais il était
seulement un centriste assumé qui proposait une politique responsable et
équilibrée.
Mais, cela, il suffisait de l’écouter et de lire pour le
savoir dès 2004…
Le cas d’Hillary Clinton est un peu différent.
Elle n’a jamais été adulée par ces mêmes médias, bien au
contraire.
Depuis fort longtemps, elle est même une de leurs têtes de
turc.
En revanche, elle partage avec Barack Obama, d’avoir été couverte
par ceux-ci au-delà de toute mesure et de toute impartialité.
Il y a deux ans, le New York Times a même du s’expliquer sur
sa décision de mettre une journaliste à plein temps sur l’ancienne secrétaire d’Etat
alors que cette dernière n’occupait plus aucune fonction officielle ou élective
et ne s’était pas encore décidé si elle se présenterait à la présidentielle…
Et le quotidien, tout comme d’autres médias, se mit à la
recherche d’histoires qui pourraient créer un scandale, travestissant même la
réalité lors d’une enquête, ce qui obligea ses responsables à s’excuser.
On évitera au lecteur une liste de tentatives de
déstabilisations aussi longue qu’indigeste.
Pour l’instant, la focalisation s’est faite sur l’affaire de
ses e-mails lorsqu’elle était secrétaire d’Etat où on l’accuse d’avoir utilisé
un serveur privé, ce qui était son droit, sans pouvoir prouver jusqu’à
maintenant qu’elle a commis une faute quelconque.
Si cela ne s’appelle pas de l’acharnement, en tout cas, cela
y ressemble.
Mais Hillary Clinton en a l’habitude et elle savait à quoi s’attendre
en se présentant même si elle ne savait pas forcément d’où les premières
attaques partiraient et sur quoi elles porteraient.
A l’inverse d’Obama, elle a du affronter une hostilité et
une agressivité quasiment dès son apparition sur la scène publique puis
politique.
Et au moment où, après un déferlement d’articles et de
reportages à charge, d’analyses défavorables, elle baisse dans les sondages, il
est intéressant de voir que ce sont les mêmes mécanismes utilisés contre Obama
en 2012 qui sont à nouveau à l’œuvre en ce qui la concerne pour cette campagne
présidentielle.
Et ce sont également les mêmes reproches que l’on adressait
alors à Obama, qui sont également adressés à Clinton aujourd’hui:
- Une incapacité d’être proche du peuple et de comprendre
ses problèmes quotidiens;
- Des revenus importants (même s’ils sont uniquement le
fruit de leur mérite par leur travail et non d’un héritage ou de dons suspects)
qui les discréditeraient de parler des classes moyennes;
- Un positionnement politique qui recherche avant tout l’équilibre
et que les médias attribuent à de l’indécision;
- Un intellectualisme trop éloigné de la réalité concrète.
Mais, plus que tout, c’est leur positionnement centriste qui
ne favorise pas médiatiquement parlant ceux qui l’adoptent et qui refusent ainsi
de jouer la politique du pire très prisée par les journalistes.
En 2012, Barack Obama a réussi à se sortir de cette nasse
médiatique grâce à son aura, à celle de ses soutiens (notamment de Bill
Clinton, le mari d’Hillary!) et la faiblesse de ses opposants républicains,
notamment de leur candidat, Mitt Romney.
Hillary Clinton peut-elle en faire de même alors qu’elle
baisse dans les sondages, que sa crédibilité est atteinte, que ses opposants
démocrates (Bernie Sanders, Joe Biden) montent en puissance et que son discours
est, pour l’instant inaudible alors même que les primaires ne commencent qu’en
février 2016 et que la campagne officielle qu’en septembre 2016?!
Personne ne peut répondre vraiment à cette question.
En revanche, il semble bien qu’elle va devoir monter au
créneau et se battre pour déjouer toutes les chausse-trappes que ses
adversaires ont préparées et que les médias attendent de relayer avec
gourmandise.
Barack Obama a montré qu’un centriste était capable d’y
parvenir.
A elle de prouver qu’elle est de la même veine.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC