Pour faire sa rentrée politique, il a décidé de ne pas aller
à l’université d’été du PS mais plutôt à un rassemblement de «réformateurs»
puis d’aller voir les patrons.
«Il», c’est Emmanuel Macron, l’actuel ministre de l’Economie,
qui continue à jouer de sa petite (grande) différence… centriste.
Car, oui, bien qu’il n’ait pas fait son coming-out, il est
bien un centriste bon teint qui, au-delà de ses réformes qui seraient bien plus
radicales si on laissait faire, tient un discours politique, totalement assumé
par ailleurs, que bien des centristes ne renieraient pas, s’ils en avaient un
ces derniers temps.
Ce n’est, en effet, pas un idéologue socialiste à la mode «frondeur»
(ni un centriste mou ou un suiveur) celui qui dit lors de la réunion des
réformateurs du PS le 27 août: «On a très longtemps considéré que notre rôle
c’était de corriger les inégalités. Or, on le voit bien, on crée de la dépense
publique, mais on ne traite pas la cause du problème. La dépense publique n’est
pas une réponse de gauche, sinon Nicolas Sarkozy qui a aggravé le déficit de la
France serait premier secrétaire du PS. Etre de gauche, c’est faire des
réformes en amont.»
En ajoutant, un peu plus loin: «La concurrence est un moyen
pour la gauche de faire respecter l’égalité réelle.»
Le même jour, devant un parterre de chefs d’entreprise
réunis par le Medef, il prend les accents d’un John Kennedy (centriste) lors de
son intronisation comme président des Etats-Unis en 1961 pour leur dire, «Ne
vous demandez plus ce que votre pays peut faire pour vous car il fait
maintenant beaucoup – et je m’y engage, il continuera à le faire. Demandez-vous
ce que vous pouvez faire pour notre économie. Car vous pouvez beaucoup ».
Et de regretter dans la foulée des investissements pas la
hauteur, une montée en gamme trop faible et une reconnaissance au travail des
salariés souvent insuffisante.
Puis d’expliquer le partage des rôles: « Ma responsabilité
en tant que ministre de l’Economie, c’est de lever les blocages qui vous
empêchent d’embaucher, d’investir, de prendre des risques. Votre responsabilité
est de vous saisir de ce qu’il y a sur la table».
Avant de préciser: «Ensemble, nous devons prendre plus de
risques».
Alors, oui, évidemment, Emmanuel Macron n’a pas sa carte au
Mouvement démocrate et encore moins à l’UDI, si tenté que ce soit un brevet de
centrisme ces derniers temps.
Et même s’il est un social-libéral assumé, il fait partie
d’un gouvernement socialiste (même s’il n’est pas membre du PS).
Cependant, il est bien la preuve que les centristes ne sont
pas obligés de s’allier uniquement avec la Droite comme l’affirment
péremptoirement certains pour défendre leurs idées.
Car, entre certains membres de LR et les valeurs libérales-sociales centristes,
il y a manifestement une distance bien plus grande qu’entre celles de Macron et
le Centrisme.
Ses déclarations, en tout cas, vont bien dans le sens de
l’existence de cet axe central qui va d’Alain Juppé à Manuel Valls en passant par
François Bayrou.
Cela ne signifie nullement que cet espace politique trouvera
une unité à plus ou moins long terme.
Mais voilà sans doute une alternative dont la France aurait
grandement besoin pour se réformer, se moderniser, tout en demeurant fidèle à
une démocratie républicaine solidaire et tolérante.
Ce qui, en ces temps troublés, ne serait pas du luxe… mais
exigerait des hommes et des femmes politiques responsables ainsi qu’un peuple
tout aussi responsable!
Centristement votre.
Le Centriste