Où se positionnent l’UDI et le Mouvement démocrate?, telle est
la question qui va dominer l’espace centriste français en cette rentrée
politique.
La conclusion d’accords entre la Droite et les partis
centristes pour les régionales et les contestations internes plus ou moins
importantes qui s’en sont suivies (pétition de frondeurs à l’UDI peu suivie par
les militants, réprobation de nombreux militants de l’UDI et surtout du MoDem à
propos de l’alliance avec Laurent Wauquiez en région Rhône-Alpes-Auvergne)
s’inscrivent dans un débat plus large sur le positionnement des centristes et sur
ce qu’ils sont ou prétendent être.
Car la situation est bien problématique.
Pour exister en tant que forces politiques indépendantes,
l’UDI et le MoDem doivent être des partis à part entière ce qui nécessite un
positionnement politique clair ainsi que une capacité électorale certaine.
Or ces deux nécessités aujourd’hui se télescopent.
On le voit particulièrement bien avec le Mouvement démocrate
où le splendide isolement dans lequel l’a conduit jusqu’en 2014 François Bayrou
avec son obsession présidentielle, l’a quasiment fait disparaître de
l’Assemblée nationale et du Sénat.
Le tournant à 90° vers la Droite avec des accords électoraux
lors des municipales après la claque reçu par Bayrou en 2012 (score décevant à
la présidentielle puis perte de son siège de député), ont été un douloureux
réveil pour beaucoup de militants qui s’étaient battus dans des conditions
difficiles pour une réelle indépendance,, voire, pour certains, partis fondés
le Front démocrate depuis, pour une alliance avec le PS et les écologistes.
Le cas de l’UDI est quelque peu différent puisque même si le
mot «indépendants» est dans sa dénomination, la formation a regroupé dès sa
fondation des modérés de droite et de centre-droit venus de l’UMP et du Nouveau
centre pour la plupart soutiens de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012.
L’émancipation du grand frère droitiste souhaitée par son
fondateur, Jean-Louis Borloo, mais également par son actuel président,
Jean-Christophe Lagarde, s’est fracassée sur les querelles de personnes et la
volonté des notables du parti d’être des élus de la république à tout prix.
Et c’est tout naturellement vers l’UMP et désormais LR que
l’UDI s’est tournée pour étoffer le nombre de ses élus à tous les échelons
administratifs.
Mais ce sont surtout les accords pour les régionales qui ont
démontré la faiblesse des partis centristes.
Dans une élection à la proportionnelle où l’on peut se
présenter au premier tour sous sa propre bannière, afin de se compter, et
pouvoir s’allier pour le second, et l’UDI et le MoDem ont refusé de monter au
front chacun de leur côté ou unis entre eux.
En s’alliant systématiquement avec la Droite, les deux
formations ont acté leur impuissance actuelle à faire exister un Centre
indépendant.
La question qui se pose désormais n’est pas de savoir si, en
2017, l’UDI aura un candidat (cela semble de plus en plus exclu) ou si François
Bayrou aura une chance de l’emporter (la probabilité est proche de zéro) mais
comment peser sur l’alliance qui sera conclue avec LR.
Car comment «centriser» le projet politique et le programme
électoral si la Droite est sûre que le Centre n’a pas d’autres alternatives que
de s’allier avec elle?
Surtout si l’important sera d’aller chercher les électeurs
de l’extrême-droite.
Bien entendu, à 21 mois de la prochaine présidentielle, il
peut se passer beaucoup d’événements dans un sens ou dans l’autre.
De même, une rébellion de l’UDI et un pari de Bayrou ne
peuvent être exclus et pourraient changer la donne.
Pour cela, il faudrait que les circonstances politiques
soient favorables à un coup d’éclat (comme l’effondrement du Front national,
par exemple).
On peut y croire ou pas.
Mais, quel que soit la conjoncture politique au cours des
prochains mois, les centristes ont intérêt à dire qui ils sont et ce qu’ils
veulent, et si ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent les distinguent des
droitistes.
Ou à n’être que des auxiliaires de ces derniers.
Voilà bien leur première tâche.
Pas sûr qu’avec la campagne pour les régionales, ils s’y
astreignent.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
Directeur des études du CREC