John Kasich, 63 ans, le gouverneur de l’ Ohio, ne se définit
pas comme un centriste.
Néanmoins, il estime être «capable de changer quelques uns
des archétypes sur ce que signifie être un conservateur» et ceci par un
positionnement modéré mais également par des propos plus ouverts et plus
pragmatiques que ceux de ses concurrents à la candidature pour représenter le
Parti républicain à la présidentielle de 2016 dans laquelle il s’est lancé
récemment avec de bons sondages et des levées de fonds intéressantes même s’il
demeure derrière les gros candidats comme Trump ou Bush pour l’instant.
Pour autant, comme l’explique le New York Times, «Il n’est
pas exactement un modéré» car nombre de ses positions sont plutôt
conservatrices selon le quotidien qui cite, entre autres, son refus de taxer
les hauts revenus en matière de retraites et ses esquives face aux problématiques
du changement climatique mais aussi à celui de l’argent en politique.
Cependant, il n’est pas non plus sur les lignes dures du Tea
party, ni même sur celles de ses adversaires à la primaire tels Jeb Bush,
pourtant considéré par certains comme un conservateur modéré.
Parmi ses décisions hautement désapprouvées par la droite du
Parti républicain il y a son acceptation pour l’Etat qu’il dirige depuis 2010 –
après en voir été un représentant – de l’extension de Medicaid (programme pour
permettre aux plus démunis de se faire soigner) contenu dans la loi sur l’assurance-santé,
baptisée Obamacare, véritable cauchemar de tous les conservateurs américains.
En outre, il a démontré une capacité à travailler de manière
«bipartisane» avec les démocrates ayant été ainsi un des artisans des budgets
équilibrés et excédentaires de l’ère Bill Clinton, lorsqu’il était le président
de la puissante Commission sur le budget de la Chambre des représentants entre
1995 et 2001.
Bien évidemment, son positionnement modéré, voire centriste,
est un handicap pour les premiers mois de la campagne des primaires
républicaines où les militants se tournent traditionnellement vers les plus
radicaux et les plus partisans des candidats, voire les populistes démagogues à
la mode Trump.
En revanche, s’il parvient à demeurer dans la course et à ne
pas céder trop de terrain ou à en gagner, il peut devenir le candidat dont a
besoin le Parti républicain, celui qui réunit son camp tout en séduisant les «independents»
et un certain nombre de démocrates de droite.
Car rien ne prouve actuellement que la dérive de la
candidature de Donald Trump et les propos outranciers de candidats extrémistes
aura la peau de cet adage de Richard Nixon qui expliquait qu’il fallait se
présenter à droite durant les primaires puis se recentrer ensuite pour l’emporter,
qui a permis l’élection de tous les républicains à la Maison blanche depuis des
décennies et enterré politiquement tous ceux qui en ont fait fi.
Reste que devant les pressions qui se feront jour de la part
des radicaux du parti s’il est désigné comme le candidat républicain, il lui
faudra tenir sa ligne, voire même donner des gages aux centristes, ce que ni
John McCain en 2008, ni Mitt Romney en 2012 n’ont été capables de faire, la
rendant au contraire plus partisane.
C’est à ce moment là que l’on pourra dire que Kasich
représente cette espèce de républicain modéré qui est en voie d’extinction…
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC