Récemment, le New York Times a du s’expliquer dans ses
colonnes devant la hargne que ses journalistes mettaient à critiquer Hillary
Clinton et que nombre de ses lecteurs désapprouvaient, allant jusqu’à publier
des fausses nouvelles, remettant en cause son sérieux pourtant légendaire (cependant
parfois exagéré).
Mais le quotidien newyorkais ne fait que ce que font l’ensemble
des autres médias américains, de la critique systématique de la candidate à la
candidature démocrate pour l’élection présidentielle de 2016.
La presse d’ailleurs n’est pas la seule à s’acharner.
Tous les jours une nouvelle «affaire» est montée en épingle,
sensée démontrer l’inaptitude, la malhonnêteté, la corruption, la trahison et
bien d’autres défauts d’Hillary Clinton et qui retombent aussitôt comme des
soufflets.
Mais ce tourbillon incessant a bien sûr des conséquences
dans l’opinion publique avec des sondages, même s’ils font d’elle encore la
favorite pour l’élection, en baisse et une confiance qui lentement s’érode.
La campagne au profil bas de l’ancienne première dame du
pays joue également en sa défaveur puisqu’elle semble donner raison à toutes
ses attaques alors qu’elle était élaborée, justement, pour ne pas prêter le
flanc à cette entreprise de démolition méthodique qu’elle avait déjà connue d’une
certaine façon en 2008 face à Barack Obama en n’intervenant que à propos et
sans polémiques, ce qui définitivement ne semble plus pouvoir être le cas aux
Etats-Unis et ailleurs.
D’autant que cette entreprise, comme c’est l’habitude
lorsque l’on s’attaque à un centriste aux Etats-Unis et ailleurs, vient de la
droite et de la gauche, chacune la décrivant comme faisant partie du camp de l’autre
tout en critiquant ses positions équilibrées.
Elle pâtit également de la montée de l’électoralisme démagogique
et de l’extrémisme intolérant que l’on constate depuis le début du deuxième
millénaire dans la plupart des démocraties.
Ainsi, pour 2016, au-delà même des candidats radicaux et
extrémistes, deux personnages déplacent les foules: Donald Trump (républicain),
le populacier de droite, et Bernie Sanders (socialiste affilié au parti démocrate
au Sénat), celui de gauche, aux slogans démagogiques et aux dangereux accents exaltés,
voire enragés, sans oublier le fameux «tous pourris sauf moi» qui marche
spécialement bien auprès d’un certain électorat.
C’est le fort écho qu’ils recueillent dans la population qui
est préoccupant même si personne ne croit qu’ils pourraient s’affronter dans l’élection
générale comme le représentant des deux grands partis et que l’un d’eux se
retrouve in fine à la Maison blanche.
De même, ce n’est pas la première fois que l’on a de tels
candidats.
Barry Goldwater – le modèle de Ronald Reagan – dans les
années 1960 pour les républicains et George McGovern pour les démocrates dans
les années 1970 étaient de la même veine.
Dans ce contexte, Hillary Clinton, la favorite et la plus
sérieuse des candidats, est le punching-ball préféré de tous ceux qui veulent
un changement profond sans souvent savoir quoi mettre dans celui-ci mais qui
vont s’en prendre à la voix de la raison.
On dirait qu’elle attire tous les mécontentements et les
inquiétudes mais aussi toutes les paranoïas et les thèses complotistes contre
ce fameux «establishment de Washington» qui confisquerait soi-disant le pouvoir
rien que pour ses propres intérêts alors que rien ne vient démontrer qu’elle en
fait partie, ni qu’elle a jamais privilégié ce monde-là dans son parcours
politique.
En réalité, c’est bien parce qu’elle refuse d’entrer dans
une logique clientéliste particulière qu’elle est la cible de tous les
clientélismes.
Barack Obama avait réussi à surpasser cet écueil réel en
2008 en se présentant comme le candidat du changement alors même qu’il
professait clairement des thèses centristes, ce que la gauche du Parti
démocrate ne lui a jamais pardonné par la suite, alors qu’elle s’était trompé
elle-même dans son exaltation du Grand soir.
Mais il était nouveau et pouvait jouait sur cette image d’ingénu
de la politique pour l’emporter.
Hillary Clinton ne peut évidemment pas faire de même.
Il est à espérer pour les Etats-Unis mais aussi pour notre monde
mondialisé que le débat se centrera bientôt sur les vraies questions et
abordera les vrais défis que la première puissance va devoir relever dans les
prochaines années et les prochaines décennies.
Là où Clinton a des réponses.
Mais où ses adversaires n’ont pas l’air pressés d’aller…
Alexandre Vatimbella avec
l’équipe du CREC