Laurent Wauquiez est un homme politique dont l’ambition
démesurée n’est guère différente de celles de beaucoup d’autres de ses coreligionnaires.
Son cas n’intéressait jusque là la sphère centriste que par
son double-jeu face à Jacques Barrot dont il est le successeur comme député de
la Haute-Loire, dans une circonscription historiquement au centre.
Pour obtenir ce siège, il se présenta comme un modéré et
reçu l’onction de Barrot (qui s’en mordit les doigts un peu tard) alors que son
positionnement politique en fait un homme, si ce n’est proche, en tout cas très
sensible aux thèses de l’extrême-droite et du Front national.
Peut-être que sa couleur politique d’aujourd’hui est aussi
fausse que celle d’hier.
Mais, peu importe qu’il soit un opportuniste aux dents qui
rayent le parquet.
Ce qui nous intéresse ici c’est que les dirigeants
centristes dans une unanimité touchante avaient décidé de ne pas s’allier avec
l’homme pour les élections régionales en relevant des incompatibilités de
valeurs rédhibitoires.
Puis dans un même élan unanime tout aussi touchant, ils se
sont alliés avec lui…
Pour quoi?
Pour quelques élus régionaux.
Rappelons des déclarations bien embarrassantes aujourd’hui.
Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, affirmait il y
a encore peu que Laurent Wauquiez a des positions «si antieuropéennes et
‘cryptolepénistes’» et il dénonçait sa «droitisation extrême».
Il avait également déclaré qu’il y aurait une liste UDI face
à Wauquiez lors des régionales.
François Bayrou, président du MoDem, expliquait que «la
candidature de Laurent Wauquiez n’est pas compatible avec nos valeurs» et
jurait que son parti présenterait une liste, soit commune avec l’UDI, soit
autonome.
Il n’en a rien été.
Vendre ses valeurs et ses idées, même pour une
présidentielle ou des législatives, est la négation ultime de l’honnêteté et de
la conviction politiques.
Ce qui est particulièrement préoccupant dans cette affaire
est que le revirement total, la réddition en rase campagne des partis
centristes se sont faits pour une élection aussi peu cruciale que les
régionales, là où il est si facile de dire non parce son enjeu est d'une importance relative.
Rien ne peut justifier cette alliance.
Nombre de militants de l’UDI et du MoDem n’ont pas compris.
Ce qui a obligé François Bayrou à dire que le cas serait
définitivement tranché à la rentrée, faisant une nouvelle volte-face.
Qu’est-ce que les Français peuvent en penser?
Que les centristes disent beaucoup de choses mais ne
tiennent pas leurs engagements, même s’il s’agit de leurs valeurs et de leurs
convictions.
Et les électeurs du Centre de constater que la propension
des dirigeants de l’UDI et du MoDem à défendre leurs idées est bien faible.
Quant aux partis de droite, de gauche et d’extrême-droite,
ils peuvent se frotter les mains: ce n’est pas avec de tels centristes qu’ils
vont voir leur domination sur la vie politique française actuelle en danger.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC