ça y est, nous
y sommes!
Les discussions de marchand de tapis (que le site Le
Centrisme évoquait récemment) entre LR (Les Républicains) et l’UDI sont entrées
dans une nouvelle phase, celle de l’intimidation à la mode Sarkozy.
Si l’on en croit les indiscrétions venues des membres des
instances du parti de droite, son président veut dorénavant lier les demandes
de Jean-Christophe Lagarde, c’est-à-dire trois présidences de région, à des
exigences de soumission et à une allégeance totale, non seulement, lors des
régionales mais, bien évidemment lors de la présidentielle.
On reconnait bien là la patte particulière de Nicolas
Sarkozy.
Ainsi, il donnera gain de cause à Lagarde si les trois
candidats UDI à la présidence d’une région (Hervé Morin, François Sauvadet,
Philippe Vigier) s’engagent à soutenir la primaire des Républicains et si les
listes d’union dans les régions où ils seront tête de liste sont très
majoritairement composées de candidats de droite et très minoritairement de
ceux du Centre.
L’«intransigeance» dont monsieur Lagarde se targuait ainsi
que sa capacité à résister aux pressions de Nicolas Sarkozy risquent bientôt de
ressembler au sketch de l’arroseur arrosé…
D’une part, parce que Sarkozy n’est pas stupide et il
sait que les trois candidats sont prêts à tout pour devenir têtes de liste.
De plus, ce sont loin d’être des proches de Jean-Christophe
Lagarde, c’est même un euphémisme, et ils ont déjà appelé à un ralliement de
l’UDI aux Républicains pour la présidentielle de 2017.
On peut donc supposer qu’ils seront d’accord pour accepter
sans broncher les désidératas sarkozystes et qu’ils sauront mettre la pression
qu’il faut sur le président de l’UDI pour qu’il plie.
D’autre part, parce que Jean-Christophe Lagarde devant de
telles conditions se retrouvera au pied du mur où, face à l’acceptation de ses
demandes, il devra montrer, qu’en retour, il est prêt à un compromis avec LR ou
à prendre désormais l’énorme pari d’aller seul aux régionales avec
pratiquement aucune chance de remporter une présidence de région et de
s’aliéner encore plus une partie de sa propre formation.
Mais aussi parce qu’en acceptant que ses candidats aux
régionales s’engagent dans le processus de la primaire, Jean-Christophe Lagarde
introduira lui-même le loup LR dans la bergerie UDI pour 2017, ce qui ravira à
n’en pas douter ses opposants en interne, au premier chef Hervé Morin et
François Sauvadet!
A trop avoir voulu jouer au Machiavel de la négociation, le
président de l’UDI s’est de lui-même engagé dans un chemin où le rebrousser
apparaîtrait comme une défaite cinglante.
Et tout cela, rappelons-le, sans qu’aucune discussion
politique sur un programme ou un projet n’ait eu lieu et donc qu’on ne sache
absolument pas sur quoi sont d’accord les deux formations et sur quoi porte
leurs désaccords en la matière.
Voilà qui pourrait bien de se terminer comme la fable:
Une Grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : «Regardez bien, ma sœur;
Est-ce assez? dites-moi; n'y suis-je point encore?
- Nenni. - M'y voici donc? - Point du tout. - M'y voilà?
- Vous n'en approchez point.» La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
A monsieur Lagarde de faire mentir monsieur de La Fontaine…
Centristement votre.
Le Centriste