De semaines en semaines, d’interviews en interviews, Hervé
Morin continue à jouer contre l’UDI. Ce qui était au départ une petite musique
est devenu avec le temps une véritable musique militaire avec cymbales et
grosse caisse.
Les divers commentateurs ne s’y trompent pas qui parlent de propos
qui sentent le renoncement et la défaite programmée en 2017.
Tout le monde sait que le député de l’Eure et ancien
ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy espérait se voir en haut de l’affiche
de l’UDI en succédant à Jean-Louis Borloo à la tête de la confédération de
centre-droit.
Malheureusement pour lui, il a été battu par Jean-Christophe
Lagarde, son ennemi intime et, pire pour lui, plutôt à la loyale.
Dès lors, le gros challenge pour lui est de continuer à
exister, ce que nous avions déjà pointé dès sa défaite.
Il a choisi – en demeurant un pied dans l’UDI, un pied en
dehors – de mener sa bataille de l’intérieur du parti en tentant d’organiser
l’opposition à la direction mais aussi de l’extérieur en se réfugiant au
Nouveau centre, formation dont il est le président et qui fait partie de la
confédération qu’est l’UDI.
Sa stratégie est de s’opposer à tout ce qui dit ou fait
Jean-Christophe Lagarde sans se poser la question de la cohérence globale de sa
démarche et, plus grave, de l’image que cette dernière renvoie de l’UDI.
Ainsi, il s’est proposé, en tant que président du Nouveau
centre d’aller négocier directement avec Nicolas Sarkozy pour organiser
ensemble la primaire de la Droite et du Centre avant que Jean-Christophe
Lagarde ne lui rappelle que le Nouveau centre faisait partie de l’UDI et que c’était
à lui, le président de celle-ci, de mener les discussions avec l’UMP…
Cela n’a pas découragé Hervé Morin dans sa fronde.
Dès qu’un micro se tend vers lui, il explique que l’UDI n’a
aucune chance à la prochaine présidentielle, qu’elle ne doit pas avoir de
candidat issu de son sein, qu’elle doit participer à la primaire de l’UMP et
qu’elle doit soutenir une personnalité de droite.
Le problème n’est pas qu’il ait raison ou tort mais bien
qu’il joue contre l’UDI alors même qu’il en est membre.
Combien de temps pourra-t-il continuer ce numéro
d’équilibriste? Jusqu’à un faux pas de Jean-Christophe Lagarde? Jusqu’à une rébellion
organisée des opposants de ce dernier à l’UDI dont il pourrait prendre la tête pour
conquérir la présidence ou pour aller fonder autre chose, ailleurs?
Il espère sans doute quelque chose comme ça.
Mais, en attendant, de déclarations en déclarations, il
déconsidère l’UDI qui apparaît comme un rassemblement peu rassembleur, comme un
parti pas très crédible où on se tire dans les pattes plutôt que de construire
un projet et un programme politique mais surtout où certains ne croient même
pas en son avenir indépendant alors même que le terme «indépendants» fait
partie de son appellation!
Surtout, pour son devenir personnel, sa démarche commence à
interpeller et son entreprise de démolition pourrait se retourner, in fine,
contre lui.
En tout cas, s’il continue ainsi, il lui faudra, à un moment
ou à un autre, pas si éloigné que cela, procéder à une réelle clarification et
un réel choix.
C’est peut-être cela qu’il craint le plus pour avenir
politique.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC