Non, les tenants d’un égalitarisme à tout crin, ce n’est pas
vrai qu’il y a sept milliards de Thomas Edison, de Steve Jobs ou de Louis
Pasteur dans le monde et que la société ne doit pas récompenser ceux qui
inventent et prennent des risques.
Non, les défenseurs d’un laisser-faire sans états d’âme, il
n’est pas acceptable de laisser un être humain mourir dans le caniveau au titre
qu’il l’aurait mérité ou que cela est dans l’ordre des choses.
C’est la raison pour laquelle les centristes défendent une
véritable méritocratie solidaire qui ne rougit pas de récompenser ceux qui
réussissent et ne se cachent pas la tête dans le sable afin d’éviter d’aider
ceux qui souffrent.
Car le but de la société est de permettre à chacun d’avoir
la possibilité d’être qui il veut et d’apporter ses capacités à la communauté.
Mais la raison pour laquelle les hommes et les femmes font
société est aussi que la communauté n’abandonne pas ceux de ses enfants qui
sont dans la détresse.
Oui, chacun de nous possède son individualité dont Max
Stirner estimait qu’elle était plus importante que la liberté parce qu’elle fait
de nous ce que nous sommes.
Cette différence irréductible dès la naissance, se
complexifie chaque jour que nous vivons et des expériences auxquelles nous
sommes confrontés.
C’est cette individualité qui produit des inventeurs, des
innovateurs, des entrepreneurs.
Et l’on doit donner leur véritable chance à tous ceux qui
ont ces capacités pour qu’ils puissent réussir.
Pour eux et leur accomplissement personnel, bien entendu,
mais aussi pour tout ce qu’ils apportent à la société et à son bien-être
économique, social et sociétal.
Cette individualité produit également tout sorte de
personnalités chacun ayant sa différence irréductible mais sans en faire, quoi
qu’il arrive, des parias de la société.
Ainsi, ceux qui n’ont pas pu saisir cette chance de réussir leur
existence pour des raisons qui sont souvent en dehors de leur volonté, parfois
parce qu’ils ont manqué à leurs responsabilités ou de discernement, ceux-là
doivent être aidés pour redevenir capables de prendre leur destin en main (et
non pour demeurer a priori des assistés à vie).
La méritocratie solidaire – permettre à chacun de réaliser
effectivement toutes ses potentialités et protéger celui qui se retrouve à un
moment donné dans la difficulté – est le meilleur système qui a permis les
avancées technologiques, la croissance économique mais aussi le développement d’une
protection sociale largement efficace.
Non pas qu’il soit moral mais il est vertueux au sens où il
est celui qui permet la plus grande efficacité possible dans un régime
démocratique et républicain.
Cette efficacité se décline évidemment en un progrès de la
société qui rejaillit sur tous ses membres.
On comprend aisément pourquoi il en est ainsi de la
méritocratie.
D’une part, cela permet à la collectivité de bénéficier des
qualités des meilleurs.
D’autre part, cela permet une insertion de ces meilleurs
dans la société alors que, de par leur naissance ou les circonstances de leur
existence, ils auraient pu s’en retrouver exclus avec tout ce que cela peut
comporter de dangers de déstabilisation pour la communauté.
Mais il en est de même de la solidarité parce que celle-ci,
au-delà même de son aspect moral, assure une cohésion et une paix sociales,
permettant souvent de réintégrer dans la communauté ceux qui pourraient, à un
moment donné, en sortir et dont, les potentialités peuvent être grandes pour la
société tout entière si on les laisse exprimer leur mérite.
Car ni la méritocratie, ni la solidarité ne sont
essentielles moralement pour la société – ce qui peut être le cas pour
l’ensemble des individus qui la compose – mais bien parce qu’elles sont
efficaces en terme d’organisation sociale.
Dans une société humaniste, gérée par le principe du juste
équilibre, cette société dont les centristes sont les ardents défenseurs,
l’harmonie ne se fera que si personne ne se retrouve bridé de ses capacités et
que si personne ne se retrouve oublié en chemin.