Le tripartisme – et non une tripolarisation comme certains
l’affirment – qui est sorti du premier tour des élections départementales (puis
confirmé par les résultats du deuxième tour) et qui vient après la victoire du
FN aux élections européennes; le «ni-ni» prônée par le président de l’UMP alors
que son principal opposant à l’intérieur du parti est un adepte du désistement
républicain, tout comme le premier ministre actuel mais qui n’a pas convaincu
l’ensemble des électeurs socialistes, loin de là; l’existence des frondeurs au
PS qui lorgnent plus sur une alliance avec le Front de gauche qu’avec les
centristes alors qu’à l’UMP certains trouvent que le FN n’est pas aussi
infréquentable et le mot «centriste» plutôt une moquerie voire une insulte:
tout ce que je viens de dire et d’autres choses encore concourent à la création
à terme d’une tricoalition (qui alors sera l’expression d’une tripolarisation
droite-centre-gauche pour faire simple) qui aurait l’immense mérite, dans une
démocratie comme la France, d’insuffler de la cohérence et de la clarification
dans le débat politique et dans les choix de société au profit et dans le
respect des citoyens-électeurs.
Ainsi, il semble aujourd’hui cohérent de réunir la droite
dure et radicale de l’UMP (ainsi que de groupuscules issus de celle-ci comme
celui de Nicolas Dupont-Aignan) avec le Front national, les frondeurs
socialistes avec le Front de gauche et les sociaux-libéraux du PS (et ceux des
Radicaux de gauche et une partie des écologistes) avec les libéraux-sociaux du
Centre et les gaullo-réformistes de l’UMP.
Mais il ne s’agit pas – encore ou jamais? – de créer trois
nouveaux partis mais bien d’un paysage politique à triple coalition sachant
que, pour l’instant, ces nouveaux blocs ne sont pas monolithiques même s’ils
ont assez de convergences internes pour être, chacun, une alliance électorale
où ses composantes partagent de nombreux points de vue identiques sur la
politique à mener.
Si la gauche du PS garde des différences avec le Front de
gauche tout comme la droite dure de l’UMP avec le Front national, leur
proximité dans nombre de domaines et sur des questions précises est évidente,
en tout cas plus évidente que la proximité avec les ailes modérées des mêmes
partis.
Quant aux sociaux-libéraux du PS et aux gaullo-réformistes
de l’UMP, ils sont capables de trouver des points de convergence pour un
programme de gouvernement avec la nécessaire présence des libéraux sociaux du
Centre qui en sont le lien obligé, tout en gardant entre eux de notables
différences.
Cette nouvelle architecture politique aurait le mérite de la
clarification et d’éviter les grands écarts ridicules auxquels plus aucun
électeur ne croit réellement lorsqu’un Nicolas Sarkozy ou un Manuel Valls
prétendent s’adresser à toute la droite ou à toute la gauche républicaines
alors que les différentes composantes de celles-ci ne partagent plus,
concrètement, les mêmes objectifs, ni les mêmes références politiques et,
parfois, les mêmes valeurs.
En outre, cela éviterait aux centristes de devoir critiquer
les bonnes mesures venues des sociaux-libéraux de gauche tout en actant leur
vraie proximité – et non seulement électorale – avec cette partie de la droite
réformiste sans pour autant accepter à contrecœur le discours de la droite
radicale conservatrice.
D’aucuns prétendront que cette nouvelle donne politique sera
difficile à mettre en œuvre.
C’est fort probable que si elle accouche, ce sera dans la
douleur.
Mais si l’on regarde ce qui se fait à l’étranger
actuellement, on assiste de l’Espagne à la Grèce en passant par l’Italie mais
aussi en Allemagne ou aux Pays Bas à des bouleversements dans le paysage
politique du même ordre que celui qui se dessine en France sans que l’on sache
exactement s’ils iront jusqu’au bout et/ou s’ils seront durables.
D’autres estimeront que la présence d’éléments modérateurs
au PS et à l’UMP est préférable à des blocs plus radicaux tant à droite qu’à
gauche.
C’est vrai que ces modérés du PS et de l’UMP empêchent
souvent ces deux partis de dériver vers la radicalité dure et de défendre des
positions idéologiques extrêmes, démagogiques, populistes et clientélistes.
Néanmoins, l’on peut voir cela différemment en estimant que
les deux radicalités qui existent tant à l’UMP qu’au PS seraient, dans le cas
de la tricoalition, des éléments modérateurs s’ils s’alliaient (et non se
fondaient) avec le Front national et le Front de gauche, permettant au débat
démocratique d’y gagner en transparence et en rationalité, ce qui serait un
plus pour les citoyens et les électeurs.
Reste que transparence et rationalité, cohérence et
clarification ne sont pas des qualités naturelles du débat politique…