Le «ni-ni» façon Nicolas Sarkozy – ni désistement pour PS,
ni pour le FN, deux partis mis sur un même pied – tourne tout aussi le dos aux
valeurs de la démocratie et de la république que le «désistement républicain» à
la sauce Manuel Valls – pourfendant tous ceux qui refusent sa sélectivité entre
les partis à vocation totalitaire – qui fait du Front national son unique obsession
en la matière tout en oubliant fort opportunément que le PS continue ses
alliances avec un Parti communiste, comme c’est le cas, par exemple, à Paris,
qui n’a pas tourné le dos à ses «combats révolutionnaires et
internationalistes» ainsi qu’à sa fidélité aux «anticipations de Marx», comme il
est écrit dans ses statuts, ceux-ci et celles-là ayant abouti dans l’histoire à
des dictatures dont les tristes héros se nomment Lénine, Staline, Trotski, Mao,
Pol Pot et quelques autres dont les régimes de terreur ont remplis les
cimetières plutôt que développer une quelconque fraternité humaine.
Le vrai «ni-ni», démocratique, républicain et humaniste, le
véritable «désistement républicain» sont ceux qui viennent directement de la
vision du Centrisme et de son principe moteur, le juste équilibre.
C’est le barrage responsable et sans concession à tous les
extrémismes qui se battent contre la démocratie républicaine libérale.
Le communisme léniniste et son avatar le trotskisme (sans
parler du maoïsme) sont deux pensées totalitaires et criminelles tout comme le
sont le fascisme et le nazisme et leurs avatars (franquisme, salazarisme,
pétainisme, etc.).
Au nom de quoi, même en comparant le nombre de morts que les
tenants de ces idéologies de l’exclusion et de la stigmatisation de l’autre,
celui qui ne pense pas comme vous, celles d’extrême-droite seraient puantes et
infréquentables et celles d’extrême-gauche seraient démocrates et
républicaines?
Même en expliquant que l’extrême-droite est le lieu de
rassemblement des haineux tandis que l’extrême-gauche est celui des envieux, in
fine, les idéologies développées par ces deux ennemies de la démocratie
libérale aboutissent à éliminer le déviant (selon leurs critères, évidemment)
après avoir supprimé sa liberté et son droit à la réussite individuelle ainsi
que sa pensée a-normale (toujours selon leurs critères) et son refus de se
plier aux dogmes de leurs vérités mortifères.
En s’alliant aux démocraties pendant la Deuxième guerre
mondiale après avoir signé un pacte avec Hitler, Staline a réussi le tour de
force de donner une respectabilité de façade au communisme qui, rappelons-le,
dès sa création par Marx et Engels, sur les traces de Babeuf et en s’inspirant
de Rousseau, a été dénoncé par les penseurs les plus lucides, tel Proudhon,
comme étant une idéologie criminelle et liberticide dans son essence même.
Dès lors, les forces démocrates et républicaines doivent
dire non à ces deux extrêmes.
L’indignation du PS vis-à-vis du FN mais aussi vis-à-vis des
attitudes parfois conciliantes de la Droite vis-à-vis de cette formation ainsi
que le discours moral qu’il débite serait nettement plus crédibles s’il
l’appliquait également à l’extrême-gauche, ce qui n’est pas le cas.
Le «ni-ni» et de le «désistement républicain» centristes,
c’est donc faire barrage aux extrêmes d’où qu’ils viennent en votant pour les
partis républicains quels qu’ils soient lorsqu’une élection oppose un parti
extrémiste à un parti républicain au-delà des alliances électorales du moment.
Le seul moment où le bulletin blanc est de rigueur, où le
«ni-ni» centriste s’applique lors d’un duel, c’est lorsque celui-ci oppose
l’extrême-droite à l’extrême-gauche.
Mais pour que ce «ni-ni» et ce «désistement républicain»
fonctionnent de manière honnête, transparente et avec une totale efficacité
(notamment en convaincant les électeurs qu’il n’y a qu’un poids et qu’une
mesure), il ne doit souffrir aucun faux-semblant et hypocrisie.
Si l’affirmation de Nicolas Sarkozy selon laquelle le PS et
le FN sont deux partis que l’on peut mettre sur le même plan est une
hypocrisie, les cries d’orfraie de Manuel Valls le sont tout autant alors que
son parti gouverne ici ou là avec le Parti communiste.
Dans cette histoire, on ne peut que saluer la position de
Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI et demander à tous les
centristes de l’appliquer systématiquement lors de toutes les élections en
oubliant les petits calculs personnels et politiciens.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC