On ne peut comprendre la stratégie d’alignement et
d’alliance quasi-systématique de l’UDI et du Mouvement démocrate sur et avec
l’UMP pour les élections départementales dont le premier tour a lieu ce
dimanche 22 mars, que dans le cadre d’une recherche par les partis centristes
de la plus grande efficacité possible afin d’avoir le plus grand nombre d’élus.
Ainsi, sur 700 candidatures UDI, seules 127 sont labellisées
que du parti.
Et sur 342 candidatures MoDem, une cinquantaine sont
étiquetées uniquement Mouvement démocrate.
Ce qui fait que les candidatures exclusivement UDI ou
Mouvement démocrate représentent moins de 10% des cantons.
Une arithmétique qui se veut réaliste mais qui pose
problème.
Les partis centristes veulent reconstituer leurs réseaux
d’élus locaux respectifs (très bas à l’UDI malgré la présidence de 13 Conseils
généraux, famélique au MoDem) mais veulent également profiter pleinement de la
probable déconfiture du PS et de l’impossibilité du FN d’avoir de nombreux élus
malgré son bon score du premier tour (aux alentours de 30% dans les sondages)
pour gagner de très nombreux sièges supplémentaires.
Evidemment, cela ne se fait guère sur un programme commun
entre l’UMP, l’UDI et le Mouvement démocrate et cela ressemble plus à de la
cuisine électorale qu’à une vision commune de la gestion des départements.
Néanmoins, pour atténuer ce malaise, on pourrait dire la
même chose de tous les partis qui présentent des candidats aux départementales
Mais si ce n’est qu’une explication et pas une excuse…
Et même si les enjeux locaux existent et qu’il ne s’agit pas
uniquement de comptabilité cynique.
Pour autant, ces élections démontrent par l’absurde
l’absence totale de ligne et de projet politiques des partis centristes, aucune
discussion de ce type n’ayant eu lieu entre eux ou entre eux et l’UMP.
A part avoir le plus d’élus possibles, on est d’accord pour
être contre le PS mais même pas pour faire barrage au FN (puisque les
désistements face à un duel PS-FN ne seront pas systématiques et varieront
selon les partis).
Les leaders centristes affirment que cette alliance avec l’UMP
démontre que le parti de droite ne peut gagner sans les centristes et que
ceux-ci disposent donc d’une capacité de faire pression sur celui-ci pour faire
avancer leurs thèses et leurs candidats.
En revanche, les leaders de la droite expliquent qu’il
s’agit d’un ralliement pur, simple et naturel de ces centristes qui penchent à
droite et qui ne sont donc qu’à leur place dans une alliance dirigée par l’UMP.
Quelle que soit la bonne explication, force est de
reconnaître que l’UDI et le Mouvement démocrate ont été incapables d’aller
seuls et unis au sein de l’Alternative – au fait, où est-elle cette
«organisation coopérative entre les deux partis?! – à la bataille des
départementales.
Cette donc à une sorte de vassalisation de fait de l’UDI et
du Mouvement démocrate envers l’UMP que l’on assiste – une fois de plus – et
elle pose bien des questions sur la capacité des partis centristes à avoir une
réelle indépendance sauf de façade.
Tout le travail de Jean-Christophe Lagarde (UDI) et de
François Bayrou (MoDem) est de prouver le contraire au-delà de discours
lénifiants et peu convaincants parce que contredits systématiquement par les
faits.
Ils ont encore deux ans pour persuader les Français d’une
réelle indépendance du Centre ou de leur volonté d’y parvenir, ce qui n’a rien
d’une évidence aujourd’hui car cela suppose prendre des risques et avoir du
courage, tout ce qui manque dans leur positionnement lors de ces
départementales.
Les élections régionales qui auront lieu à la fin de cette
année seront peut-être un moment de plus grande indépendance grâce au scrutin
proportionnel.
Mais les centristes français demeurent pour l’instant
dépendants de la droite pour avoir des élus dans la plupart des élections.
Au risque de n’exister que par elle.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC