François Bayrou affirme jouer la carte Alain Juppé pour
2017.
Il vient encore de le répéter à la télévision en estimant
que l’ancien premier ministre de Jacques Chirac est «pour l’heure», le meilleur
candidat pour la prochaine présidentielle.
Evidemment, beaucoup n’en croient pas un mot et Bayrou,
lui-même, a déjà déclaré publiquement ainsi qu’en privé qu’il pensait que Juppé
ne serait pas investi par l’UMP, ce qui lui permettrait d’y aller.
De plus, l’effet Juppé pourrait également faire «pschitt!»
comme ce fut le cas, par le passé, pour de nombreux favoris des médias et des
sondages.
Enfin, rien ne dit que le programme électoral de Juppé sera
Bayrou-compatible.
Mais il est un élément essentiel qui milite en faveur d’une
candidature Bayrou quoi qu’il arrive: son entrée dans l’histoire.
Pour le président du Mouvement démocrate, la seule façon d’y
tenir la place qu’il estime être la sienne, est de passer par la case Elysée.
Sinon, que restera-t-il de son parcours politique?
Un passage au gouvernement comme ministre de l’Education, un
poste député des Pyrénées-Atlantiques et d’avoir été le maire de Pau.
De même, avoir été président de l’UDF puis du Mouvement
démocrate.
Ainsi que l’auteur de quelques livres.
Et évidemment d’avoir été trois fois candidats à la
présidentielle avec une troisième place en 2007.
Beaucoup s’en contenterait mais pas François Bayrou.
D’abord parce que son passage gouvernemental n’a guère
laissé de souvenirs marquant.
Idem pour sa présidence de l’UDF qui a fait passer le parti
de près de 150 députés à trente et sa présidence du Mouvement démocrate où il
n’a pu réussir mieux que d’avoir trois députés.
Ensuite parce que l’homme a des ambitions plus élevées et
veut peser sur le devenir de son pays, ce qui n’a pas encore été le cas.
Et la seule façon pour lui d’y parvenir, c’est la présidence
de la république, véritable obsession au même titre que pour d’autres hommes et
femmes politiques, qui lui donnera, pense-t-il, la possibilité de réaliser de
grandes choses à la manière d’un De Gaulle, son modèle, dans une période
délicate et cruciale pour le pays, selon lui.
Alors, aujourd’hui, Alain Juppé est à la fois celui qui peut
lui permettre de retrouver des ambitions (pourquoi ne pas être, en effet, le
premier ministre d’un président Juppé?) mais aussi celui qui est en train de
les brider en l’empêchant de réaliser son destin, celui qu’il croit avoir.
Dans ce schéma un tant soit peu schizophrène, François
Bayrou table tout autant sur la victoire de Juppé que sur sa défaite…
Drôle de tandem où l’un (Juppé) a, à la fois, besoin du
soutien de l’autre (Bayrou) tout en le minimisant continuellement, et l’autre a
l’espoir, à la fois, que son partenaire soit assez fort pour aller jusqu’au
bout de son aventure et qu’il en soit empêché.
Il y a vraiment des amitiés bien bizarres dans la politique…
Centristement votre
Le Centriste