Les centristes ont une philosophie politique qui réfute
l’affrontement aveugle entre deux camps retranchés, l’un à droite et l’autre à
gauche, et qui refuse la posture idéologique qui veut que tout ce qui vient
d’un camp avec lequel on n’est pas allié électoralement soit mauvais par
définition.
Et pourtant, c’est bien de cette manière, idéologique et
partisane, que les centristes ont agi face à la loi Macron de modernisation de
l’économie française puis dans leur ralliement à la motion de censure présentée
par l’UMP après le déclenchement de la procédure du vote bloqué (le 49-3) par
Manuel Valls.
Les quelques francs-tireurs qui avaient décidé de voter la
loi Macron ne peuvent cacher l’opposition frontale de l’UDI à ce texte,
opposition exprimée bien avant les débats par Jean-Christophe Lagarde, son
président, et qui n’est en rien justifiée sauf si l’on se base sur une logique
politicienne et idéologique.
La logique politicienne est, en l’occurrence, de ne pas
frayer avec ses opposants avant une élection, fusse-t-elle uniquement
départementale.
La logique idéologique est de contester par des arguments
ridicules une loi qui va dans la direction que l’on souhaite.
Affirmer sans rire par exemple que cette loi n’allait pas
assez loin pour ne pas la voter est une escroquerie intellectuelle.
Depuis quand refuse-t-on de voter pour des dispositions qui
vont dans le bon sens parce qu’elles ne seraient pas parfaites?
Si c’était le cas, aucune loi ne devrait être votée par les
centristes!
Ce qui est le plus désolant dans l’affaire, c’est le manque
de courage des centristes et leur totale inféodation à l’UMP.
Ils avaient là une occasion de montrer que le Centre ce
n’est, non seulement pas la Gauche, mais pas la Droite non plus.
En votant cette loi (puis en ne s’associant pas, ensuite, à
la motion de censure à propos de cette loi), ils pouvaient montrer que ce qui
les animait, était la recherche de bonnes mesures pour l’économie française.
Une attitude toujours récompensée par les Français.
Si les centristes veulent réellement créer une troisième
force qui sera capable d’être majoritaire ou l’élément majeur d’une nouvelle
majorité, ce n’est pas en agissant de la manière qu’ils ont choisie, qu’ils y
parviendront.
Dans ce cas précis, il n’était même pas question de
chambouler l’échiquier politique, de renverser des alliances, de créer une nouvelle
république.
Il s’agissait seulement de dire oui à de bonnes mesures sans
que cela n’ait aucune autre répercussion de quelque sorte.
Cela ne nécessitait pas beaucoup de courage d’autant que l’UMP,
à qui l’on prête d’avoir fait subir des pressions aux députés centristes qui
voulaient voter pour la loi Macron, n’a aucun intérêt à intimider le Centre
dont elle a un impératif besoin en vue des prochaines échéances électorales
importantes.
Malheureusement les centristes n’ont pas pu avoir cette dose
infime de vaillance pour défendre leurs idées avec dignité.
C’est vraiment dommage d’avoir manqué cette occasion.