Selon les derniers pointages, un tiers des députés UDI aurait
voté en faveur de la loi de modernisation de l’économie (dite «loi Macron» du
nom du ministre de l’économie), un tiers se serait abstenu et un tiers aurait voté
contre.
Les dispositions de ce texte allaient globalement dans le
sens des positions de l’UDI et le parti centriste, partagé entre ceux qui
refusent un sectarisme intransigeant et politicien et ceux qui préfèrent jouer
le jeu de l’opposition à tous prix, était divisé.
Mais dès que l’UMP a décidé de déposer une motion de censure
après que Manuel Valls ait indiqué qu’il utiliserait l’article 49-3 (vote
bloqué) pour faire passer cette loi, l’UDI s’est empressée de déclarer qu’elle
s’y associerait par l’entremise du président de son groupe à l’Assemblée
nationale, Philippe Vigier.
Et il ne devrait pas manquer beaucoup de voix UDI lors du
vote de cette censure.
Le parti centriste a-t-il raison de censurer le gouvernement
sur une loi qui rejoint son combat pour moderniser l’économie française même si
elle était incomplète?
De même, a-t-il raison de se joindre à une UMP
conservatrice, pire au Front de gauche, tout aussi conservateur, qui a décide
de voter cette motion par haine viscérale à François Hollande et Manuel Valls?
A ces deux questions, la réponse est négative.
En dehors même du fait que l’UDI est dans l’opposition au
gouvernement actuel, la position des centristes, adeptes du pragmatisme, du
consensualisme et de la responsabilité, est de juger un texte législatif, non
d’où il vient, mais où il va et de son efficacité.
En outre, l’UDI est un parti qui s’affirme réformiste et
qui, en l’espèce, va s’associer à tout ce que la société française compte de
conservateurs, la droite de l’UMP, le Front de gauche et même les «frondeurs»
du Parti socialiste (la gauche du parti) qui ont provoqué ce recours à l’article
49-3 même s’ils ne voteront pas la censure.
Dans cette histoire et même s’il devrait voter la censure
comme tous les députés UDI, Jean-Christophe Fromantin, député-maire de
Neuilly-sur-Seine a eu la bonne attitude centriste.
Franc-tireur du Centre et candidat à la présidence de l’UDI
où il est arrivé en quatrième position avec environ 10% des suffrages, ce qui
fait beaucoup si l’on prend en compte son relatif isolement à l’intérieur du
parti et sa liberté de parole et d’acte, il avait estimé que même si «les
résultats sont loin de ceux que nous aurions espérés mais ils sont là.
Plusieurs articles permettront d’accélérer, de simplifier ou d’adapter des
procédures à un contexte économique qui évolue. Et, à ceux qui regrettent cette
insuffisance d’audace, j’opposerai l’adage, ‘ce qui est pris n’est plus à
prendre’. Je suis profondément convaincu que nous ne construirons une
perspective d’avenir qu’en mettant notre énergie et nos talents à bâtir des
ponts plutôt qu’à creuser des fossés. Cela n’enlève rien à ma grande
détermination à vouloir développer une autre politique. Mais il faut être
constructif quand cela le mérite, et aller dans le sens du mouvement de
réconciliation auquel les Français aspirent. C’est la raison pour laquelle je
voterai pour ce texte».
Si le projet politique de Jean-Christophe Fromantin est très
discutable concernant les questions de société où il est particulièrement
conservateur, ce qui le placerait à la droite de l’UMP, celui-ci existe à
l’inverse des trois autres candidats contre qui il était opposé pour la
présidence de l’UDI.
Et s’il s’apprêtait avec de (trop) rares autres députés UDI
à voter la loi Macron, c’était par fidélité à ses idées et non, comme quelques
autres de ses collègues de sa formation politique, en rapport à un quelconque
calcul politicien et électoraliste.
Ceci doit être souligné et apprécié à la juste valeur
centriste.
L’UDI avait ainsi l’occasion de montrer son originalité, ce
qui la différencie de l’UMP et qui fait son ADN centriste.
Mais, malgré les audaces oratoires de son président, Jean-Christophe
Lagarde, elle n’a pas eu le courage ou simplement l’indépendance de jouer sa
propre partition.