On a souvent parlé ici de l’axe central, allant des
sociaux-libéraux du PS aux libéraux réformistes de l’UMP en passant par les
libéraux-sociaux des partis centristes (UDI et Mouvement démocrate),
c’est-à-dire d’Alain Juppé à Manuel Valls en passant par Jean-Christophe
Lagarde et François Bayrou pour parler de ses «têtes d’affiche».
Cet axe n’est pour l’instant qu’une convergence de vues et
de partage d’analyses sur la situation politique, économique, sociale et
sociétale, procédant, plus profondément, d’un attachement aux principes et aux
valeurs de la démocratie républicaine mais aussi à ceux et à celles d’une
société de la liberté, de la responsabilité et de la solidarité, ainsi que dans
la volonté de s’inscrire dans le phénomène de la mondialisation tout en voulant
la rendre plus humaniste.
On ne sait pas encore quand ou même si il se concrétisera en
une alliance en bonne et due forme qui pourrait se sceller à l’occasion de l’élection
présidentielle de 2017, voire, plutôt, des législatives qui suivront si le vainqueur
de la première nommée décide de construire une nouvelle majorité présidentielle
que celles que l’on a connues jusqu’à présent depuis le début de la V°
République.
En tout cas, quel que soit le scénario, il devra recevoir
l’évidente onction du suffrage universel pour être légitime aux yeux des
Français.
Les protagonistes, tout en reconnaissant qu’ils ont nombre d’affinités
et qu’ils sont d’accord sur beaucoup de mesures à prendre pour moderniser et
redynamiser le pays face aux défis du XXI° siècle, refusent pour la plupart
d’envisager ce regroupement qui serait le fait majeur de la politique française
depuis celui du Gaullisme en 1958, pensée centrale jusqu’en 1981et qui continua
à être une force majeure au moins jusqu’à la création de l’UMP en 2002.
Cependant, tout indique dans les faits que cet axe central
est bien une réalité qui se dessine au fur et à mesure des événements, petits
ou grands.
Ainsi, il est sûr que la législative partielle dont le
premier tour vient de se tenir dans la 4° circonscription Doubs n’est pas un
scrutin crucial pour la république.
Néanmoins, la nouvelle première place du Front national et
l’élimination du candidat de l’UMP pour le second tour qui opposera
l’extrême-droite à un socialiste a relancé le débat sur le front républicain
pour faire barrage aux extrêmes.
Et entre ceux qui, à droite et au centre sont pour et ceux
qui sont contre ce regroupement circonstanciel des partis républicains face aux
partis extrémistes, on retrouve la frontière entre ceux qui font partie de cet
axe central informel et ceux qui sont à sa droite.
Evidemment les centristes ont immédiatement annoncé par la
voie de Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, qu’ils feraient barrage à
la candidate du Front national.
Du côté de l’UMP, un clivage est tout de suite apparu entre
partisans du front républicain et ses adversaires.
Dans le premier camp on retrouve sans surprise Alain Juppé,
Dominique Busseraud, Jean-Pierre Raffarin, Nathalie Koscuisko-Morizet, par
exemple.
Dans le deuxième, et toujours sans surprise, on retrouve Thierry
Mariani, Laurent Wauquiez, Henri Guaino, François Fillon et Nicolas Sarkozy,
entre autres.
D’un côté les libéraux réformistes de l’UMP, de l’autre les
tenants d’une droite dure et radicale.
D’un côté ceux qui souhaitent une véritable alliance avec le
Centre et plus éventuellement et ceux qui estiment que l’UMP doit aller
chercher ses voix du côté du Front national.
Il serait erroné de ne voir ici que des agitations
électoralistes.
C’est bien à des différences politiques parfois profondes
que l’on a affaire.
Dès lors, ce sont bien la composition des partis actuels
tant à droite qu’à gauche ainsi que les alliances qui ne paraissent plus en
phase avec la réalité du pays.
Ainsi, il serait certainement plus clair pour les électeurs
si à côté d’une gauche et d’une droite assumées (et de leurs avatars dangereux
des extrêmes), on trouvait un axe central qui refuse l’étatisme, le repli
identitaire ainsi que le refus de l’ouverture au monde tout en proposant un ambitieux
projet humaniste au pays.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC