Au cours de l’émission de divertissement «On n’est pas
couché» sur France 2 – où se pressent chaque semaine l’ensemble des politiques
avides de se montrer où que ce soit alors qu’ils critiquent sans cesse la
pauvreté du discours et du débat politique dans ce type de programme –,
François Bayrou a expliqué qu’il était aujourd’hui pour l’unité nationale et non
l’union nationale, reprenant ainsi le terme d’«unité» qu’il avait déjà utilisé
sur BFMTV une semaine plus tôt après avoir parlé d’union ces dernières années.
Or pour tous les dictionnaires des plus communs aux plus
scientifiques que l’on peut consulter, union et unité sont des synonymes.
Ce qui fait qu’unité nationale et union nationale sont, par
conséquent, également des synonymes.
Quoi qu’il en soit, on est étonné de voir François Bayrou
prôner que ce soit une unité nationale ou une union nationale car il s’est
embarqué depuis 2013 dans une opposition sans faille au gouvernement en place
tout en continuant à stigmatiser l’UMP et Nicolas Sarkozy (surtout depuis le
retour de ce dernier au premier plan), responsables à ses yeux tout autant que
le PS et François Hollande de sa défaite lors des législatives de 2012 à Pau.
Des récriminations qu’il a, à nouveau, réitérées lors de
l’émission de Laurent Ruquier sur France 2.
Dès lors, si ce n’est avec l’UMP et le PS ainsi que ceux qui
sont à leur tête, avec qui pourrait-il faire son unité ou son union?!
François Bayrou est passé maître dans le jeu de mots où il
donne des définitions différentes à ces derniers pour sa convenance personnelle.
On se rappellera qu’il avait déclaré en 2007 que le mot
«Centre» ne faisait pas partie de son vocabulaire avant de se poser en
défenseur intransigeant de l’indépendance de ce même «Centre» quelques années
plus tard...
Or, le débat politique mérite ce que les penseurs chinois
ont appelé «la rectification des noms» et dont Confucius explique que «si les
noms sont incorrects, on ne peut avoir un discours cohérent. Si le langage est
incohérent, les affaires ne peuvent se régler. (…) Voilà pourquoi l’homme de
bien n’use des noms que s’ils impliquent un discours cohérent, et ne tient de
discours que s’il débouche sur la pratique. Voilà pourquoi l’homme de bien est
si prudent dans ce qu’il dit».
Evidemment, cette exigence est souvent difficile à tenir
avec ce temps politique et médiatique qui s’est dangereusement raccourci de plus en plus et
dans cette volonté que les politiques ont de trouver constamment la bonne
formule, la phrase choc ou la sentence bien tournée.
Mais c’est justement aux leaders qui nous gouvernent ou
veulent nous gouverner que nous devons constamment demander d’être clairs et
précis, afin de ne pas nous embrouiller avec une utilisation débridée et
incorrecte des mots.
Car l’on peut faire dire ce que l’on veut aux mots, un des
exemples les plus célèbres restant le «Je vous ai compris!» du Général de
Gaulle à Alger le 4 juin 1958.
Cette exigence, les centristes plus que les autres doivent
l’avoir sans cesse à l’esprit eux qui luttent sans relâche contre la démagogie
populiste qui justement utilise les mots pour tromper ceux qui les écoutent
tout comme tous les extrémismes dont nous sommes entourés.
Sans oublier les clientélismes de gauche et de droite.
C’est pourquoi François Bayrou serait bien inspiré de nous
expliquer sa différence entre union et unité.
Au moins, pour ne pas mourir idiot.
Centristement votre.
Le Centriste