Le discours sur l’état de l’union de Barack Obama a montré
un président des Etats-Unis qui a décidé de ne pas abdiquer ses prérogatives et
son pouvoir alors qu’il ne lui reste plus que deux ans à la Maison blanche et
que son parti a perdu les dernières élections, se retrouvant minoritaire au
Congrès, à la fois à la Chambre des représentants et au Sénat.
Alors que beaucoup d’analystes pensaient que le président
serait sonné par le résultat du scrutin et qu’il adopterait un profil bas,
c’est tout le contraire qui s’est passé.
Le voilà offensif, proposant un programme fourni et
indiquant qu’il sera un vrai chef qui s’opposera par tous les moyens dont il
dispose légalement et politiquement pour contrer les décisions des républicains
qu’il n’approuverait pas, surtout qu’il fera tout ce qui est possible pour que
ses propositions soient adoptées et/ou mises en œuvre.
Mais, en tant que centriste, il a redit une nouvelle fois
lors de ce discours traditionnel devant l’ensemble du Congrès qu’il était prêt
à travailler avec tout le monde, qu’il voulait trouver des terrains d’entente
avec les républicains et qu’il attendait de ces derniers qu’ils fassent des
propositions qu’il puisse accepter.
Bien entendu sans remettre en cause ses priorités qui
demeurent plus que jamais de revivifier, de consolider et d’élargir la classe
moyenne qui a été ces dernières années plus ou moins sacrifiée pendant que le
pays devait se relever de la Grande récession de 2008 tout en n’oubliant pas
les plus pauvres.
Reste qu’aujourd’hui les riches sont de plus en plus riches,
creusant les inégalités à un niveau jamais égalé pendant que la classe moyenne,
même si elle a retrouvé du travail, a vu ses revenus le plus souvent stagner quand ce n’est pas encore pire, baissés, les républicains refusant systématiquement
des mesures en sa faveur qui auraient permis fiscalement (baisse des impôts) et
économiquement (hausse des salaires) de remédier en partie à cette situation.
Le combat que veut mener Barack Obama jusqu’en 2016 et sa
passation de pouvoir au prochain président ressemble beaucoup à celui que veut mettre
en place Hillary Clinton si elle succède à l’actuel chef de l’Etat.
L’ancienne première dame, sénatrice de New York et
secrétaire d’Etat de Barack Obama a toujours été, en bonne centriste, la
championne de la classe moyenne.
Elle bénéficie d’une très large adhésion chez celle-ci, à la
fois chez les blancs, les latinos ou les afro-américains.
Et elle sait qu’il faut lui permettre de retrouver une
dynamique et un espoir pour permettre aux Etats-Unis de retrouver un des
fondements de leur identité.
C’est la raison pour laquelle elle a applaudi aux déclarations
et aux décisions prises par Barack Obama en faveur de ces Américains.
Mais l’on peut également voir que les préoccupations et les
volontés politiques d’Obama et de Clinton sont assez similaires dans nombre de
secteurs ce qui n’était pas exactement le cas en 2008 lorsqu’ils s’affrontèrent
au détriment de la dernière nommée pour être le candidat du Parti démocrate à
la présidentielle.
Ainsi, en matière de politique étrangère, les prises de
position et les décisions de Barack Obama face au terrorisme, notamment face à
Daesch, face à la Russie et à la Chine, par exemple, sont tout à fait celles
d’Hillary Clinton.
Les combats en faveur de l’avortement, du mariage gay et,
surtout, de la lutte contre le racisme sont identiques.
De même que ceux sur l’assurance santé pour tous et la
régularisation de plusieurs millions d’immigrés.
Bien entendu, les deux personnalités ont chacune leurs
spécificités et Barack Obama n’est pas soluble dans Hillary Clinton, cette
dernière étant tout sauf un clone du premier.
Ainsi, Clinton est certainement plus directe et combative
dans sa manière d’agir mais elle est aussi mieux à même de par son relationnel
de trouver des ponts avec les républicains, ce qui a manqué à Barack Obama même
s’il ne faut jamais oublier qu’il s’est retrouvé devant une opposition frontale
et totale de la part des élus républicains dès son accession au pouvoir.
De même, Hillary Clinton a une vision de la politique
étrangère plus agressive qu’Obama, moins dans la recherche systématique d’un
terrain d’entente, ce qui est reproché à l’actuel président comme étant de la
faiblesse.
Bien entendu, Hillary Clinton se démarquera de plus en plus
d’Obama si elle décide de se présenter à la présidentielle et durant toute la
campagne électorale.
Elle le fera parce qu’il faut qu’elle montre qu’elle sera
porteuse d’un nouveau projet mais aussi parce qu’elle est très différente
d’Obama en tant que personne et dans son appréhension politique sur nombre de
sujets.
Pour autant, Barack Obama et Hillary Clinton sont très
complémentaires et ont des objectifs globaux centristes qui se ressemblent
beaucoup.
Le premier a donc intérêt pour son héritage politique à
soutenir la seconde tandis que celle-ci doit s’appuyer sur les réussites
présentes et à venir du premier pour consolider ses chances de remporter l’élection
de 2016.
Si Hillary Clinton devient la première femme présidente des
Etats-Unis, pour la première fois dans l’histoire du pays deux vrais centristes
se succéderaient à la Maison blanche.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC