L'axe central |
Un sondage Odoxa pour Le Parisien a demandé aux Français
leur avis sur la possibilité suivante: un rapprochement entre «la gauche, le
centre et la droite parlementaire (Les Républicains et l’UDI) pour faire des
propositions communes pour notre pays».
68% des sondés ont répondu que ce serait «une bonne chose
car ce serait une démarche constructive» et 31% «une mauvaise chose car les
partis perdraient leur identité».
Sans surprise, les sympathisants du Front national trouvent
que ce serait une mauvaise chose à 64%.
Beaucoup plus intéressant est que 75% des sympathisants du
PS mais aussi de LR estiment que ce serait une bonne chose.
Depuis, les politiques de gauche, de droite et du Centre ont
commenté ce résultat avec des opinions diverses mais généralement constructives
(difficile de se mettre à dos 75% de votre électorat!), parlant notamment de s’entendre
sur la lutte contre le chômage, véritable priorité nationale.
Paroles sans consistance?
A voir.
Si l’on prend maintenant le baromètre Paris Match de
décembre sur la popularité du personnel politique (réalisé par l’IFOP), on s’aperçoit
que les cinq premiers sont des personnalités de ce que l’on peut appeler l’axe
central (allant de Juppé à Valls).
Il s’agit, dans l’ordre d’arrivée, d’Alain Juppé (68% de
bonnes opinions), de François Bayrou (60%), de Laurent Fabius (59% et que l’on
peut mettre dans cet axe pour ses positions de long terme), de Jean-Pierre
Raffarin (56%) et de Manuel Valls (56%).
Deux membres de LR, deux membres du PS, un membre du MoDem,
soit deux hommes de gauche, deux hommes de droite et un centriste.
Difficile de faire plus consensuel…
A noter que les résultats de ce baromètre pour les cinq
premiers en novembre étaient les mêmes à une exception près, Martine Aubry y
était présente à la place de Laurent Fabius qui était en sixième position.
Si l’on couple les deux sondages, on voit bien qu’une grande
majorité de Français veulent une politique de consensus et de compromis, c’est-à-dire
de trouver des solutions à des problèmes en travaillant ensemble, en faisant
les pas nécessaires les uns vers les autres pour trouver un terrain d’entente
et d’agir pour que les décisions prises soient réellement mises en œuvre et
donnent des résultats concrets.
Ce souhait est-il réalisable?
En l’état actuel du paysage politique, forgé par les
institutions et une pratique partisane et clientéliste de près de soixante ans,
cela semble difficile.
Sans oublier que la reine des élections, la présidentielle,
suivie par les législatives se profilent à l’horizon et ne sont pas propices
aux recompositions politiques, ni même à la recherche de consensus puisque
chaque camp doit dire à ses électeurs qu’est-ce qui le caractérise par rapport
aux autres et qui fait qu’il faut voter pour lui.
De même que la montée de la droite dure chez LR avec la
nomination de Laurent Wauquiez en numéro deux en remplacement de Nathalie
Kosciuko-Morizet ainsi que l’alliance de deuxième tour des régionales entre le
PS, Europe-écologie-les-Verts, le Front de gauche (avec le Parti communiste).
Pourtant, la redécouverte de la communauté nationale, d’un
destin commun et la volonté de le préserver et de lutter pour, après les
attentats du 13 novembre (ainsi que ceux du 7 janvier), montre que les hommes
et les femmes politiques qui s’engageraient dans ce chemin auraient un soutien
majoritaire de la population.
De même, cela semble le positionnement que veut adopter
Alain Juppé pour la prochaine présidentielle.
Et, faut-il le rappeler, celui-ci caracole en tête des
sondages pour 2017 ainsi que les baromètres de popularité, écrasant pour l’instant
la concurrence et notamment celle de ceux qui veulent cliver au maximum le
débat politique comme Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy, par exemple (et sans
doute François Hollande quand il sera officiellement candidat).
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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