Pour espérer être au second tour de la présidentielle en l’état
des sondages (tous ceux réalisés en 2015 disent la même chose) les candidats du
PS et de LR auront besoin des voix centristes dès le premier tour.
Tout comme évidemment un hypothétique candidat centriste,
que ce soit François Bayrou et/ou un candidat venu de l’UDI.
Si François Hollande (candidat socialiste le plus probable)
peut toujours rêver faire l’unité à gauche (allant de l’extrême-gauche au
centre-gauche) qui pourrait lui donner plus de 30% des voix, ce n’est pas le
cas du candidat LR (Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé) qui auront besoin des voix
centristes pour arriver en deuxième position au soir du premier tour.
Mais, si l’on est réaliste, il serait étonnant qu’Hollande
puisse faire l’union autour de sa candidature à gauche, ce qui fait qu’il aura
également besoin des voix centristes.
Bien sûr, les deux stratégies («à gauche toute» et le «recentrage»)
sont encore sur la table et les hésitations du Président de la république à en
choisir une en dit long sur le côté aléatoire des deux possibilités qui s’offrent
à lui.
Surtout, le choix d’une des deux stratégies répond à celui
qui sera en face d’Hollande.
Si c’est Nicolas Sarkozy, récupérer une partie des voix à
gauche du PS semble possible tellement la détestation de ce dernier est un
puissant ciment pour l’ensemble de la Gauche.
Dès lors, pas besoin de faire une union de la Gauche (qui se
fera naturellement) et il vaut mieux draguer les électeurs du Centre qui, eux
aussi, n’ont guère de sympathie pour le président du parti de la Droite, comme
le montrent les sondages, afin de sécuriser sa présence au second tour.
Si c’est Alain Juppé, en revanche, il semble difficile qu’Hollande
récupère les voix centristes.
Son salut passera par un virage à gauche et une union de
toutes les forces de Gauche s’il veut être au second tour.
Bien entendu, le fait que la primaire de la Droite ne sera
organisée que fin 2016 complique le choix de l’une ou l’autre des stratégies,
risquant de brouiller le message, à la fois, pour les électeurs de la Gauche et
ceux du Centre.
Du coup, tout au long de 2015, l’ensemble des candidats
sérieux (sauf celle du Front national mais rien n’est à écarter en 2016 et
surtout en 2017, si la nécessité s’en fait sentir) ont dragué l’électorat
centriste tout en prenant systématiquement distance vis-à-vis du Centre, Alain
Juppé se croyant obligé de déclaré qu’il n’était pas centriste alors que
personne ne lui avait rien demandé tandis que Nicolas Sarkozy se gaussait des
prétentions des centristes et que François Hollande célébrait à périodes
répétées les valeurs de gauche.
Pour la Droite, cette chasse aux voix centristes est passé
évidemment par des accords électoraux avec les partis centristes avec une
générosité étonnante, très critiquée par ses amis, de Nicolas Sarkozy, surtout
pour les régionales, à charge de revanche, cela va de soi.
Pour la Gauche, il s’agit plutôt, pour l’instant, de
dénoncer les dérives droitières de LR et de promouvoir les positions sociales-réformistes
et sociales-libérales de Manuel Valls et de son ministre de l’Economie,
Emmanuel Macron.
Ce sera utile si l’on choisit la stratégie de recentrage.
Mais la bonne nouvelle pour le PS et François Hollande est
venue des derniers sondages qui montrent que si le président sortant ne suscite
pas une grande appétence pour sa candidature en 2017, son prédécesseur, Nicolas
Sarkozy, est encore plus rejeté par les Français!
Et, pour la première fois depuis longtemps, un sondage a
donné François Hollande devant Nicolas Sarkozy au premier tour puis vainqueur
de Marine Le Pen au second.
Voilà qui est évidemment le scénario rêvé à l’Elysée et le
cauchemar de le rue de Vaugirard (siège de LR).
Bien entendu, les choses seront bien différentes si Alain
Juppé est le candidat de LR (et sans doute de la Droite et du Centre réunis dès
le premier tour).
Comme nous l’avons vu plus haut, il faudra alors délaisser l’espace
centriste pour Hollande et se tourner vers l’ensemble de la Gauche.
Reste le ou les candidats du Centre.
Si François Bayrou se présente, il fera le plein au moins 9
à 10%, c’est-à-dire le total des voix centristes qui se portent
quasi-automatiquement sur son nom, d’autant que ce sera contre Nicolas Sarkozy
et François Hollande.
Néanmoins, il devrait perdre une partie des voix de ses
électeurs potentiels de centre-gauche qui voudront faire barrage à Nicolas
Sarkozy et une partie, moindre, de ceux de centre-droit qui voudront favoriser
le candidat de la Droite.
Son discours, tout au long de l’année a donc été de rassurer
son électorat traditionnel centriste tout en tentant de l’élargir, sans
résultat pour l’instant.
Dans le cas où Jean-Christophe Lagarde (ou une autre
personnalité) se présenterait sous l’étiquette de l’UDI, il est difficile de
savoir qui voterait en sa faveur actuellement faute de sondages sur le sujet.
Cependant, il serait faux de croire que cette candidature
serait vouée au désastre et au 1% d’intentions de vote qu’Hervé Morin (alors
président du Nouveau centre) obtenait dans les sondages en 2012.
Lagarde, même s’il est encore un inconnu pour beaucoup de
Français, a réussi à acquérir un certain statut médiatique qui pourrait lui
permettre de s’attacher une grande partie de l’électorat centriste qui constituerait
alors sa rampe de lancement.
Quoi qu’il en soit, tous ces candidats se détermineront en
grande partie, dans les mois qui restent avant la présidentielle par rapport à
l’électorat centriste et à la manière de se l’attacher et à la capacité de le
faire.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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