Les victoires électorales centristes ont été peu nombreuses
cette année comme celle de Justin Trudeau au Canada.
La situation est néanmoins meilleure si l’on compte les
coalitions dont les formations du Centre faisaient partie tout en n’étant pas
les leaders de celles-ci.
Certaines ont permis de mettre fin à des années de régimes
plus ou moins autoritaires comme en Argentine ou au Venezuela.
Pendant ce temps, aux Etats-Unis, Hillary Clinton, une
centriste, est bien placée pour remplacer un autre centriste, Barack Obama et
de faire l’histoire en devenant la première femme présidente du pays.
Mais il reste encore onze mois de campagne.
En Europe, les centristes ont conquis des positions comme en
Espagne.
Mais ils ont aussi beaucoup perdu comme en Grande Bretagne
et en Pologne.
Au Portugal, ils ont remporté les élections mais se sont
retrouvés dans l’opposition du fait d’une alliance inédite entre les
socialistes et l’extrême-gauche.
► Etats-Unis: Barack
Obama fin de parcours plutôt positif – La dynamique d’Hillary Clinton
Il y a un paradoxe aux Etats-Unis depuis l’élection de Bill
Clinton en 1992.
Le pays élit en effet des présidents centristes mais le
Parti républicain se droitise de plus en plus et parvient, dans le même temps,
grâce entre autres à un découpage électoral souvent inique et une meilleure
mobilisation de ses troupes pour les élections locales, à contrôler une
majorité d’Etats (gouverneurs et congrès) et à être majoritaires désormais au
Congrès du pays.
Evidemment, l’on peut prendre comme contre exemple de ce qui
vient d’être dit l’ère de George W Bush, élu en 2000 et réélu en 2004 et un
Congrès qui redevint entièrement démocrate de 2006 à 2010.
Mais ce serait oublié que Bush fils a perdu l’élection de
2000 en nombre de voix et, sans doute, en nombre de grands électeurs si un vrai
recomptage avait eu lieu en Floride (Etat dont il ne faut pas oublier que son
gouverneur était alors son frère, Jeb!) et qu’il a bénéficié d’une décision encore
aujourd’hui condamnable de la Cour suprême majoritairement contrôlée par les
républicains.
Si cela n’avait pas été le cas, alors Al Gore, ancien
vice-président de Clinton et homme de centre-gauche, aurait été élu à la Maison
blanche.
Quant à la réélection de Bush en 2004, elle doit tout autant
aux attaques immondes et mensongères dont fut l’objet le centriste John Kerry –
pendant longtemps en tête dans les sondages – de la part de la droite radicale
et de l’extrême-droite du Parti républicain qu’à la situation particulière du
pays qui était en guerre après les attentats du 11 septembre 2001.
Dès lors, on aurait pu avoir une ère de présidents
démocrates, rappelant un peu celle qui fut républicaine après la guerre de
Sécession – surtout si Hillary Clinton succède à Barack Obama –, toute
proportion gardée
Quant à la majorité démocrate au Congrès malgré le
redécoupage scandaleux réalisé principalement par les républicains, elle fut
acquise alors que le pays portait un regard extrêmement critique sur la
présidence de George W Bush dont la fin de son mandat à la Maison blanche fut
catastrophique en termes de popularité.
Cette situation prévaut encore actuellement et il se
pourrait bien qu’on la retrouve le 8 novembre 2016 au soir avec l’élection d’une
centriste à la présidence alors que le Congrès pourrait demeurer républicain
même si le Parti démocrate espère pouvoir reprendre la majorité au Sénat.
- Présidentielle 2016 - La dynamique d’Hillary Clinton
Ça avait mal commencé.
A peine Hillary Clinton avait-elle annoncé sa candidature
pour la présidentielle qui se tiendra le 8 novembre 2016 que les grosses
machines médiatique d’un côté et de propagande du Parti républicain de l’autre
se mettaient à déverser un flot d’informations, parfois vraies souvent fausses
(notamment à propos de ses e-mails non-sécurisés qu’elle avait envoyé en tant
que secrétaire d’Etat), afin de tuer dans l’œuf ce qui aurait du être la marche
triomphale de la future première présidente des Etats-Unis de l’histoire.
Si les attaques venues des républicains n’étaient évidemment
pas une surprise, la virulence de celles provenant des médias a choqué même si
l’on sait que les relations entre Hillary Clinton et les journalistes n’ont
jamais été bonnes, ce qui est un euphémisme.
Cette hystérie anti-Hillary a pris de telles proportions que
le New York Times, quotidien le plus respecté du pays et démocrate de longue
date, a du s’expliquer sur son attitude extrêmement agressive vis-à-vis de l’ex-secrétaire
d’Etat d’Obama après que nombre de ses lecteurs se soient plaints d’un «Hillary
bashing» primaire.
Les relations demeurent tendues, même si les journalistes
sont redevenus un peu plus professionnels en mettant leurs sentiments de côté.
Cela n’a pas empêché la candidate à l’investiture démocrate
de se sortir d’une nasse où ses opposants avaient presque réussi à l’enfermer
et espéraient bien tuer ses espoirs présidentiels pour de bon.
Ainsi, elle est désormais la favorite de l’élection du 8
novembre et semble sans danger face à son rival pour l’investiture démocrate,
le socialiste Bernie Sanders qui réalise tout de même des scores assez
importants, à la fois par l’absence de candidats à la candidature (ils ne sont
que trois avec Martin O’Malley) et par une volonté de la gauche du parti
démocrate de relever la tête contre une centriste qu’ils n’apprécient pas.
Du côté de ses opposants républicains, les deux favoris du
moment (mais tout peut changer très vite), le populiste démagogue Donald Trump
et l’extrémiste du Tea party Ted Cruz ont peu de chances de la battre.
- Barack Obama fin de parcours plutôt positif
2015 aurait pu être une «annus horribilis» pour Barack
Obama.
Généralement, les présidents effectuant un deuxième mandat
et ne pouvant donc plus se représenter, perdent toute capacité dans les deux
dernières années de leur pouvoir de mettre en route de grandes réformes ou de
réaliser de grands projets et sont cantonnés à une gestion du quotidien peu
glamour pendant que les prétendants à sa succession trustent les écrans télés,
les unes de la presse et le web, des réseaux sociaux aux sites d’information.
Pourtant, Obama a réussi, non seulement, à améliorer pendant
un temps sa popularité dans les sondages mais aussi à demeurer sous le feu des
projecteurs au grand dam de ses adversaires les plus acharnés du Parti
républicain.
Que ce soit lors de moments difficiles (tueries de masse et
attentats terroristes), ou pour des questions essentielles (protection de
l’environnement et réchauffement climatique, immigration, guerre contre le
terrorisme), des problèmes de société (mariage homosexuel, droit de détenir une
arme à feu) ou des problèmes politiques (accord nucléaire avec l’Iran), il a
été présent et a même avancé des projets ambitieux qui, sans doute, ne
connaîtront pas un aboutissement heureux mais qui ont le mérite d’avoir été au
centre de débats politiques ou de sociétés d’importance.
Le tout sur fond de croissance économique et de réduction du
chômage.
En revanche, la lecture difficile de sa stratégie face aux
régimes dictatoriaux comme en Syrie et de guerre contre le terrorisme en
Afghanistan, en Irak et en Syrie, a joué en sa défaveur, ses hésitations
semblant démontrer une faiblesse dans l’appréciation des menaces avec cette
volonté de ne pas replonger le pays dans un conflit aussi désastreux que la
seconde guerre d’Irak menée de manière catastrophique par George W Bush au
risque de traiter ces problèmes aussi mal que ce dernier mais en sens inverse!
Lire aussi:
► Canada: La victoire
surprise du centriste Trudeau
(Voir ci-dessous «Centriste de l’année: Pierre Trudeau»)
Lire aussi:
► Grande Bretagne: La
défaite cuisante des Libéraux-démocrates
Les Libéraux-démocrates pensaient qu’ils seraient faiseurs
de roi après les élections législatives en Grande Bretagne et ce malgré leur
fort recul dans les sondages après une union avec les Conservateurs de David
Cameron au gouvernement où ils avaient renié quasiment toutes les promesses
électorales qu’ils avaient faites, promesses qui leur avaient permis de
réaliser un très bon score aux précédentes législatives et à s’imposer comme
partenaires de la Droite dans une coalition gouvernementale où leur leader,
Nick Clegg, était nommé vice-premier ministre.
Mais les électeurs n’avaient pas oublié leurs reniements et
leur incapacité à faire prévaloir leurs idées.
Le référendum prochain sur la sortie de la Grande Bretagne
de l’Union européenne étant une claque parmi tant d’autres pour un parti qui se
dit totalement pro-européen.
Et ce qui devait arriver arriva, les Libéraux-démocrates ont
été balayés lors du scrutin et n’ont même pas pu mettre en route leur stratégie
qui était de s’allier avec le vainqueur quel qu’il soit, une attitude très
opportuniste qui leur fut fort justement reprochée.
En effet, le Parti conservateur a réussi à obtenir à lui
tout seul la majorité à la Chambre des communes.
Mais les dirigeants centristes ont vu rapidement une occasion
de rebondir dans la défaite des Travaillistes et, surtout, dans la nomination d’un
homme de gauche radicale à leur tête, Jeremy Corbyn.
Ainsi, les Libéraux démocrates espèrent bien récupérer une
partie importante des électeurs de centre-gauche et devenir la deuxième grande formation
du pays.
Cet espoir ne s’est pas encore concrétisé et rien ne dit que
ce sera le cas.
Lire aussi:
► Espagne: La percée
insuffisante de Cuidadanos aux législatives
A un moment donné, Alberto Rivera, le fondateur du parti
centriste et anticorruption, Cuidadanos, y a cru.
Les sondages donnaient sa formation politique au coude à
coude avec les conservateurs du Parti populaire et les socialistes du PSOE.
L’un d’entre eux lui prédisait même la victoire.
Et même si Cuidadanos est passé de zéro député à 40 avec
près de 14% des voix, le résultat a été décevant car les centristes ne peuvent
être qu’une force d’appoint à la chambre des députés.
Surtout, ils ne peuvent pas prendre la tête d’une coalition
gouvernementale, seule cas de figure acceptable pour Rivera de partager le
pouvoir avec d’autres partis.
Et puis, Podemos, la confédération de partis d’extrême-gauche
est arrivée devant Cuidadanos, en troisième position derrière le Parti
populaire et le PSOE, autre déception pour les centristes.
Reste à savoir si le Centre, disparu dans les années 1980
après avoir été le courant dominant lors des premières élections libres suite à
la mort de Franco et le rétablissement de la démocratie, avec Adolfo Suarez
comme premier ministre, va s’implanter durablement dans le paysage politique
espagnol ou s’il s’agit simplement d’un épiphénomène en rapport avec la
situation économique et sociale que connaît actuellement l’Espagne.
Lire aussi:
► Pologne: Les
centristes laissent la place à la droite dure
On croyait que la Pologne s’était définitivement débarrassée
du parti de droite radicale et nationaliste, Droit et justice, des frères Jaroslaw
et Lech Kaczynski.
Quand l’un, Jaroslaw, premier ministre, s’était fait battre
aux législatives de 2007 par l’homme d’affaire et centriste Donald Tusk et l’autre,
Lech, président de la république, était mort dans le crash de son avion en 2010
et qu’un centriste avait été élu à sa place, on espérait que les Polonais
avaient choisi la modernité, le libéralisme et l’Europe en s’étant définitivement
détournés d’un populisme nationaliste agressif.
Or tout cela vient d’être remis en cause avec la victoire
surprise de Droite et justice aux dernières législatives sur les centristes de
Plateforme civique après une victoire tout aussi surprenante, quelques mois
auparavant, à la présidentielle.
Les premières mesures du nouveau gouvernement ainsi que les
déclarations de Jaroslaw Kaczynski font craindre un retour en arrière dans la
plus pure tradition d’un nationalisme obscurantiste et d’une grande xénophobie.
Certains diront que l’histoire de la Pologne est remplie d’excuses
compréhensibles pour le choix d’un tel parti par les électeurs.
Sans doute, mais il faut aussi savoir tourner la page un
jour pour se projeter définitivement dans le cas de la démocratie républicaine.
Lire aussi:
► Centriste de l’année:
Justin Trudeau
Depuis le 4 novembre, Justin Trudeau est le vingt-troisième
premier ministre du pays.
Peu de monde aurait parié que le fils de Pierre Trudeau,
voici quelques années, suive son illustre père en politique puis qu’il
devienne, à sa suite, premier ministre du Canada dans une victoire tout aussi
éclatante que peu prévisible voici quelques mois.
Mais Justin Trudeau, tout juste 44 ans et député depuis 2007,
a du talent et du charisme comme son père et il a su redonner vie au projet
centriste et progressiste du Parti libéral, une formation que beaucoup avaient
enterrée et qui se trouvait, disait-on, coincée entre les conservateurs et les
socialistes.
Mais l’usure du pouvoir des premiers ainsi que leur
conservatisme appuyé et le positionnement très à gauche du Parti
social-démocrate ont ouvert la voie à la victoire du Parti libéral le 19
octobre dernier.
Les premières mesures prises par le gouvernement Trudeau ont
été bien accueillies mais il faudra évidemment attendre pour savoir si le jeune
premier ministre peut gouverner le Canada avec succès et mettre en place les
réformes nécessaires.
Lire aussi:
► Autres événements
de 2015:
- Suisse: Les centristes tiennent bon
- Grèce: Le Centre se fait une place
- Portugal: le centre-droit gagne mais perd!
- Argentine: Une coalition de centre-droit au pouvoir
- Venezuela: Une coalition de partis, dont centristes, bat
le régime autoritaire
- Côte d’Ivoire: Victoire du président sortant Alassane
Ouattara
Alexandre Vatimbella & Jean-Louis Pommery avec l’équipe
du CREC
Lire aussi:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.