Regards Centristes est une série d’études du CREC qui se penchent sur
une question politique, économique, sociale ou sociétale sous le prisme d’une
vision centriste. Cinquième numéro consacré à la place de l’écologie dans la
pensée centriste.
Alors que s’ouvre en cette fin novembre la COP (littéralement
«Conference Of the Parties» appelée aussi Conférence des Nations unies sur les
changements climatiques – voir le site officiel ici) dont la 21° édition annuelle est organisée
à Paris, il n’est pas inutile de rappeler que l’écologisme fut d’abord une
science.
Sa première définition a été donnée en 1866 par l’Allemand
Ernst Haeckel: «Par écologie, nous entendons la totalité de la science des
relations de l’organisme avec son environnement, comprenant au sens large
toutes les conditions de l’existence».
De même, le thème de la nature et de sa protection fut assez
transversal aux différentes pensées politiques depuis un siècle.
Ainsi, il n’est pas inutile de rappeler que la récupération
par l’extrême-gauche du thème de l’écologie dans les années 1960 – et surtout
après 1968 en France – est bien antérieure à celle de l’extrême-droite qui date
de la fin du XIX° siècle et à sa glorification de la nature.
Car il est important de comprendre que l’écologie n’est pas
un projet politique mais doit être une des composantes essentielles en ce XXI°
siècle de tout projet politique, qu’il soit de Droite, de Gauche et du Centre
parce que les sujets qu’elle traite concernent l’avenir de la société qu’elle
soit française, européenne ou mondiale et que, donc, elle doit trouver sa place
dans les projets politiques et programmes électoraux.
Ainsi, l’écologie nous propose un état environnemental de la
planète qui doit être incorporé à tout programme sérieux d’un parti politique.
C’est d’ailleurs de cette manière que l’écologie est apparue
dans la sphère politique, notamment aux Etats-Unis au début du XX° siècle,
caractérisée par la création de parcs nationaux par le très centriste président
Theodore Roosevelt, grand chasseur par ailleurs…
De même, aucun courant politique, aujourd’hui, ne peut faire
fi des problèmes environnementaux.
Même s’il n’est pas en accord avec les théories du
réchauffement climatique ou la disparition des espèces, par exemple, il doit
avoir une réponse à celles-ci.
Un récent documentaire américain montre ainsi que la droite
du Parti républicain avait fait en sorte de bannir l’expression «réchauffement
climatique» de toutes ses interventions médiatiques, notamment lors de
conférences de presse qui deviennent, en la matière, d’un surréalisme absurde
frisant le degré zéro du discours politique!
Le Centre et le Centrisme n’ont pas toujours été des
défenseurs acharnés de l’environnement, loin s’en faut.
Mais les réalités s’imposant aux centristes, tout comme leur
volonté d’être responsables et de mener des politiques pragmatiques et
équilibrées les ont amené à inclure petit à petit la dimension écologique des
problèmes politiques et à devenir, pour certains d’entre eux, comme Jean-Louis
Borloo, des leaders en matière de défense de l’environnement et de changement
dans le progrès pour y inclure cette notion encore très floue de croissance
verte.
En France, le Mouvement démocrate puis l’UDI, les deux
partis centristes, se sont emparés de la question écologique dès leur
fondation.
Et si le départ de la plupart des écologistes du Mouvement
démocrate et le retrait de la vie politique de Jean-Louis Borloo ont marqué une
certaine mise en sommeil de la problématique environnementale dans les deux
formations, elles sont tout de même encore présentes, surtout à l’UDI qui a des
propositions en la matière et même un programme plus ou moins structuré pour
les régionales, le tout accessible sur son blog dédié (lire ici).
Plus largement, le Centrisme se distingue d’une vision
écologique étriquée ou naturo-centrée qui ferait de la défense de la planète le
combat essentiel.
En effet, le combat essentiel du Centrisme c’est l’humain et
l’humanité parce qu’il est d’abord un humanisme, c’est-à-dire qu’il est
foncièrement attaché à l’humain et à l’humanité.
Dès lors, son rapport à l’écologie – dont la justification
est également l’humanisme – se fait à travers le respect de l’environnement de
l’humain et non d’une sacralité mystique de la nature ou de la terre qui seraient
bonnes par essence quand, à l’inverse, l’action de l’être humain serait
mauvaise par définition et donc à condamner a priori.
Une dérive qui a été dénoncée depuis des décennies par des
philosophes et des chercheurs qui nt mis en garde contre un écologisme qui
érigerait l’être humain comme l’ennemi.
Cette primauté de l’humain ne signifie pas pour autant que
le Centrisme cautionne la justification de la détérioration et la destruction
de celle-ci par celle-là, bien au contraire.
En revanche, cela veut dire que pour le Centrisme, le
respect de la nature est la conséquence du respect de l’humain, qu’un
environnement sain et non pollué est nécessaire au bien être humain et non à
une quelconque déesse du nom de nature de Gaïa ou de planète bleue.
Contrairement à ce que croient les écologistes
jusqu’au-boutistes, englués dans une idéologie fanatique voire totalitaire qui
s’accorde bien avec la volonté de tout contrôler des extrêmes de droite et de
gauche, cette relation où l’humain est son fondement, n’amoindrit pas l’action
de préservation de l’environnement mais elle la remet dans la perspective
qu’une société humaine est d’abord là pour assurer le bien être de ses membres.
Ce qui passe «naturellement» par la protection de son
environnement.
L’écologisme pour l’écologisme ne peut faire office de
politique au service de la communauté au prétexte que la nature serait plus
importante que l’humanité et qu’il faudrait d’abord préserver la première avant
de s’occuper du bien-être de la seconde.
De plus, l’humanisme défendu par les centristes prend
également ses racines dans la démocratie chrétienne en appelant à une humanité
telle que pouvait la concevoir, par exemple, un Saint-François d’Assise, pour
qui les animaux étaient des êtres vivants à qui l’on doit le respect et qui
voyait dans la protection de la nature, un devoir des hommes et des femmes mais
pas un assujettissement de ces derniers à une nature transcendante.
Une conception reprise récemment par le pape François.
Cette conception centriste de la protection de l’environnement
se traduit également par son progressisme.
A l’inverse des mouvements réactionnaires, au sens propre du
terme, dont fait partie Europe-écologie-les verts en France, le Centrisme ne
prône pas un retour en arrière pour retrouver un paradis qui n’a d’ailleurs
jamais existé.
S’éclairer à la bougie peut être sympathique et folklorique mais
pas une avancée de l’humanité.
Rappelons, pour bien comprendre la problématique, qu’à la
fin du XIX° siècle, la peur principale des habitants des grandes villes
mondiales comme Paris, New York et Londres était le crottin de cheval qui
recouvrait les rues et mettait en danger l’hygiène de ces cités, menaçant
gravement la santé de la population.
De ce point de vue, l’invention de la voiture fut fêtée
comme une avancée sanitaire et environnementale de premier ordre…
Cet exemple montre ainsi que la voiture en elle-même n’est
pas le problème mais que c’est son utilisation totalement débridée et non
maîtrisée.
Mais il montre également que c’est dans le progrès des
mentalités, dans celui de la science et des technologies, que l’on trouvera la
solution.
Vouloir généraliser des mesures coercitives dans tous les
domaines n’est absolument pas une politique responsable mais bien cette revanche
que tous les ennemis de la modernité et du progrès brandissent à propos de tout
et n’importe quoi dans leur haine et leur angoisse d’une humanité qui avance.
C’est bien là que se trouve l’adhésion écologique du Centre.
Ainsi, le Centrisme affirme, par son principe de juste
équilibre, par sa règle comportementale de la responsabilité, que l’environnement
de l’humanité est essentiel à la vie bonne autour de ce vivre bien ensemble, du
vivre bien personnel et de la réalisation de soi individuelle dans le respect
de l’autre et de sa dignité.
Concrètement, dans le cadre que nous venons de définir et quand
une menace est avérée, il défend , entre autres, la lutte contre la pollution
de l’air, de la mer et de la terre, la lutte contre les effets néfastes du
réchauffement climatique, la lutte pour une agriculture saine, la lutte pour un
monde équilibré.
En revanche, il ne peut considérer que l’humain n’est qu’un
habitant de la terre parmi les autres espèces, ni que la nature, par principe,
doit passer avant l’humanité.
Ce serait nier que cette humanité est la base même de l’existence
des sociétés humaines sur lesquelles s’exerce l’action de la politique dont le
Centrisme est une des pensées.
Ensuite, à chacun des personnes se reconnaissant dans le
Centre de faire ses priorités en matière de défense de la faune et de la flore
ou d’ériger la nature comme élément essentiel de sa vie personnelle.
Mais cela est de l’ordre de l’individuel pas d’une action
collective qui est d’organiser au mieux la communauté au profit de l’être
humain (et qui concerne bien évidemment son environnement), ce qui est la
recherche du Centrisme.
Etude du CREC sous la direction d’Alexandre Vatimbella
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