Regards Centristes est une série d’études du CREC qui se penchent sur
une question politique, économique, sociale ou sociétale sous le prisme d’une
vision centriste. Quatrième numéro consacré aux représentations que fait le
Centrisme, de la civilisation, du terrorisme et de la guerre alors que les
attentats terroristes contre la civilisation occidentale et ses valeurs, tuant
nombre d’innocents, se sont succédé depuis le début du XXI° siècle.
Humanisme intégral et universaliste, le Centrisme se veut
une philosophie politique responsable dont le but est d’organiser la cité de
manière équilibrée et respectueuse, ce qui passe par l’établissement d’une
démocratie républicaine et d’une mondialisation à échelle humaine.
Par voie de conséquence, le Centrisme est un défenseur de la
civilisation, tout autant comprise comme processus de progrès de la civilité au
premier sens inventé par Victor Mirabeau en 1757 que comme un ensemble
transmissible de valeurs (intellectuelles, spirituelles, artistiques) et de
connaissances scientifiques ou réalisations techniques des sociétés occidentale
et mondiale (en tant que cette dernière est humaniste).
Il est un ennemi irréductible de la violence et du
terrorisme, ce dernier compris comme des actes de violence qu'une organisation
politique exécute dans le but de désorganiser la société existante et de créer
un climat d'insécurité.
Un terrorisme, ennemi fanatique de cet état de haut
développement économique, social, politique et culturel qu’est le principe même
de civilisation.
Néanmoins, le Centrisme, pensée ontologiquement pacifique
mais non pacifiste à tout prix, n’envisage de faire une guerre, c’est-à-dire
l’utilisation de la violence, que si celle-ci est juste, dirigée contre une
menace extérieure qui sen prend aux personnes et/ou au régime démocratique républicain.
Cependant, il faut ajouter qu’il n’est pas opposé à une
vision plus large de la notion de guerre quand il s’agit d’aide humanitaire
d’urgence qui se base sur les valeurs de solidarité et de tolérance en faveur
de tous les opprimés de la terre.
S’appuyant sur les valeurs de la liberté, de la solidarité,
de la tolérance, du respect dans l’égalité de tous, le Centrisme rejette et se
dresse contre toutes les barbaries qui auraient pour but la destruction de
l’Humanité mais également contre la guerre sanglante entre les cultures
institutionnalisées.
Faisant d’abord confiance dans l’humain, il se méfie du
clivage que produisent les différentes idéologies communautaires qui ont le
plus souvent pour but d’exclure et de diaboliser l’autre, le différent, et de
le pourchasser parfois jusqu’à la mort.
De ce point de vue le Centrisme est également une résistance
contre l’oppression et une révolte face à l’obscurantisme.
Surtout, il s’oppose fermement à tout relativisme qui
affirmerait l’égalité des cultures entre celles qui ont comme socle la dignité
humaine et celles qui la réfute au nom d’une vision mortifère de l’existence.
Son combat est définitivement pour la vie, bien suprême et
métafondement de l’organisation légitime de toute communauté humaine, ainsi que
pour une confrontation pacifique et fructueuse de toutes les cultures
individuelles dans le respect de l’autre et de sa liberté.
C’est pourquoi, le Centrisme dans l’optique de la
responsabilité et du courage politique, reconnait le bien-fondé d’une guerre, définie
comme un état de conflit armé entre plusieurs groupes politiques constitués et
donc pas seulement des Etats, contre un ennemi de la civilisation, qui plus est
quand celui-ci est l’agresseur.
Mais ce doit être une guerre juste tout autant qu’une juste
guerre c’est-à-dire une guerre qui a des buts qui correspondent à la défense
intransigeante des valeurs humanistes quand celles-ci sont en danger et à celle
de la démocratie républicaine mais aussi qui utilise des moyens en adéquation
avec le but poursuivi et l’importance de la menace.
En prenant l’exemple des attentats du 13 novembre 2015 à
Paris qui ont fait 130 morts (mais d’autres exemples tout aussi pertinents
pourraient être pris comme ceux du 11 novembre 2001 aux Etats-Unis responsables
de la mort de 2977 personnes), précisons concrètement cette doctrine centriste
que l’on vient de présenter.
Les assassins qui, dans le quartier de République, ont tiré
sur des innocents qu’ils ne connaissaient pas et qui ne leur avaient rien fait,
ont d’abord nié leur dignité et leur ont dénié le respect que tout individu
doit à un autre.
De plus, ils ont attaqué un pays qui, avec les Etats-Unis,
est le créateur de la démocratie républicaine, celui qui a énoncé la liberté et
l’égalité de tous les êtres humains dans la fraternité, concepts qui ne peuvent
être évidemment qu’effectifs dans la sécurité.
En outre, ils ont nié toute entreprise civilisatrice qui
nécessite, à travers le monde, l’organisation des sociétés sur des bases
simples mais éminemment essentielles et fondamentales.
De ce point de vue, ils n’ont agi par rapport à aucune
morale (collective), ni à aucune éthique (individuelle) et ne peuvent, donc, se
réclamer d’aucune vision quelconque d’un bien commun même réduit à celui d’une
communauté particulière, par exemple celle dont ils prétendent être issus et
pour laquelle ils déclarent se battre.
Leur nihilisme n’est que destructeur et ne comporte pas le
moindre élément d’une construction d’un présent ou d’un avenir structurés.
En tuant, en se faisant tuer exprès, voire en se tuant
eux-mêmes, ils refusent ainsi la vie, c’est-à-dire la base même de toute
organisation sociale.
Tout dans leur démarche est la négation de l’humanisme et la
destruction de l’humain, donc tout ce qui est l’essence même de théorie
centriste.
Dès lors, pour le Centrisme, l’éradication de ces
terroristes et de leur(s) organisation(s) est une nécessité absolue pour les
démocraties républicaines ainsi que pour l’établissement d’une mondialisation
humaniste.
Cette éradication peut évidemment prendre plusieurs aspects
dont un est de ramener à la raison et à l’amour les individus qui font partie
de ces organisations, plus ou moins volontairement selon les cas.
Il est aussi, c’est une autre évidence, dans le
développement des pays pauvres ainsi que dans une société plus respectueuse,
plus à l’écoute de l’autre en Occident, plus capable d’offrir un avenir à des
groupes sociaux qui se trouvent ou se sentent exclus d’une certaine prospérité.
Tout cela doit amener les démocraties républicaines à faire
beaucoup plus d’efforts dans le vivre ensemble sans pour autant sacrifier à
leurs valeurs dans le relativisme dont nous avons parlé plus haut.
D’autant qu’il est complètement faux et contreproductif de
vouloir faire de l’Occident et des démocraties républicaines, les responsables uniques,
voire même principaux, de ce que certains appellent un «choc de civilisation»
de part leurs actes présents et, surtout, passés, dans une réécriture constante
et mensongère de l’information et de l’Histoire où se mêlent bêtise, théories
du complot, propagande et ignorance.
Les fausses complaintes d’une victimisation fantasmée et
auto-justificatrice de nombre de ceux qui prennent les armes – ces soi-disant
nouveaux damnés de la terre qui ne sont souvent que d’anciens délinquants
parfois simplement des psychopathes –, sur la responsabilité de la société qui
les accueillis ou dont ils font partie, ainsi que les appels au meurtre
soi-disant «légitime» contenus dans certaines théories politiques et
religieuses, tentent de diaboliser les valeurs humanistes et de culpabiliser la
démocratie républicaine occidentale comme seule coupable de tous les malheurs
de la planète.
L’Histoire fait un sort à ces élucubrations qui n’ont
d’autre but que de justifier une violence qui sert des intérêts de groupes
terroristes qui ont plus à voir avec des organisations mafieuses qu’autre chose.
In fine, le Centrisme affirme que les démocraties
républicaines doivent être fières de leurs valeurs et de leur œuvre civilisatrice,
responsables de leurs actions (donc également de leurs erreurs) et courageuses
dans la défense de leur humanisme.
Il ne prétend évidemment pas qu’elles sont le lieu du
paradis sur terre mais tout autant qu’elles sont celui de l’enfer terrestre,
loin de là.
Aujourd’hui, les terribles images des migrants qui viennent
en Europe, que ce soit pour fuir la guerre, pour trouver une vie décente, pour
vivre d’espoir, montrent bien que les Occidentaux ne doivent pas avoir honte de
la société qu’ils ont bâti pendant des siècles, bien au contraire, et que
toutes les imperfections à ce modèle, toutes les failles qui rendent sa
structure fragile (dont ont profité, entre autres, le nazisme et le communisme)
imposent de se battre pour le préserver et l’améliorer.
Etude du CREC sous la direction d’Alexandre Vatimbella
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