samedi 31 octobre 2015

L’Humeur du Centriste. Rama Yade ou l’ultime opportuniste carriériste

Il n’y a pas grand-chose à dire sur les idées politiques de madame Rama Yade et ceci depuis longtemps, en fait, depuis qu’elle prétend faire de la politique.
Alors, pourquoi parler d’elle et lui faire de la publicité au moment où elle se fait exclure du Parti radical.
Parce qu’elle est, avec quelques autres, l’exemple ultime de l’opportunisme carriériste.
Une maladie bien connue de l’espace qui se trouve au centre de l’échiquier politique.
Elle n’est évidemment pas la première à en être atteinte et malheureusement pas la dernière.
Mais enfin voici une personne dont la seule finalité était d’exister à tous prix dans les médias et à se faire élire quelque part, voire partout.
Si elle a bien réussi à séduire les journalistes qui lui ont tendu généreusement leurs micros et qui l’ont même bombardée éditorialiste dans plusieurs médias, les électeurs (et les responsables politiques) ont été beaucoup plus réticents à lui dérouler le tapis rouge.
A part Nicolas Sarkozy qui l’a faite ministre par le simple fait du prince comme il l’a fait pour Rachida Dati ou Nadine Morano, montrant ainsi d’ailleurs plus de sexisme que d’adhésion à la cause féminine et, peut-être, Jean-Louis Borloo, elle a laissé de marbre le monde politique qui se demande encore où est son positionnement, voire, tout simplement, si elle en a un.
Je rappellerai pour l’anecdote que lorsque Borloo a créé l’UDI, elle refusait l’appellation centriste avant de l’accepter par la suite, jouant à la girouette en la matière uniquement pour des raisons d’ambition personnelle.
Mais à force d’être partout et nulle part, elle a lassé beaucoup de monde.
Surtout sa paranoïa constante où chaque fois qu’on ne la reconnaissait pas à la valeur qu’elle estime avoir, elle criait au complot contre sa personne, des élections municipales à l’élection à la tête du Parti radical en passant par les élections régionales.
Peut-être que madame Yade va rebondir quelque part (peu importe où, ce n’est pas ce qui l’importe le plus) en politique ou dans les médias.
Peut-être que sa carrière est devant elle plutôt que derrière.
Son inconsistance n’est pas rédhibitoire dans la société dans laquelle nous vivons pour réussir.
Mais quand un(e) opportuniste se prend le bouillon, c’est néanmoins toujours une bonne nouvelle pour la politique, la vraie.
Même si ce plaisir est passager.

Centristement votre.

Le Centriste



jeudi 29 octobre 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. A la source du centrisme français

Au moment où les théories les plus radicales reviennent à la mode et se déversent dans les médias par des intellectuels qui se mettent en scène pour vendre leur message comme de la lessive avec soi-disant la volonté de dire la vérité aux Français et de les unir face aux périls extérieurs et intérieurs, alors même que leurs thèses sont clivantes, clientélistes et exclusives, il n’est pas inutile de dire ce qu’est le Centrisme aujourd’hui dans notre pays, en ce début de deuxième millénaire, car, lui seul, tourne le dos au relativisme d’un bord et au déterminisme de l’autre, lui seul recherche le bien être et l’épanouissement de tous et non de ceux de son camp avant tout.
Partons d’abord d’une définition simple.
Le Centrisme, partout dans le monde, est un humanisme respectueux et intégral du juste équilibre dont les valeurs sont, dans l’égalité, la liberté, la solidarité, la tolérance et le respect.
C’est donc un libéralisme social, réformiste, pragmatiste, progressiste et personnaliste qui défend la démocratie républicaine représentative et participative.
En France, trois pensées sont à la source du Centrisme: le libéralisme, le christianisme (avec la démocratie-chrétienne) et le radicalisme.
Le syncrétisme centriste de ces courants puissants aboutit à cet humanisme équilibré qui est à la recherche de la société harmonieuse faite de respect et de fraternité où le système politique de la démocratie républicaine met en avant la valeur première qu’est la liberté avec comme règle de base l’égalité.
Au-delà de ces mots ronflants, le Centrisme fait confiance à l’être humain libre, égal à un autre à sa naissance et donc dans les chances qu’il a de réussir grâce à son mérite pour vivre dans une société où il respecte l’autre notamment ses droits autant que les siens permettant ainsi une collaboration pacifiée à la base du lien social.
Pour cela, il doit être averti et émancipé (grâce à la transmission du savoir et à l’information délivrée), ce qui lui permet d’envisager lui-même ce qui est bon pour lui et la communauté dans lequel il vit ainsi que d’élire ses représentants en tout connaissance de cause.
Schématiquement, la liberté du Centrisme vient du libéralisme, sa solidarité du christianisme et son adhésion à la république du radicalisme.
Ainsi, le centrisme français découle du libéralisme parce qu’il se bat pour les droits naturels d’un individu autonome et responsable poursuivant son intérêt.
Il découle du christianisme (démocratie-chrétienne) parce qu’il se bat par l’amour (agapé) pour le respect d’une personne partageant la condition humaine universelle et la solidarité dans sa communauté.
Il découle du radicalisme parce qu’il se bat par la raison pour la dignité d’un citoyen averti et conscient défenseur d’une laïcité intégrale et intégrante.
Mais le libéralisme, le christianisme et le radicalisme ne sont pas les seules sources du centrisme français même si elles en sont les principales.
On peut citer, entre autres, la médiété d’Aristote, le juste milieu de Confucius, le solidarisme de Léon Bourgeois, l’européanisme de Victor Hugo à Robert Schuman en passant par Aristide Briand, entre autres.
En ce deuxième millénaire où nous devons construire, face aux défis énormes qui se présentent, une société apaisée, équilibrée et harmonieuse où l’initiative individuelle et la collaboration de tous et entre tous sont indispensables afin de trouver les bonnes solutions et, surtout les mettre en place de manière consensuelle que ce soit dans notre pays, en Europe et dans le monde par une mondialisation humaniste, le Centrisme – et notamment le centrisme français – apporte les éléments nécessaires à cette entreprise.
Armé comme il est et reposant sur des bases aussi solides, le centrisme français a donc tous les atouts pour convaincre une majorité de nos compatriotes.
Encore faudrait-il qu’il y ait des voix pour le faire et qu’elles soient assez fortes pour émerger face au vacarme assourdissant des petites pensées mesquines sans avenir.



mercredi 28 octobre 2015

Actualités du Centre. Côte d’Ivoire – Présidentielle: facile réélection du centriste libéral Ouattara

Sans surprise, Alassane Ouattara a été réélu à la présidence de la république de la Côte d’Ivoire pour cinq années supplémentaires dès le premier tour.
Sans surprise, également, la participation a été nettement plus basse qu’en 2011, lors du précédent scrutin, passant de 80% à un peu moins de 55%, ceci étant du au boycott de l’élection par plusieurs formations politiques dont celle de l’ancien chef de l’Etat, Gbagbo.
En revanche, dans un vote qui a été qualifié d’honnête par l’ensemble des observateurs internationaux, c’est l’ampleur de la victoire de Ouattara qui est une surprise puisqu’il gagne avec 83,66% des suffrages selon le décompte de la commission électorale.
A 73 ans, l’homme politique ivoirien qui passa un temps du FMI (Fonds monétaire international) aura donc l’opportunité de continuer la modernisation et l’assainissement du pays qui connait une forte croissance grâce à la politique économique libérale mise en œuvre et qui lui a assuré un soutien important de la population mais aussi le retour de la confiance des investisseurs étrangers, ce qui n’était pas une mince affaire.
Mais il lui faudra également résoudre d’énormes problèmes comme la pauvreté d’une grande partie de son peuple ainsi que la véritable réconciliation qui tarde à venir après les années difficiles de la présidence de Laurent Gbagbo, emprisonné à La Haye et devant être jugé par le Tribunal pénal international pour la mort de plus de 3.000 personnes lors de son refus de quitter le pouvoir après sa défaite en 2011.
Néanmoins, il faut porter à son crédit la paix qui règne désormais en Côte d’Ivoire alors que le pays était à la dérive voilà cinq ans et que certains l’estimaient en péril et proche d’une implosion dévastatrice avec des bandes armées qui faisaient régner la terreur.
C’est dans sa capacité à s’attaquer réellement aux fractures encore existantes de la société ivoirienne que le second mandat d’Alassane Ouattara sera un succès ou non.



lundi 26 octobre 2015

Actualités du Centre. Pologne – Législatives: défaite des centristes au pouvoir

Plateforme civique
C’est le parti de la droite radicale et parfois extrême, Droit et justice (PiS), qui a remporté les élections législatives du 25 octobre – après avoir remporté le 24 mai dernier l’élection présidentielle avec Andrzej Duda – en battant la coalition centriste d’inspiration libérale au pouvoir (Plateforme civique et Parti paysan polonais).
Même si les résultats officiels ne seront pas connus avant demain soir, la première ministre sortante, Ewa Kopacz (Plateforme civique) a reconnu sa défaite.
Selon des projections Droit et justice pourrait obtenir la majorité des sièges de députés avec un peu moins de 40% des suffrages, Plateforme civique étant crédité d’un peu moins de 25% des voix.
Après la victoire de Droit et justice, son leader Jarosław Kaczyński a fait une déclaration pour le moins étonnante dans un pays démocratique et d’état de droit mais peu surprenant des opinions que lui et son frère (décédé dans un accident d’avion alors qu’il était président du pays en 2010) professent, expliquant qu’il n’y aurait pas de représailles, ni rétorsion envers les battus.
La prochaine première ministre, Beata Szydlo, devrait mettre en œuvre un programme qualifié par certains de «social-conservateur» et «national conservateur», des qualificatifs bien modérés pour une vision très réactionnaire de la modernité et des professions de foi nationalistes souvent très limites, agrémentées d’une euroscepticisme important.
A noter que la politique économique du PiS s’est inspirée de celle du gouvernement de droite extrême en place en Hongrie et dirigée par le très controversé Viktor Orban, dont Jarosław Kaczyński est un admirateur.



samedi 24 octobre 2015

Regards Centristes. 2 – Le libéralisme n’est pas monolithique mais son point d’équilibre est au centre

Regards Centristes est une série d’études du CREC qui se penchent sur une question politique, économique, sociale ou sociétale sous le prisme d’une vision centriste. Deuxième numéro consacré au libéralisme et à son actualité en France où, désormais, la Droite et la Gauche le revendiquent après l’avoir longtemps démonisé alors que le Centre l’a toujours accueilli comme faisant partie de son corpus de pensée.

Le Libéralisme, et c’est tant mieux, semble être devenu en France un héritage national commun à tous les courants politiques excepté les extrêmes.
Cela n’a pas toujours été le cas et cette appropriation semble parfois un peu artificielle sur certains points quand elle n’est pas bâtie sur une méconnaissance de ce qu’est le libéralisme par ceux qui s’en revendiquent.
Rappelons que le Libéralisme est né de cette idée théorisée par John Locke que les individus pouvaient se gouverner eux-mêmes si leur puissance à chacun (théorisée, elle, par Hobbes qui en faisait pour la première fois un attribut ontologique de l’individu) était transformée dans des droits qui devaient obéir à la loi.
Cette confiance dans la capacité du peuple à s’autogouverner venait en complète opposition à ce que Thomas Hobbes avait écrit dans le Léviathan, bible des conservateurs (les adeptes du Conservatisme et non ceux qui voudraient conserver des acquis que l’on peut trouver autant à droite qu’à gauche de nos jours), qui démontrait que le choc des puissances individuelles créait l’anarchie et que seul un gouvernement fort (en l’occurrence la monarchie absolue pour Hobbes) pouvait permettre à chacun de vivre en paix.
Elle est également en complète opposition à la théorie socialiste (le Socialisme s’est créé en opposition aux thèses libérales) qui estimait qu’il fallait réguler la liberté individuelle au profit d’une liberté collective avec une forte restriction de l’initiative individuelle notamment en matière économique (d’où, pendant longtemps, une volonté de nationaliser plusieurs secteurs de l’économie comme les banques ou les industries lourdes).
Bien sûr, au cours des ans les systèmes et les pensées hybrides ont quelque peu mélangé les concepts.
Ainsi, dès les années 1920-1930, on peut dire que le célèbre économiste britannique John Maynard Keynes était un libéral alors même que son projet d’une puissance publique régulatrice de l’économie, notamment en cas de crise, venait en opposition de l’idée libérale, non pas du laisser faire, mais d’une organisation de la sphère économique permettant, non seulement, à la liberté d’exister mais aussi à la vraie concurrence de s’exercer (ce qui suppose des normes que beaucoup d’ultralibéraux rejettent) sans, néanmoins, aucune intervention étatique dans le fonctionnement quotidien de la machine productive.
Aujourd’hui, plusieurs libéralismes se répondent, s’enrichissent les uns les autres, voire se combattent férocement.
En matière politique, on distingue essentiellement trois formes de libéralisme.
Il y a d’abord le conservatisme libéral ou libéral conservatisme, un courant de la droite qui est très conservateur voire même réactionnaire au plan des mœurs et du fonctionnement de la démocratie républicaine (ayant une préférence d’ailleurs pour le républicanisme démocratique) mais qui est très libéral, voire ultralibéral (comme l’était Margaret Thatcher ou Ronald Reagan) en matière économique, prônant la dérégulation à tout va qui bénéficie aux plus riches.
C’est un mélange de Thomas Hobbes (politique) et de Friedrich Hayek (économie).
Aujourd’hui, beaucoup de leaders de LR se réclament d’un libéralisme économique tout en étant conservateurs.
On peut citer comme principaux chef de file politiques actuels en France, François Fillon, Hervé Mariton et à un degré moindre Nicolas Sarkozy.
Quant au social-libéralisme ou socialisme libéral, c’est un courant de la gauche qui est positionné à la droite de la gauche et dont la vision est celle d’une société où si la liberté est toujours pensée à travers le prisme de l’égalitarisme néanmoins, en matière économique, il prône une liberté d’entreprendre ainsi que les règles du marché, bien loin d’une économie planifiée et contrôlée.
Les chefs de file politiques français de ce courant sont Manuel Valls et Emmanuel Macron.
Ses tenants viennent de la gauche antiautoritaire voire libertaire et sont dans la droite ligne d’un John Stuart Mill, héraut du libéralisme «social» au XIX° siècle mais aussi de l’Américain John Rawls (avec sa théorie de la justice) ou de l’Indien Amartya Sen.
Reste le libéralisme social qui est centriste.
Ce dernier reprend à son compte la liberté libérale, tant en matière politique qu’économique, mais la transcende dans un humanisme intégral qui impose un respect de la personne et de sa dignité, donc une solidarité qui lui confère sa couleur sociale.
Mais, à l’inverse du social-libéralisme (et du Socialisme), c’est bien d’abord en libérant les capacités de l’individu, ce qui lui permet de créer et de réaliser de la plus-value, que l’on peut faire une redistribution sans pour autant gripper la machine productive et non en imposant d’abord la redistribution dans une vision égalitariste mais simplement en établissant l’égalité en matière sociale comme reposant sur l’égalité des chances (opportunités) et la méritocratie effectives.
Cette vision humaniste vient, entre autre, de la pensée démocrate-chrétienne, autre grand apport avec le libéralisme du corpus centriste.
De même, le Centrisme n’est pas soluble dans le Conservatisme et réciproquement parce que le premier nommé refuse une société figée dans ses structures et dans son organisation sociale.
De par sa tradition libérale, il est réformiste et ouvert en matière sociétale (il faut rappeler à ce propos les réformes en matière de mœurs de Valéry Giscard d’Estaing quand il accède à l’Elysée en 1974) mais aussi pour une organisation de la solidarité de par sa tradition démocrate-chrétienne qui n’est pas celle des conservateurs.
C’est pourquoi d’ailleurs les partis libéraux en Europe sont souvent proches du centre de l’échiquier politique et que l’UDF lors de sa création regroupait essentiellement des démocrates-chrétiens et des libéraux (et quelques droitistes réactionnaires égarés…).
Pour être tout à fait complet, il faut citer ceux qui se revendiquent uniquement du libéralisme, ce qui est le cas, en France, du petit parti libéral démocrate qui se trouve à la gauche de LR et à la droite de l’UDI (il fut même un temps membre de cette confédération).
N’oublions pas, non plus, ceux qui associent le Libéralisme avec certains des concepts anarchistes et se revendiquent du Libertarisme aux Etats-Unis sous l’influence d’un Robert Nozick (mouvement qui flirte bizarrement avec le Parti républicain et dont le chef de file est Rand Paul, le sénateur du Tennessee) et, parait-il le «libéralisme libertaire» en France (terme forgé et utilisé d’abord par des marxistes de manière péjorative) qui a peu de visibilité actuellement même si une personnalité comme Daniel Cohn-Bendit s’en est parfois revendiquée.
Ce courant de pensée prône un Etat minimal et la plus grande liberté possible, tant en matière de mœurs qu’économique, faisant de la société civile, le lieu de résistance radicale au pouvoir étatique.
Pour autant, comme pour l’ultralibéralisme – qui est un cocktail de libéralisme extrême en matière économique et de conservatisme extrême en matière sociale et sociétale – le Libertarisme ne peut être considéré généralement comme un libéralisme.
Avec ce panorama rapide et évidemment réducteur, il est intéressant de voir que le Socialisme qui s’est forgé comme antithèse au Libéralisme veuille désormais le récupérer mais aussi de voir que le Conservatisme qui était son anti-modèle et contre lequel le Libéralisme s’est forgé comme antithèse s’en réclame.
En revanche, c’est tout naturellement que le Libéralisme est devenu dès le départ une référence du Centrisme.
Mais on ne peut nier, par exemple, que le terme «liberal» désigne aux Etats-Unis des gens de gauche du Parti démocrate qui sont des défenseurs de la liberté face aux conservateurs du Parti républicain.
De même, le débat qui s’est instauré dans les années 1970 et 1980 et qui a aboutit dans les années 1990 à la Troisième voie, c’est-à-dire à un socialisme libéral, dans les pays anglo-saxons (Bill Clinton aux Etats-Unis, Tony Blair en Grande Bretagne), montre qu’il y a eu une avancée libérale à gauche même si pour beaucoup Clinton et Blair sont avant tout des centristes, ce qui est plutôt exact.
On peut en conclure que l’on trouve du libéralisme à la fois à droite, au centre (beaucoup) et à gauche.
Et ceci est bien normal puisque le libéralisme a fondé politiquement parlant la démocratie républicaine qui a cours aujourd’hui dans tous les pays occidentaux, issue directement des révolutions américaine et française du XVIII° siècle.
En matière économique et sociale, il est certainement actuellement plus ancré au centre mais il faut se réjouir qu’il soit de plus en plus largement présent à droite et à gauche, suscitant un intérêt croissant pour son réformisme et son ouverture.
Au fond, ceux qui veulent s’approprier le libéralisme uniquement pour leur chapelle sont un peu comme ceux qui tentent de s’approprier la république ou la démocratie dans nos sociétés occidentales d’aujourd’hui.
Ainsi, le libéralisme comme morale politique, comme théorie de la société bonne et juste, celle, comme le dit Catherine Audard (auteure d’un livre de référence, «Qu’est-ce que le libéralisme») «où chacun est le meilleur juge de ses intérêts et de la conduite de sa vie, est laissé aussi libre que possible tant qu’il ne nuit pas à autrui et n’attente aux intérêts vitaux de personne» et «qui respecte ces deux fondements normatifs de la théorie libérale, les principes de liberté et d’égalité des personnes», appartient à tous les courants démocratiques qui font vivre notre démocratie républicaine.
Même si le degré de libéralisme baisse au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre de l’échiquier politique.

Etude du CREC sous la direction d’Alexandre Vatimbella

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Actualités du Centre. Espagne – Législatives: les centristes peuvent-ils créer la surprise?

Alors que le parti d’extrême-gauche Podemos est en recul dans l’opinion, début octobre, un sondage donnait le parti centriste Ciudadanos à 21,5% des intentions de vote pour les législatives du 20 décembre soit juste derrière le Parti populaire (PP, droite au pouvoir) à 23,4% et le Parti socialiste (PSOE) à 23,5%.
Depuis, les derniers sondages sont moins favorables, situant le score de Ciudadanos entre 16% et 18% (16,1% le 19 octobre, 18,1% et 17,6% le 20 octobre), mais toujours en troisième position ce qui reste, malgré tout, une très belle performance.
Selon les projections d’un sondage 23 octobre, cela donnerait 57 sièges à Ciudadanos contre 92 au PSOE et 127 pour le PP (41 pour Podemos).
Ce résultat serait considéré comme une victoire pour le parti centriste qui se s’était pas présenté aux dernières législatives de 2011.
Mais son leader, le catalan Alberto Rivera affirme que Ciudadanos se battra pour remporter le scrutin et gouverner le pays.
Même s’il semble un peu optimiste quant à cette possibilité, le parti centriste sera sans doute au cœur des prochaines tractations pour former un gouvernement puisqu’aucune des deux grandes formations, le Parti populaire et le Parti socialiste ne devrait être en mesure d’obtenir une majorité de députés.
Créé en 2006, Ciudadanos est en outre parti pour prendre le leadership face aux petites formations centristes actuellement représentées au Congrès général (chambre des députés) des Cortes (parlement bicaméral).

Celles-ci sont l’UPyD (Union progrès et démocratie, 5 députés) ainsi que les nationalistes catalans de CiU (Convergence et union, 10 députés) et les nationalistes basques du Parti nationaliste basque (6 députés).

jeudi 22 octobre 2015

Actualités du Centre. Etats-Unis – Obama et Clinton hauts dans les sondages

Les deux principaux leaders centristes américains, Barack Obama et Hillary Clinton, connaissent un mois d’octobre très positif en matière de sondages, ce qui n’était pas arrivé depuis un certain temps.
Ainsi, Barack Obama obtient 51% d’approbation à sa politique (sondage ABC / Wall Street Journal) tandis qu’Hillary Clinton a repris une avance confortable vis-à-vis des autres postulants à la candidature démocrate à la présidentielle après sa victoire sans conteste lors du premier débat les ayant opposés et depuis les révélations sur le véritable but de la commission de la Chambre des représentants concernant l’attaque du consulat américain de Benghazi où l’ambassadeur des Etats-Unis avait été tué, qui a toujours été de détruire ses chances d’accéder à la Maison blanche et non de chercher la vérité (c’est cette commission qui a monté en épingle la controverse sur ses emails alors que cette question ne concerne en rien l’attentat).
Et cette avance devrait normalement augmenter encore plus depuis que le vice-président Joe Biden a officiellement annoncé, le 21 octobre, qu’il ne serait pas candidat à la primaire démocrate.
Les derniers sondages lui donnaient en effet 49% des intentions de vote chez les démocrates contre 29% à Bernie Sanders et 15% à Joe Biden (NBC / Wall Street Journal) et même 54% contre 23% à Sanders et 16% à Biden (ABC / Washington Post).
Le retrait de Joe Biden (démocrate modéré) devrait augmenter encore cette avance face au candidat socialiste et se revendiquant anticapitaliste Bernie Sanders.
En revanche, du côté des républicains, les centristes sont à la peine face à la montée qui semble désormais inexorable des populistes démagogues comme Donald Trump ou Ben Carson.
Ainsi, John Kasich, le candidat à la candidature du parti le plus proche du centre de l’échiquier politique ne recueille que 3% des intentions de vote pour la primaire selon le dernier sondage CNN.
Quant à Jeb Bush, conservateur plus ou moins modéré, il est, dans le même sondage toujours très en retard à 8% et même à 7% dans  d’autres études d’opinion où Donald Trump continue de faire la course en tête devant Ben Carson suivi désormais par Marco Rubio, le sénateur de Floride, élu grâce au Tea Party, cette organisation située à l’extrême droite du Parti républicain..



mardi 20 octobre 2015

Une Semaine en Centrisme. L’UDE concurrente ou partenaire de l’UDI?


L’UDI (Union des démocrates indépendants) s’est fondée en 2012 pour réunir les centristes à la fibre écologique.
L’UDE (Union des démocrates et des écologistes) vient, quant à elle, de tenir son congrès fondateur le 17 octobre dernier, afin de réunir les écologistes à la fibre centriste.
Il devrait donc y avoir une entente plus que possible entre les deux entités.
Et pourtant.
L’UDI a été fondée par des personnes de centre-droit et de droite modérée et dont la fibre écologique n’est présente que chez une partie d’entre eux, les fidèles de Jean-Louis Borloo et quelques autres.
L’UDI est une confédération de partis (Parti radical, Nouveau centre, FED, Alliance centriste, etc.) dont l’ambition est de rassembler tous ceux qui se trouvent au centre-droit et à la droite modérée.
L’UDE a été fondée par des écologistes et dont la fibre centriste est plutôt à gauche et même à gauche du Parti radical de gauche plutôt qu’au centre-droit et même au centre tout court.
L’UDE est une fédération de partis (Ecologistes!, Front démocrate, etc.) dont l’ambition est de rassembler tous ceux qui se trouvent au centre-gauche et à la gauche modérée et qui ont une fibre écologique mais pas seulement (le choix de l’appellation du parti où un «et» existe entre les mots démocrates et écologistes montre son ambition en la matière).
Dès lors, au-delà de la proximité de leur nom voulue par les créateurs de l’UDE, Jean-Vincent Placé, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias, il semble qu’il existe, si ce n’est un fossé entre les deux formations, en tout cas, des différences plus que minimes.
Et si l’allié «naturel» de l’UDI est LR, celui de l’UDE est le PS.
Néanmoins, les passerelles existent.
Ainsi de la volonté d’être rassembleur de la part des deux partis, de prôner des politiques concrètes qui marchent et qui sont consensuelles.
Cela  pourrait créer des ponts et aboutir, si ce n’est à une union quelconque électorale ou gouvernementale, à des objectifs communs et donc des alliances de circonstance sur telle ou telle question, sur telle ou telle mesure à mettre en place.
En outre, l’UDI et l’UDE partagent un fort européanisme militant qui les rapproche.
Mais le lien le plus évident entre l’UDI et l’UDE est le grand absent de cette recomposition au centre de l’échiquier politique, Jean-Louis Borloo qui a pris sa retraite de la politique pour se consacrer au développement de l’Afrique.
Du coup, sa prise de distance (définitive?) fait que, pour l’instant, l’UDI et l’UDE ne sont ni partenaires, ni concurrentes, elles rassemblent des courants différents.
Pour autant, les proximités existent et il suffirait que les deux entités se déportent un peut plus vers de centre du Centre pour qu’alors elles deviennent, soit concurrentes, soit partenaires.
Dans ce dernier cas de figure, ce serait en quelque sorte l’aboutissement du projet manqué… du Mouvement démocrate!
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC



Actualités du Centre. Canada – Législatives: le Parti libéral, centriste, vainqueur

Justin Trudeau
Le Parti libéral du Canada (PLC) qui se revendique comme centriste a remporté les élections législatives canadiennes contre toute attente, obtenant même la majorité absolue à la Chambre des communes avec plus de 180 députés sur 338.
Formation dominante du pays pendant la majeure partie du XX° siècle, il s’était lentement enfoncé dans la crise et avait touché le fond en 2011 en terminant troisième des législatives derrière le Parti conservateur du Canada (PCC, droite) et le Nouveau parti démocrate (NPD, gauche social-démocrate).
Le retour au pouvoir doit beaucoup à la personnalité de leur chef et futur premier ministre, Justin Trudeau, dont le père, figure charismatique du monde politique jusqu’à sa mort en 2000, Pierre-Elliott Trudeau, dirigea lui-même le Canada entre 1968 et 1979 puis entre 1980 et 1984.
Justin Trudeau qui est devenu leader des libéraux en 2013 est, selon la presse canadienne, le grand artisan de cette renaissance alors même que les sondages plaçaient le parti en troisième position il y a quelques mois et qu’aucun d’entre eux n’avaient prévu cette victoire aussi nette.
Avec 39,4% des votes, les libéraux devancent les conservateurs qui obtiennent 31,9% des suffrages et les sociaux-démocrates, 19,7%.
En terme de nombre de députés, cela donne 184 pour le PLC, 99 pour le PCC et 44 pour le NPD.
A noter que le parti souverainiste, le Bloc québécois (à ne pas confondre avec le Parti québécois, indépendantiste qui n’œuvre que dans la province su Québec), a obtenu 4,7% des suffrages.



lundi 19 octobre 2015

Actualités du Centre. Suisse – Législatives: les centristes stables face à une poussée de la droite

Les élections législatives suisses qui se sont déroulées le 18 octobre ont été une victoire pour le parti de droite radicale (aux accents souvent d’extrême-droite), l’UDC (Union démocratique du centre) qui a obtenu 29,4% des voix contre 26,6% en 2011.
La formation passe ainsi de 54 sièges dans le précédent Conseil national à 65 sur les deux cents que compte cette assemblée.
Marine Le Pen a salué cette victoire.
De son côté, le Parti socialiste connait une stabilité quasi-parfaite réalisant un score de 18,8% contre 18,7% en 2011.
Il perd néanmoins trois sièges passant de 46 à 43.
Le parti de centre-droit, PLR (Parti libéral radical), s’il ne parvient pas à devenir le deuxième parti suisse comme il en avait l’ambition, progresse toutefois passant de 15,1% des suffrages en 2011 à 16,4%.
Il gagne ainsi trois sièges passant de 30 à 33
En revanche, les autres formations centristes sont en recul, le PDC (Parti démocrate-chrétien) passant de 12,3% des suffrages à 11,6% (27 sièges contre 28 précédemment), le PVL (Parti vert’libéraux) passant de 5,4% à 4,6% (7 sièges contre 12 précédemment) et le PBD (Parti bourgeois démocratique) passant de 5,4% à 4,1% (7 sièges contre 9 précédemment).
Au total, les partis du centre de l’échiquier politique réalisent un score de 37,7% contre 38,2% en 2011 et obtiennent 74 sièges contre 79 dans le précédent Conseil national, soit cinq de moins.
Le Conseil national devra élire le prochain Conseil fédéral composé de sept membres, correspondant au nombre de départements ministériels (la présidence de la confédération étant attribué à l’un d’entre eux pour un an selon un mécanisme de rotation prenant en compte l’ancienneté respective des conseillers).
A noter qu’une «formule magique» est appliquée de manière consensuelle par les différents partis et qui consiste à élire deux membres du PS, deux membres du PLR, un membre du PDC, un membre du PBD et un membre de l’UDC.
Cette formule a été revue au cours des ans afin de prendre en compte la meilleure représentativité possible.
Néanmoins, l’UDC qui est généralement isolée, revendique désormais deux sièges au Conseil fédéral, ce qui était aussi l’enjeu de cette élection.
La victoire de la formation de droite radicale et sa progression tant en termes de voix que de sièges vont donc reposer la question de sa représentativité dans l’organe exécutif du pays.



Actualités du Centre. Etats-Unis – D’anciens élus créent une structure pour faire élire des centristes au Congrès

De moins en moins d’élus centristes se trouvent sur les bancs du Congrès américain, qu’il s’agisse de représentants ou de sénateurs.
La droitisation à outrance du Parti républicain depuis le milieu des années 1990 fait que pratiquement plus aucun élu modéré ne vient de ce parti.
Du côté des démocrates, si une tendance à présenter des candidats plus à gauche qu’auparavant peut être notée, la disparition des centristes vient souvent de leurs défaites dans des circonscriptions plutôt à droite où ils avaient été élus en tant que démocrates conservateurs ainsi que dans le redécoupage partisan de nombreuses circonscriptions par les pouvoirs locaux dominés par les républicains.
L’absence de centristes en nombre suffisant a eu comme conséquence une polarisation de plus en plus grande du Congrès et une impossibilité de trouver un consensus qui est à la base du système politique américain mais aussi de la démocratie tout court.
C’est pour essayer de remédier à cette situation préoccupante dont on voit les dégâts tous les jours dans le fonctionnement de la démocratie américaine que de nombreuses tentatives naissent depuis quelques années pour promouvoir les candidatures modérées dans les deux camps, démocrates et républicains.
Celles-ci, malheureusement, ne donnent guère de résultats significatifs pour l’instant.
Mais cela ne décourage pas les initiatives.
Dernière en date, celle baptisée American Center venue de sénateurs démocrates modérés battus lors des dernières élections, notamment en 2014.
Menée par l’ancienne sénatrice de Louisiane Marie Landrieu – qui avait déjà mis sur pied une structure similaire Hold the Center (Tenez bon le Centre) – et par l’ancien sénateur d’Alaska Mark Begich ainsi que par l’ancien sénateur de Caroline du Nord Kay Hagan et par l’ancienne sénatrice de l’Arkansas Blanche Lincoln, ils estiment, selon les propos de Begich au quotidien USA Today, «qu’il y a un grand besoin dans ce pays de modérés qui rejettent les positions extrêmes des deux bords».
«Parfois, ajoute-t-il, je pense que les messages des modérés se perdent parce que les gens disent ‘bon, ce ne sont qu’une bande de conciliateurs’ mais ce n’est pas le cas. Nous voulons vraiment que cela fasse avancer les choses concrètement.»
Pour Landrieu, «vous devez prendre des décisions qui sont équilibrées. Le mot compromis n’est pas un sale mot, il est un composant essentiel de cette démocratie».
American Center devrait soutenir des candidats démocrates ou républicains qui sont en faveur de la croissance économique et qui ont des vues progressistes en matière sociales, d’éducation et d’immigration.


samedi 17 octobre 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Docteur centriste et Mister centriste ou la schizophrénie du Centre

Récapitulons.
Les centristes sont contre Sarkozy mais alliés avec lui.
Ils renvoient Gauche et Droite à leurs échecs communs mais sont alliés avec la Droite et ne critiquent que la Gauche.
Ils prétendent être indépendants mais refusent de se présenter sous leur bannière.
Ils parlent d’unité pour la France mais ne sont même pas capables d’être unis entre chapelles centristes et même, pour l’UDI, à l’intérieur même de leur formation.
Les leaders centristes manient décidément le paradoxe sans états d’âme, croyant sans doute que les Français sont aveugles et sourds.
Ainsi, le Mouvement démocrate s’apprête à faire liste commune partout avec Les républicains aux prochaines régionales alors même que François Bayrou n’a pas de mots assez durs envers Nicolas Sarkozy, souhaitant à voix haute sa défaite à la prochaine élection présidentielle.
Or, il faudra nous expliquer comment le président du MoDem peut s’en prendre avec une telle violence au président d’un parti avec qui il fait liste commune, sachant que ce dernier a été démocratiquement élu par une majorité importante des militants de LR, donc qu’il a, non seulement, la légitimité pour occuper ce poste, mais également la confiance de ses troupes et que c’est lui qui définit la ligne politique.
De même, l’UDI fera liste commune partout avec LR pour ces mêmes régionales alors même que Jean-Christophe Lagarde accuse sans cesse la Droite et la Gauche d’être responsables, depuis 1981 de tous les échecs de la France.
Bizarrement, après avoir dit cela, ses seules critiques vont à la Gauche…
Idem pour un François Bayrou qui fait tout pour être considéré comme un homme de droite, en critiquant François Hollande de manière quasiment compulsive.
L’UDI a décidé de mettre le mot «indépendants» dans son appellation tandis que le Mouvement démocrate se targue d’être le plus indépendant des partis.
Mais voilà que lorsque des élections comme les régionales se font à la proportionnelle aucune des deux formations n’a le courage de se présenter sous sa propre bannière alors même que c’est l’élection, avec la présidentielle et les européennes, où l’on peut être le plus soi-même.
Les centristes rêvent d’unir le pays dans un climat apaisé et François Bayrou n’arrête pas de parler d’union nationale, de large rassemblement politique allant du centre-gauche à la droite modérée et autres réunions consensuelles mais ils ne sont même pas capables de s’unir entre centristes.
Pire, ils se tirent dans les pattes et ont réussi ce tour de force de s’allier à LR pour les régionales sans même s’allier ensemble préalablement.
Sans parler des haines entre chefs de l’UDI qui font penser à certains à une prochaine implosion avec, dernier épisode en date, le refus des têtes de listes du parti aux régionales de soumettre leur liste à la commission interne et ce malgré les statuts qui les y obligent.
On pourrait continuer ainsi mais le lecteur a déjà compris que c’est d’une pitoyable schizophrénie dont sont atteints la plupart des leaders centristes.
Exister sans exister, s’affirmer sans s’affirmer, se déclarer indépendant tout en redoutant l’indépendance, s’allier avec d’autres pour ne pas avoir à se compter, voilà les partis centristes de 2015 en France.
Ce n’est guère l’image d’un courant politique dynamique et conquérant.
Et c’est sans doute ce que penseront les électeurs en 2017.



vendredi 16 octobre 2015

Regards Centristes. 1 – Présidentielle: où sont les Obama et Trump français?

Regards Centristes est une série d’études du CREC qui se penchent sur une question politique, économique, sociale ou sociétale sous le prisme d’une vision centriste. Premier numéro consacré à l’élection présidentielle française de 2017 et pourquoi on ne trouve jamais des candidats sérieux au profil décalé qui existent assez souvent aux Etats-Unis.

Nous autres, Français, sommes étonnés, amusés, voire un peu beaucoup condescendants, de voir que des personnalités comme Barack Obama (un «inconnu» noir), Ronald Reagan (un acteur), Ross Perot ou Donald Trump (deux milliardaires excentriques et narcissiques), Ben Carson (un neurochirurgien démagogue et extrémiste religieux) ou même Dwight Eisenhower (un général sans aucune expérience politique) puissent se présenter à la présidence des Etats-Unis et même parfois être élus.
Pour certains d’entre nous cela jette un certain opprobre sur les Etats-Unis car la politique, selon notre culture en la matière, est trop sérieuse pour être confiée à ce genre de candidats.
Pour d’autres, à l’opposé, cela montre la vitalité de la démocratie américaine avec, comme justification, cette extraordinaire victoire de Barack Obama en 2008 et sa non moins extraordinaire réélection en 2012 qui montrait, au-delà du choix partisan, que son élection n’avait pas été un événement sans lendemain issue d’une exaltation passagère et repentante du peuple étasunien.
Sans oublier cette possibilité pour un ancien acteur de série B, Ronald Reagan, de devenir président.
En revanche, nous sommes un peu plus sceptiques et interrogatifs sur des hommes comme Ross Perot (candidat indépendant en 1992 et 1996) et Donald Trump, des milliardaires qui viennent perturber le paysage politique avec des idées populistes ainsi que des propos démagogiques, voire insultants pour le dernier nommé, candidat à la candidature républicaine pour la prochaine présidentielle de 2016 et qui n’exclut pas, malgré son serment aux dirigeants du Parti républicain, de ne pas se présenter en indépendant.
Quant à Ben Carson, de propos scandaleux en propos scandaleux sur les juifs pendant la seconde guerre mondiale, les victimes des tueries par arme à feu, la comparaison des services fiscaux à la Gestapo, l’affirmation que depuis l’esclavage (il est lui-même afro-américain) il n’y avait rien eu de plus ignoble que la loi sur l’assurance santé de Barack Obama et ainsi de suite, il est actuellement en deuxième position dans les sondages sur la primaire républicaine juste derrière…. Donald Trump.
Si l’on regarde chez nous, les présidents que nous avons élus depuis le début de la V° République, on trouve un militaire (de Gaulle), des avocats (Mitterrand, Sarkozy), un banquier normalien (Pompidou) et des hauts fonctionnaires énarques (Giscard d’Estaing et Chirac), rien de très décalé...
De même, aucun d’entre eux n’étaient un novice en matière politique ou n’était un milliardaire.
Et il en est de même pour les candidats «sérieux» qui se sont présentés, c’est-à-dire ceux qui ont obtenu des scores significatifs: Jean Lecanuet (professeur agrégé puis haut fonctionnaire), Alain Poher (ingénieur et diplômé de sciences po), Jacques Chaban-Delmas (journaliste puis général…), Raymond Barre (professeur agrégé), Edouard Balladur (énarque et haut fonctionnaire), Lionel Jospin (énarque et haut fonctionnaire puis professeur), François Bayrou (professeur agrégé et exploitant agricole…), Ségolène Royal (énarque et haut-fonctionnaire).
Les deux exceptions sont Jean-Marie Le Pen (candidat du Front national en 2002 et présent au second tour) au parcours sinueux et Jacques Duclos (candidat du Parti communiste en 1969), apprenti-pâtissier avant de devenir un permanent du PC.
On peut éventuellement rajouter Georges Marchais (ouvrier métallurgiste avant de devenir permanent de la CGT) avec son score en 1981 en tant que candidat communiste.
Mais même les trois derniers nommés étaient lors de leurs candidatures des hommes politiques chevronnés.
Et aucun de tous ces candidats à l’Elysée ne tenaient des propos comme ceux de Donald Trump ou de Ben Carson – héritiers d’une longue lignée en la matière – à l’exception, bien entendu, de Jean-Marie Le Pen.
Si l’on se projette pour 2017, les principaux candidats en puissance (François Hollande, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Bayrou, Marine Le Pen voire Manuel Valls, Bruno Le Maire ou François Fillon) sont également des professionnels de la politique depuis un certain temps et n’ont pas un parcours particulièrement atypique de celui de tous leurs prédécesseurs depuis la première élection au suffrage universel il y a tout juste quarante ans.
Maintenant, si l’on recense les candidats «différents» ou «marginaux» qui ont eu un impact plus ou moins significatif sur la présidentielle française, il est difficile d’en trouver un.
On peut, à la rigueur, citer José Bové (paysan altermondialiste), Arlette Laguiller (employée de banque trotskyste), René Dumont (scientifique écologiste) ou Jean-Louis Tixier-Vignancour (avocat fasciste) mais aucun n’a guère pesé lors des présidentielles où ils se sont présentés et la plupart naviguaient dans le milieu politique depuis longtemps.
En revanche, sur ceux qui ont eu envie de se présenter, on peut trouver des profils qui se rapprocheraient des candidats américains que nous avons cités.
Il y a bien évidemment l’humoriste Coluche en 1981 dont les sondages le créditaient de 11% des intentions de vote (et 16% se disaient prêts à voter pour lui) mais aussi de l’animateur de télévision Nicolas Hulot en 2007 dont plus de 45% des Français souhaitaient alors sa candidature (en 2012, il tentera d’être le candidat d’Europe-écologie-les-verts mais échouera face à Eva Joly).
On peut également citer des personnalités qui avaient un moment le vent en poupe dans l’opinion et qu’une partie de celle-ci considérait comme de possibles candidats.
Dans cette catégorie, on peut ranger Bernard Tapie (homme d’affaire) et surtout Yves Montand (artiste) qui, en 1984, songeait à se présenter à la prochaine présidentielle et dont 36% des Français se disaient prêts à voter pour lui (il déclarera ne pas vouloir être candidat en 1987).
Au vu de cette revue d’effectif passé et présent, peut-on alors dire que nous ne nous trouverons jamais dans le cas de figure américain?
On ne peut évidemment jamais exclure qu’un ovni débarque pour 2017 – nous sommes encore à plus d’un an et demi du scrutin – ou après.
De même, notre histoire politique nous a donné des Napoléon (I et III), un général Boulanger et quelques autres aventuriers au destin plus ou moins magnifique, plus ou moins tragique, mais déjà lointain.
Néanmoins, il semble que notre pratique politique avantage plutôt les parcours traditionnels et les profils au cv politique déjà fourni.
Doit-on se féliciter ou regretter que notre méritocratie politique soit bloquée aux candidatures atypiques?
Un peu des deux…
Si cela nous a en effet permis d’éviter un Trump, cela nous a empêché aussi d’avoir un Obama et un Reagan.
D’autant que seuls ces deux derniers ont été élus (et sont considérés comme de bons présidents) alors qu’il semble difficile que le premier, très controversé dans son pays, y parvienne, démontrant que les atypiques dangereux sont toujours éliminés à un moment ou à un autre du processus électoral américain.
Ce fut le cas, par exemple, en 2008 de Sarah Palin, qui se présentait en tant que vice-présidente du candidat républicain John Mc Cain ou en 2012 de Michelle Bachmann candidate extrémiste du Tea Party (organisation populiste à la droite de la droite du Parti républicain) à la primaire républicaine.
On peut également le regretter en pointant, à l’instar d’un François Bayrou, le manque de renouvellement de notre élite politique et les multirécidivistes de la présidentielle qui seront présents en 2017 et dont étonnamment le président du Mouvement démocrate s’exclut lui-même alors qu’en se présentant, il en sera à sa quatrième candidature consécutive, juste derrière Arlette Laguiller et Jean-Marie Le Pen qui en cumulent cinq!
Mais ce serait oublier qu’il y a un réel brassage et de nouvelles têtes à chaque nouvelle présidentielle.
Ainsi, parmi les présidents de la V° République, deux seulement ont du attendre leur troisième candidature pour être élus (Mitterrand et Chirac), tous les autres étant passé dès leur première tentative (de Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Sarkozy et Hollande).
Alors, sans doute, le candidat surprise n’est pas une tradition française.
Pour autant, on ne peut ignorer le sondage réalisé en septembre dernier par l’IFOP pour le magazine Valeurs Actuelles qui faisait ressortir que 12% des Français se disaient prêts à voter pour le polémiste et éditorialiste au Figaro, Eric Zemmour.
Même si ce dernier a immédiatement déclaré qu’il n’était pas intéressé par une candidature à l’Elysée et même si les résultats de cette enquête sont à prendre avec précaution puisque seulement 8% des sondés estimaient que sa présence serait une bonne chose et que seuls 3% d’entre eux déclaraient qu’ils seraient «tout à fait prêts» (ce qui ne veut pas dire qu’ils le feraient) à voter pour lui.
Alors que les Français se montrent toujours aussi déçus par le personnel politique et que des personnalités politico-médiatico-intellectuelles les séduisent de plus en plus, d’Alain Finkielkraut à Michel Onfray, ce sondage sera-t-il un déclencheur ou un simple divertissement médiatique?
Toujours est-il que la surprise n’a jamais été absente de la présidentielle.
Ainsi, depuis 1962, date du premier scrutin au suffrage universel, nombre de candidats qui n’étaient pas favoris sur la ligne de départ l’ont emporté: Valéry Giscard d’Estaing en 1974, François Mitterrand en 1981, Jacques Chirac en 1995 et 2002, François Hollande en 2012.

Etude du CREC sous la direction d’Alexandre Vatimbella



jeudi 15 octobre 2015

Une Semaine en Centrisme. L’axe central, réalité sondagière en attendant mieux?

Comment faire la part des choses dans tous les baromètres que publient les médias sensés montrer quels sont les hommes et les femmes politiques préférés des Français.
En effet, les questions divergent avec des premières places souvent occupées par des personnalités différentes, ce qui, in fine, ne veut plus dire grand-chose.
Or, pourtant, si l’on prend cinq des derniers baromètres, celui des Echos (Elabe), celui de Paris Match (IFOP) celui du Point (IPSOS), celui du Figaro magazine (TNS-SOFRES) et celui de LCI-Metronews (Opinonway), force est de constater au moins deux similitudes.
La première et la plus forte est que, dans les cinq sondages précités, Alain Juppé arrive en tête quelle que soit la question posée (meilleure image pour Elabe, vision positive pour Paris Match, jugement sur l’action politique pour IPSOS, souhait de voir jouer un rôle important dans les mois et les années à venir pour TNS-SOFRES, satisfaction de l’action comme dirigeant pour Opinionway) avec respectivement 48%, 65%, 54%, 42% et 51% d’opinions positives.
Si ce n’est pas une sorte de plébiscite, cela y ressemble beaucoup mais ne garantit pas, cependant, une victoire à la présidentielle de 2017…
La deuxième, tout aussi intéressante, est que les personnalités représentant l’«axe central», Juppé compris, sont toujours dans les premières places.
Dans le sondage Elabe, le trio de tête est Juppé, Macron, Bayrou (Valls étant exclu de la liste en tant que premier ministre et sondé à part).
Dans le sondage IFOP, le quatuor de tête est Juppé, Bayrou, Raffarin, Valls.
Dans le sondage IPSOS Juppé est en tête, Christine Lagarde, seconde, Emmanuel Macron, cinquième et François Bayrou, septième (Valls étant exclu de la liste en tant que premier ministre et sondé à part).
Dans le sondage TNS-SOFRES Juppé est en tête, Christine Lagarde, troisième, Emmanuel Macron, sixième et François Bayrou, septième (Valls étant exclu de la liste en tant que premier ministre et sondé à part)..
Dans le sondage Opinionway, Juppé est en tête, François Bayrou, second, Jean-Christophe Lagarde, cinquième (tous les ministres sont exclus de la liste et sondés à part).
Cette relative constance des personnalités de l’axe central aux premières places de ces baromètres signifie évidemment quelque chose.
Que les Français aiment les politiques consensuels, donc rassurants.
Qu’ils se rallient à leurs propos et à leurs actions.
Que cet espace central a majoritairement leur préférence, ce qui est une bonne nouvelle au moment où les clivages extrémistes et radicaux sont promus sans cesse par les médias en quête de buzz.
Néanmoins cela ne veut pas dire forcément que nos compatriotes souhaiteraient que ces diverses personnalités gouvernent ensemble (certaines d’entre elles étant particulièrement appréciée à droite et d’autres à gauche ce qui réduit les zones d’identités communes).
De même, cela ne veut pas dire que les Français les voient dirigeant la France.
Le cas exemplaire dans ce domaine étant François Bayrou.
Depuis des années, le président du Mouvement démocrate est dans le peloton de tête de tous ces baromètres.
Néanmoins, tous les sondages réalisés lors de ces trois candidatures à l’Elysée disaient la même chose: les Français ne voyaient pas chez lui la stature d’un président de la république.
De même, il n’est pas majoritairement leur premier choix, les électeurs de droite ayant une bonne opinion de lui préférant voter pour un candidat de leur camp prioritairement.
Idem pour ceux de gauche.
D’où des scores décevants, notamment au scrutin de 2012.
Pour autant, en prenant comme hypothèse qu’Alain Juppé l’emporte en 2017 et devienne chef de l’Etat, il n’est pas inconcevable de penser que des personnalités comme François Bayrou, Christine Lagarde, Jean-Christophe Lagarde et Emmanuel Macron pourraient faire partie d’un même gouvernement et que Manuel Valls soit le leader d’une opposition responsable et constructive.
Et ces dernières pourraient également gouverner ensemble avec Manuel Valls, à l’Elysée!
Surtout si Juppé – hypothèse malgré tout la plus vraisemblable –, à l’instar de son prédécesseur à la mairie de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, faisait revivre la fameuse «Nouvelle société» de ce dernier lorsqu’il fut premier ministre de Georges Pompidou en 1969 où l’on retrouvait autour de lui à Matignon des hommes comme le chrétien de gauche Jacques Delors, les centristes Pierre-André Wiltzer et Jean Michard-Pellissier, le libéral Yves Cannac ou le mendésiste Simon Nora.
Ce serait un sacré pied de nez à l’histoire puisque le mentor de Juppé, Jacques Chirac, fut celui qui fit battre Jacques Chaban-Delmas à la présidentielle de 1974 en se ralliant avec 43 députés gaullistes à Valéry Giscard d’Estaing.
En définitive, il revient à ces personnalités de faire vivre concrètement cet axe central en s’alliant ou en créant des passerelles qui leur permettront de trouver des domaines où elles pourront s’allier pour réformer la France.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


mercredi 14 octobre 2015

Présidentielle USA 2016. Primaires démocrates – Examen de passage réussi pour la centriste Clinton

Le premier débat opposant les prétendants à la candidature démocrate pour la présidentielle de novembre 2016 a eu lieu hier soir à Las Vegas.
Comme prévu, il a été principalement animé par les deux personnalités en tête dans les sondages, Hillary Clinton et Bernie Sanders, les trois autres présents (Webb, O’Malley et Chafee) faisant de la simple figuration comme, d’ailleurs, dans les sondages.
Sanders, fidèle à lui-même et à son populisme anti-milliardaire qui lui a permis de remplir les stades, a expliqué qu’il voulait changer la société américaine en profondeur par une lutte contre la violence du capitalisme dans une démarche socialiste qu’il revendique même s’il la nomme «social-démocrate».
Clinton, fidèle quant à elle à sa démarche centriste – même si elle préfère se présenter comme «progressiste» plutôt que «modérée» – a parlé de réformer ce même capitalisme en luttant contre ses «excès» et en faveur des classes moyennes trop laissées pour compte ces dernières années tout en rappelant sans équivoque que les Etats-Unis étaient le pays des opportunités et que la réussite passait par la liberté d’entreprendre.
«Quand je pense au capitalisme, je pense à toutes les PME qui ont été créées car nous avons l'opportunité et la liberté de faire cela dans notre pays», a-telle notamment affirmée.
Deux visions donc différentes qui se sont confrontées et non opposées dans des échanges courtois, n’ayant rien à voir avec le cirque des débats entre républicains où l’invective et les gros mots ont remplacé le fond quasiment absent lors des deux premières éditions où Donald Trump a mené la danse.
D’ailleurs, ce dernier a tenté de parasiter le débat démocrate en envoyant des tweets agressifs et populistes, affirmant qu’il n’y avait «aucune star» sur le plateau de la chaîne CNN qui organisait l’évènement, tout au long de sa tenue sans parvenir à faire le buzz.
Ce dernier, c’est à Hillary Clinton qu’on doit le créditer car elle a su expliquer clairement sa démarche et sortir des polémiques où les républicains et les médias tentent de l’enfermer depuis des mois, notamment celle de ses e-mails lorsqu’elle était secrétaire d’Etat, n’ayant rien à voir avec son programme et sa capacité à gouverner la première puissance mondiale.
La presse américaine a salué sa prestation, certains médias la trouvant «impressionnante», surtout balayant les critiques sur sa faiblesse présumée et redonnant ainsi «confiance avec les démocrates», selon le New York Times qui ne l’avait pas épargnée de ses critiques ces dernières semaines.
Comme l’écrit le Washington Post, «il n’y a pas débat pour savoir qui a gagné le premier débat démocrate pour la présidentielle. (…) Hillary Clinton était bien informée, détendue, drôle, totalement pertinente et, plus important encore, présidentielle».
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC