Or donc Donald Trump est la grande surprise de la
présidentielle américaine de 2016 (qui n’en est encore qu’à ses prémisses,
rappelons-le), lui qui est en tête des sondages pour les primaires
républicaines, accentuant même son avance au fur et à mesure de ses
déclarations incendiaires et de l’indignation qu’elles suscitent.
Si l’on veut parler de lui sérieusement, il faut d’abord
retracer rapidement son histoire.
Fils d’un promoteur immobilier de Brooklyn aux pratiques
parfois peu orthodoxes, il a repris le flambeau dans les années 1970 en
construisant de nombreux immeubles dans tout le pays et particulièrement à New
York, sa ville natale.
Mais il est également un homme qui a fait toutes sortes de
business autour de sa personne et de son nom, devenant même une star de la
téléréalité en particulier avec son émission sur les apprentis businessmen.
Dès son entrée sur la scène immobilière puis sur celle des
peoples, Donald Trump a été, à la fois, un provocateur, un charmeur, un
manipulateur, un mythomane, toujours à la bouche l’insulte facile et la menace,
cette dernière comme tentative systématique de faire taire ses ennemis (très
nombreux) et la presse, notamment par des plaintes et des procès qui,
généralement, ne voient jamais le jour.
Sans oublier ses pratiques douteuses comme de donner de
l’argent à l’ensemble des politiciens de tous bords afin de pouvoir ensuite
leur demander (et y réussir souvent mais pas toujours) des retours sur
investissement.
Et ce n’est pas le diffamer que de dire cela, puisqu’il s’en
est vanté dans plusieurs interviews récentes affirmant qu’il s’agissait pour
lui d’une manière comme une autre de travailler…
Last but not least, Trump a fait quatre fois faillites,
retombant néanmoins sur ses pattes à chaque fois.
Ces dernières frasques que l’on pu voir sur toutes les
télévisions du monde (insultes, entre autres, contre les Mexicains, John
McCain, les femmes dont la présentatrice vedette de la chaîne Fox news, etc.)
n’ont étonné que ceux qui ne le connaissaient pas bien.
Donald Trump «The Donald» comme il est baptisé par les
medias, n’est donc pas né hier ou avant-hier.
Néanmoins, est-il un pur produit américain comme le laisse
croire les commentaires des journalistes et des «spécialistes» toujours prompts
à voir la paille dans les yeux étasuniens avant d’ôter la poutre dans ceux des
européens?
Si l’on regarde ce qui se passe ailleurs, nombre de
politiciens à travers le monde ont des profils assez similaires, de Poutine à
Le Pen en passant par Tsipras.
Qu’est-ce que, par exemple, Trump a de différent d’un
personnage tel que Berlusconi? Rien, ils jouent tous deux dans la même
catégorie du leader qui a réussi à faire fortune dans les affaires et qui se
propose d’en faire de même en politique avec l’aplomb du mégalomaniaque
narcissique (la mèche de cheveu de l’Américain n’a rien à envier à la chirurgie
esthétique de l’Italien).
Quant aux bouffons provocateurs, on en a à revendre de ce
côté-ci de l’Atlantique, entre ceux dont c’est la profession et qui ont voulu
se présenter (Coluche) ou qui l’ont fait (Beppe Grillo) et ceux qui en sont
(Jean-Marie Le Pen, Pim Fortuyn, Geert Wilders).
Et la liste ci-dessus n’est pas limitative, loin de là…
Reste à expliquer sa montée en puissance en cette année
2015.
Trois raisons principales peuvent être mises en avant.
La première est le virage à droite toute des Républicains.
Si la parti de Lincoln n’était pas devenu ces dernières
années le refuge de ceux qui sont contre tout et voient des complots de l’Etat
fédéral partout en tentant de détruire partout où ils le peuvent le lien social
ou les nécessaires solidarités en diabolisant leurs adversaires par des
campagnes irrespectueuses, grossières, outrancières, racistes, intolérantes et
mensongères, Donald Trump n’aurait pu trouver un aussi bon terreau pour ses agissements.
Il a même «bénéficié» des candidatures improbables de politiciens haineux et/ou à l’intelligence limitée, voire totalement incompétents, qui ont peuplé les dernières primaires républicaines comme Sarah Palin (qui l’a soutenu lors de ses attaques de John Mc Cain dont pourtant elle était la colistière en 2008!), Michelle Bachmann, Rick Santorum, Rick Perry, Mike Huckabee, Herman Cain ou Fred Thompson.
Dès lors, la sienne, aussi grotesque qu'elle soit, n'est pas autant surprenante qu'on pourrait le penser au premier abord.
Mais le bonhomme est aussi le produit d’un populisme (au sens français) de bas étage qui remet en question depuis toujours toute une «classe politique» soi-disant incapable, corrompue et ayant des intentions cachées envers le pauvre et bon peuple et qui a retrouvé une nouvelle jeunesse depuis le début du deuxième millénaire.
Dès lors, la sienne, aussi grotesque qu'elle soit, n'est pas autant surprenante qu'on pourrait le penser au premier abord.
Mais le bonhomme est aussi le produit d’un populisme (au sens français) de bas étage qui remet en question depuis toujours toute une «classe politique» soi-disant incapable, corrompue et ayant des intentions cachées envers le pauvre et bon peuple et qui a retrouvé une nouvelle jeunesse depuis le début du deuxième millénaire.
Cette démagogie est à l’œuvre aussi bien à droite qu’à
gauche aux Etats-Unis et ailleurs que l’on pense à Donald Trump mais aussi à
Bernie Sanders (le candidat socialiste à la primaire démocrate), à Alexis
Tsipras, à Jean-Luc Mélenchon, à Marine Le Pen, à Nigel Farage, etc.
Il est aussi, et ceci est le plus inquiétant, le produit du
régime de la démocratie républicaine ou plutôt de son dévoiement.
En effet, Donald Trump s’est engouffré comme ses devanciers
dans la montée en puissance très inquiétante de l’autonomisation égocentrique
assistée irresponsable insatisfaite irrespectueuse de l’individu et des
revendications qui vont de pair avec.
Ce phénomène qui est une perversion de la démocratie
républicaine (qui suppose, pour fonctionner correctement, respect et
responsabilité), permet à chacun d’être dans une demande sans frein et sans
limite vis-à-vis de la société tout en étant dans un état de révolte
systématique envers toute institution au nom de «sa» liberté qui n’est souvent
qu’une variante de la licence.
Les politiques démagogues et populistes ont très bien
compris comment le canaliser en caressant dans le sens du poil ces «résistants»
de pacotille par des postures «rebelles» qu’évidemment n’ont aucune chance de
pouvoir donner des résultats autres que catastrophiques, Syriza le démontrant
chaque jour en Grèce.
La réponse c’est l’anti-clientélisme porté par le Centre afin
de retrouver l’essence de ce que doit être la démocratie républicaine imaginée
par les pères fondateurs des Etats-Unis et les penseurs de la Révolution
française comme Sieyès ou Condorcet.
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