Beaucoup de gens seraient étonnés de savoir qu’il y a
actuellement dix-sept candidats déclarés et non pas une seule pour être la
personnalité démocrate qui représentera le parti à la présidentielle de 2016!
En effet, depuis son départ de l’administration Obama en
2013, Hillary Clinton a monopolisé l’attention des médias du monde entier et,
pendant longtemps, on évoquait des noms de ses possibles concurrents pour la
primaire démocrate mais sans savoir s’il y en aurait beaucoup qui oseraient l’affronter
tellement elle est l’ultra-favorite pour la nomination de son parti ainsi que
pour la présidentielle.
Mais, au fil du temps, plusieurs ont décidé de partir à la
bataille et pourraient être rejoints par quelques autres dans les semaines et
les mois qui viennent.
Reste qu’à part la centriste, son challenger socialiste,
Bernie Sanders ainsi que Martin O’Malley (ancien gouverneur du Maryland), Jim
Webb (ancien sénateur de Virginie) et Lincoln Chaffee (ancien sénateur et
gouverneur de Rhode Island), pratiquement personne ne connait les autres
prétendants dont nombre ne représentent rien d’autre qu’eux-mêmes.
On peut donc dire qu’il y a donc actuellement cinq candidats
«sérieux» et… une candidate capable d’emporter la nomination lors de la
Convention démocrate.
Mais ne disait-on pas la même chose en 2008 avec, en bout de
course, la victoire du «challenger» Barack Obama sur Hillary Clinton.
Pour autant, cette fois-ci, il n’y a pas de phénomène
politique comme Obama – et il ne devrait pas y en avoir a priori – et les
circonstances se prêtent moins à élire un quasi-inconnu qu’il y a sept ans où
comme on le disait alors, même un âne (jeu de mot avec l’emblème du Parti
démocrate) aurait battu n’importe quel candidat républicain tellement la
présidence de George W Bush se terminait en eau de boudin par un rejet d’une
grande partie du peuple américain.
Néanmoins, rien n’est jamais sûr en politique et, surtout en
politique américaine où des quasi-inconnus peuvent tirer leur épingle du jeu
et, parfois, créer l’énorme surprise.
D’autant que le Parti démocrate pourrait succomber à ses
vieux démons en se déportant, comme en 1972 avec George McGovern, plus que de
mesure à gauche, ce qui permettrait à un outsider d’émerger.
Reste que cette éventualité, un cauchemar pour les
dirigeants du parti, serait sans doute fatale aux chances des démocrates de
continuer à occuper la Maison blanche.
L’égérie de la gauche américaine et des «liberals» (gauche
du Parti démocrate) est la sénatrice Elisabeth Warren mais elle a annoncé il y
a déjà longtemps qu’elle ne se présenterait pas.
Son espace politique (en attendant qu’elle change d’avis, ce
que souhaite ardemment ses fans mais aussi tout le Parti républicain!) est
désormais occuper par le socialiste Sanders qui parvient à déplacer des foules
comme dans le Wisconsin le 1er juillet, où 10.000 personnes ont assisté
à un ses meetings dans la ville de Madison.
Bien entendu, le virage à gauche d’une partie des démocrates
s’explique aisément.
Au-delà d’un noyau socialiste des plus réduits, nombre de
militants démocrates mais aussi d’électeurs commencent à se rebeller contre la
montée en flèche, ces dernières décennies, des inégalités en matière économique
qui n’ont jamais été aussi fortes que depuis 1928 avec, depuis 1979, une
progression des revenus des 1% les plus riches de 138% contre seulement 15%
pour 90% de la population.
Il s’agit aussi de se mobiliser contre l’extrême-droite représentée
par le Tea party mais qui a diffusé largement ses idées à l’intérieur du parti
républicain.
Bien entendu, il ne faut tomber dans le panneau de l’effet
de perspective qui a été mis en place par la droite radicale républicaine.
Le Parti républicain s’est en effet droitisé pendant des
années en accusant les démocrates de se gauchiser, affirmations que les
analystes et les politologues ont démontées facilement mais qui ont été reprises
abondamment par les médias conservateurs et même par d’autres.
Dès lors, une demande de plus d’égalité dans la distribution
des fruits de la croissance ainsi qu’une hausse d’impôts pour les plus riches
afin de financer, notamment, la rénovation et la construction d’infrastructures
en décrépitude ou nécessaires, des mesures que proposent Barack Obama par
exemple, sont dénoncées par les républicains comme dangereusement gauchistes
alors qu’elles ne sont que centristes…
Elles sont d’ailleurs défendues également par l’ensemble des
candidats à la candidature dont les cinq crédibles – en particulier Hillary
Clinton – qui pourraient être rejoints par deux ou trois autres d’égale stature
(on pense notamment au vice-président Joe Biden).
Parmi ces cinq, on trouve deux «liberals» (gauche) – Sanders
et O’Malley – et trois centristes – Clinton, Webb et Chafffee, ce qui est une
différence notable avec les républicains où l’énorme majorité des prétendants
sont des conservateurs voire des ultraconservateurs, certains ayant même une
grande proximité avec l’extrême-droite.
Présentons les trois centristes:
- Hillary Clinton est la centriste par excellence.
Comme toute personnalité du Centre, elle est constamment accusée
par la gauche d’être trop proche de la finance de Wall Street et par la droite
d’être une dangereuse gauchiste…
Elle et son mari, Bill Clinton, sont à l’origine de la
Troisième voie qui recentra le Parti démocrate et lui permis de revenir au
pouvoir en 1992 en tournant le dos à sa rhétorique gauchiste.
Son statut de favorite pour la primaire puis pour la
présidentielle en fait la cible de tous et sa capacité à encaisser les coups et
les attaques qui sont déjà particulièrement dures seront une des clés de l’élection
de 2016.
- Jim Webb est considéré par les «liberals» comme un homme
de centre-droit, voire de droite tout court.
Il faut dire qu’il est un ancien républicain qui a servi
dans l’Administration de Ronald Reagan.
C’est également un ancien militaire et sénateur démocrate
qui a toujours essayé de travailler avec les deux grands partis et qui a représenté
la Virginie de 2007 à 2013.
Il renonça à se représenter en expliquant qu’il était
frustré par le blocage partisan au Congrès qui empêchait la prise de décisions
importantes pour le pays.
- Lincoln Chaffee a tout été, républicain «independent»
(affilié à aucun des deux grands partis) et démocrate.
De même ses prises de position politiques empêchent de véritablement
lui coller une étiquette politique mais on peut dire qu’il est plutôt au centre
de l’échiquier politique.
Cette difficulté de le qualifier sera sans doute une de ses
faiblesses d’autant qu’il semble que sa candidature n’ait pas réellement intéressé
les Américains pour l’instant.
Ancien sénateur républicain puis gouverneur du Rhode Island,
élu en tant qu’indépendant, il a, depuis, rallié le Parti démocrate.
Il est plutôt un modéré en matière de politique étrangère, plutôt
un conservateur en matière fiscale et plutôt à gauche en matière de politique
sociale.
Mais des changements dans ses positions ont désorienté les
électeurs et lui ont aliéné, à la fois, les démocrates et les républicains.
Il ne semble pas en position de jouer un rôle majeur lors de
la primaire démocrate.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe
du CREC
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