Fondé en octobre 2013 par le
patron Denis Payre revenu d’un exil fiscal en Belgique (suite à une mesure
fiscale prise par le gouvernement de Jacques Chirac en 1998!), Nous citoyens se
veut le représentant de la société civile et affirme partager nombre de points
de vue avec le Centre.
Accueilli par les médias avec
bienveillance, il n’a pas connu, jusqu’à présent, une dynamique suffisante pour
s’imposer dans le paysage politique français.
C’est la raison pour laquelle, le
fondateur était allé débaucher, en septembre 2014, Jean-Marie Cavada, membre de
l’UDI et député européen, pour le nommer à la présidence de Nous citoyens à sa
place, une façon bizarre de procéder dans un parti politique où ce sont
généralement les adhérents qui élisent leurs dirigeants.
De même, Jean-Marie Cavada n’avait
pas jugé utile alors de démissionner de son mandat électif acquis en tant que
membre du parti centriste.
Pour autant, la greffe n’a pas
prise puisque monsieur Cavada a décidé de démissionner de son poste de
président, moins d’un an après sa nomination, juste avant d’en être chassé par
monsieur Payre, ce dernier lui reprochant, dans un communiqué de presse d’une
longueur inhabituelle dans ce domaine, à peu près toutes les fautes possibles
et imaginables comme une «méthode de management inadaptée», «une collégialité
inexistante», la «non-réforme des statuts du mouvement», sans oublier que «les
chantiers qui lui incombaient aient été délaissés pour privilégier des
ambitions personnelles» ou encore que «Jean-Marie Cavada s’y est autoproclamé
l’unique défenseur de la démocratisation, en contradiction avec ses actes,
créant de fait une fausse polémique destinée à tenter de cacher ses nombreux
manquements et à discréditer les fondateurs qui le lui reprochaient». Un acte d’accusation
à charge qui peut rappeler certaines pratiques de certains partis d’une époque
que l’on croyait révolue…
De son côté, Jean-Marie Cavada n’est pas en reste et, dans un
communiqué, annonçant sa démission, il explique qu’il avait «compris que les
fondateurs ne souhaitaient désormais qu'un Président à leurs ordres en totale
contradiction avec les motifs de ma venue et l'exigence de sincérité que les
adhérents attendent. Vous comprendrez dans ce contexte qu’il était de mon
devoir de vous informer de la situation réelle dans laquelle le Mouvement se
trouve et de ma décision de démissionner de Nous citoyens et de sa fonction de
président avec effet immédiat».
En réalité, on comprend bien que pour sortir de son
anonymat, Nous citoyens ait fait appel à Jean-Marie Cavada, ex-star des médias
audiovisuels et impliqué politiquement dans la mouvance centriste, passant de l’UDF
au Mouvement démocrate puis au Nouveau centre avant de rejoindre l’UDI avec ce
dernier parti puis de la quitter pour prendre en main le parti de monsieur
Payre.
De son côté, Jean-Marie Cavada cherchait un moyen pour avoir
une exposition médiatique plus grande et s’imposer dans le monde politique, ce
qu’il n’avait pas réussi à faire, demeurant un second couteau.
Suite à cette
démission-licenciement, Jean-Christophe Fromantin publiait ce jour un
communiqué de presse pour affirmer qu’il ne prendrait pas la tête de Nous
citoyens alors que son nom circulait pour le poste, ce qui aurait été, de la
part de Denis Payre, un nouveau débauchage d’un membre de l’UDI.
Le maire de Neuilly-sur-Seine
indique que «suite à différents
commentaires sur des contacts entre le mouvement ‘Nous citoyens’ et Jean-Christophe
Fromantin, Président de ‘Territoires en Mouvement’ (ndlr: micro-parti membre de
l’UDI), celui-ci tient à rappeler qu’il n’est pas candidat à la présidence de
Nous citoyens mais appelle au développement d’une plateforme commune de
propositions».
En réponse, Denis Payre, président «intérimaire» de Nous
citoyens a publié la déclaration suivante: «dans la phase de consolidation et
de démocratisation du mouvement, suite aux événements récents, le rapprochement
avec tout mouvement politique n’est pas à l’ordre du jour de Nous Citoyens. Le
moment venu, une stratégie d’alliance sera proposée et discutée dans le cadre
de nos instances démocratiques, selon des modalités reprécisées lors de la
réforme prioritaire des statuts. Par conséquent, l’appel de Jean-Christophe
Fromantin sur les réseaux sociaux du 1er juillet 2015 matin, ne
recevra, à ce stade, aucune réponse de notre part».
On le voit, les partis qui prétendent représenter la société
civile n’ont souvent rien à envier aux parti traditionnels quant à leurs
pratiques politiciennes…
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