Le récent débat initié par les propos de Nicolas Sarkozy se
posant en seul défenseur crédible d’une république menacée par une démocratie
qui ne promeut que les intérêts particuliers d'individus et de groupes ainsi que sa volonté de rebaptiser
l’UMP, Les Républicains, a posé la question cruciale de ce qu’est aujourd’hui
le régime politique de la France et de ce qu’il doit être.
Comme l’ont écrit beaucoup de commentateurs de gauche et de
droite, le discours de Nicolas Sarkozy du 7 novembre 2014 sur la glorification
de la république et la critique de la démocratie, est, non seulement, un faux
débat mais une erreur historique dangereuse.
Ainsi, selon l’ancien président, la république serait le
vrai régime politique de la France, celui issu de 1789 et de la tradition
française où le bien commun et le partage d’une destinée commune seraient les
ciments de la communauté nationale alors que la démocratie libérale, venue d’ailleurs,
serait porteuse de la déliquescence de la société en exaltant l’individualisme
débridé et le communautarisme.
D’une certaine manière, on pourrait rapprocher cette thèse
de celle défendue par le Parti communiste chinois qui exalte la république,
régime de l’ordre, pour condamner la démocratie, agent du désordre.
Cette présentation est évidemment partielle et partiale,
surtout, elle méconnaît ce qu’est aujourd’hui le libéralisme notamment sa
version française forgée au cours de la III° République par des hommes comme
Léon Bourgeois, Charles Renouvier et même Emile Durkheim.
Même s’il est individualiste et décentralisateur, le
libéralisme français s’est toujours inscrit dans le républicanisme,
reconnaissant la nécessité d’un lien social fédérateur et d’une solidarité
entre les personnes, sans oublier la dimension sécuritaire.
En outre, la présentation sarkoziste caricature la
démocratie la montrant de manière totalement négative alors même que celle-ci
permet la responsabilité individuelle et la libération des potentialités de
l’individu.
En réalité, sauf à vouloir revenir sur les règles de
fonctionnement de la démocratie libérale et représentative issue directement
des révolutions américaines et françaises, elles-mêmes ayant puisé leur
inspiration dans l’évolution démocratique de la monarchie britannique,
l’opposition entre les deux notions est anachronique car les valeurs
démocratiques et républicaines sont liées dans ce qu’est aujourd’hui le régime
politique des sociétés occidentales.
Car c’est bien là le point fondamental: la démocratie et la
république, loin de s’opposer, sont complémentaires.
Les deux piliers de base du régime politique français c’est
la démocratie et la république.
Sans démocratie, pas de république humaniste. Sans
république, pas de démocratie sécuritaire.
C’est ce que dit le Centrisme.
Mais il va plus loin en affirmant que le meilleur régime est
une démocratie républicaine.
La démocratie vient avant la république car elle libère
l’individu mais elle ne va jamais ans celle-ci car cette dernière permet de
rendre viable la première dans des sociétés où les intérêts individuels sont si
divergents qu’ils ont besoin d’un lien social qui organise la liberté.
Mais la république sans la démocratie est souvent une
infamie car elle nie les valeurs de liberté, de respect et de tolérance au nom
d’un groupe qui a toutes les primautés face à l’individu, ce qui permet, in
fine, de nier les droits individuels.
Nombre de dictateurs ont été amoureux de la république,
aucun d’eux de la démocratie.
C’est la raison pour laquelle le Centrisme est le défenseur
intransigeant d’une démocratie républicaine.
Pour en revenir aux propos de Nicolas Sarkozy, il faut
ajouter qu’il a également opposé le régime démocratique des Etats-Unis (avec
son individualisme et son communautarisme) et le régime républicain de la France
(avec son peuple uni).
Voilà qui est méconnaître totalement l’histoire – mais
Sarkozy n’en est pas à sa première inculture dans ce domaine – car les Pères
fondateurs américains n’avaient qu’une idée en tête, créer une république selon
les préceptes de Montesquieu…
Pourquoi la république qui avait tous les soutiens possibles
lors des révolutions américaine et française, s’est-elle transformée en
démocratie aux XX° et XXI° siècles dans le sens où l’idée que le collectif
devait primer sur l’individuel s’est trouvée dépassée par la primauté de
l’individu sur la collectivité?
Tout simplement parce que l’approfondissement démocratique
prédit par Alexis de Tocqueville était une évolution naturelle de la république
démocratique dès qu’elle entendait garantir les droits de l’homme.
Mais cela ne signifie pas que la démocratie doit donner le
champ libre aux désidératas de l’individu, encore une fois qui ne proviennent
pas de l’individualisme mais de l’autonomie acquise dans un régime de liberté
et dont l’usage égoïste et égocentrique dans une vision égalitariste, détraque petit
à petit le système.
C’est pourquoi il faut continuer à approfondir la régime
démocratique tout en rappelant qu’il ne peut être que républicain s’il veut
perdurer en un ordre qui permet la réalisation effective de la liberté pour
tous dans une égalité des chances et des opportunités.
In fine, les propos de Nicolas Sarkozy sur la république
sont un coup de communication et sa volonté de nommer l’UMP, Les Républicains,
un coup électoraliste avec toutes les arrière-pensées politiciennes qui vont
avec.
Il s’agit de montrer, d’une part, que l’on se bat pour une
république à la française, un régime fort, débarrassée de ses pollutions
étrangères, notamment anglo-saxonnes, et, d’autre part, de préempter le terme
de république en vue des élections présidentielles de 2017, au premier tour
face aux socialistes accusés de brader les valeurs républicaines et au second
face au Front national, baptisé parti non-républicain (ah! Cette bataille entre
Les Républicains et le parti non-républicain dont rêve Sarkozy…).
Le tout dans la volonté de redonner une pensée à la Droite
française qui en manque cruellement ces derniers temps.
Bien évidemment, les centristes ne doivent pas tomber dans
ce jeu dont on vient de montrer la totale superficialité mais aussi la
dangerosité potentielle pour les libertés.
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