Dans l’euphorie de la victoire aux départementales de la
coalition UMP-UDI, Jean-Christophe Lagarde, en déclarant que son parti, l’UDI,
avait doublé le nombre de ses conseillers départementaux, a estimé que celui-ci
était également devenu «incontournable» pour l’UMP.
Il a ainsi expliqué que celui-ci avait acquis «un
pouvoir, relatif, mais un pouvoir au sein de l'opposition» et que «nous sommes
incontournables (pour l’UMP), alors que ça n'a pas toujours été le cas».
Et de réitérer l’affirmation selon laquelle l’UDI
serait le troisième parti de France derrière l’UMP et le PS en se basant sur le
nombre d’élus, ce qui permet d’occulter l’évidence qu’il ne vient qu’en
quatrième position en nombre de voix, très loin derrière le FN, l’UMP et le PS,
dans l’ordre d’arrivée des élections européennes et qui est sans doute encore
le même lors de ses départementales si l’UMP avait été seule à la bataille.
Mais c’est de bonne guerre de gonfler le poids de
sa formation politique.
En revanche, l’incontournabilité supposée de
l’UDI pour l’UMP semble plus vraisemblable même si elle s’accompagne, dans le
même temps, d’une UMP-dépendance de l’UDI.
Car, au cas où le rapport de force électoral
n’évolue pas d’ici là, si l’UMP a besoin de l’UDI pour espérer avoir une
majorité en 2017 et devancer le Front national lors du premier tour de la
présidentielle, l’UDI a besoin de l’UMP pour exister électoralement parlant.
Mais est-ce du «gagnant-gagnant», selon une des
expressions favorites de Nicolas Sarkozy?
Oui et non.
Oui si l’on se place dans le rapport de force
électoral du moment que l’on vient d’évoquer.
Ainsi, si l’UMP doit avoir l’UDI à ses côtés pour
espérer remporter la présidentielle (après avoir passé le premier tour grâce à
un candidat commun) et les législatives, l’UDI a besoin de l’UMP pour avoir des
députés en nombre et pouvoir participer de manière significative à un
gouvernement de la Droite et du Centre.
Non si l’on se place en matière d’indépendance et
de spécificité politiques.
La différence de poids électoral en faveur de
l’UMP ne permet pas à l’UDI de peser d’un poids politique suffisant pour
infléchir de manière importante la ligne droitiste de l’UMP vers plus de
centrisme.
Cela ne veut pas dire que l’UDI n’aura pas de
moyens de pression pour, à la marge, obtenir des concessions et faire passer
quelques unes de ses idées.
Il se peut même que ces concessions excèdent le
poids électoral de la formation de centre-droit si les sondages révèlent que
l’électorat centriste en attend davantage d’une union UMP-UDI, ce qui obligera
l’UMP a plus de souplesse.
Reste que quelque soit le nombre et l’importance
des concessions, elles demeureront dans un programme et un projet de droite et
non du centre.
Quant à l’indépendance, elle sera évidemment mise
à mal uniquement du côté de l’UDI.
Nous en serons alors à revivre la situation de
2007 où une partie de l’UDI (le Parti radical) était dans l’UMP et une autre
(le Nouveau centre) était un appendice de cette même UMP, c’est-à-dire dans un
suivisme politique des centristes vis-à-vis du parti de droite.
Le paradoxe de tout cela est que pour être
incontournable pour l’UMP, l’UDI doit être, en même temps, UMP-dépendante.
D’où cette nécessité pour les partis centristes
de s’entendre pour devenir un partenaire de poids dans les années à venir pour
leur allié, où qu’il se trouve.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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