Quand Jean-Marie dérape – c’est-à-dire souvent –, Marine se
désolidarise immédiatement des propos de son père.
La systématisation de cette pratique et la volonté de Marine
de «dédiaboliser» le Front national tout en gardant exactement la même vision,
la même stratégie et les mêmes points de vue – certes de manière plus policée –
que son père qui ne voit pas d’un mauvais œil la montée en flèche du parti
qu’il a fondé, font de cette pratique une sorte de duo tragi-comique qui singe
la fameuse stratégie des interrogatoires de police entre le bon et le mauvais
flic qui se partagent le rôle pour faire avouer le suspect, ici, qui souhaitent
amadouer l’électeur en montrant que, oui, le Front national est devenu un parti
respectable avec, à sa tête, une femme qui ne supporte plus les propos
inqualifiables de son père irrécupérable et proche de la sénilité mais qui
envoie, en même temps, une sorte de message subliminal à tous les fascistes,
les pétainistes, les xénophobes, les racistes et les antisémites de France,
que, oui, le FN demeure, envers et contre tout, le parti de tous les haineux.
La possible exclusion de Jean-Marie du parti qu’il a fondé
dont il a donné les clés à sa fille et son possible retrait de la tête de liste
aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur au profit de sa petite-fille,
outre que cela rappelle le caractère népotique et antidémocratique du
fonctionnement de la formation d’extrême-droite, montre bien la connivence
familiale.
Car, enfin, messieurs les commentateurs et des médias, si
Marine Le Pen n’avait pas été d’accord depuis le début avec son père, pourquoi
n’a-t-elle pas adhéré à un autre parti ou fondé le sien?
Pourquoi a-t-elle repris sans sourciller la formation fondée
par son père dont elle a seulement voulu, par un tour de passe-passe, en faire
un parti soi-disant «respectable» alors que tout, de sa création, de son
fonctionnement, de ses idées et de son comportement ne l’a jamais été?
Et pourquoi Marine et tous les indignés du FN d’aujourd’hui
n’en profitent pas pour démissionner et ne s’en vont pas fonder un nouveau
parti pour se débarrasser une fois pour toutes du leader infréquentable et
l’idéologie nauséabonde?
Oui, pourquoi?
Parce que l’ADN du FN ainsi que de ses membres est bien
identique à celui de son fondateur.
Peut-être que l’«incident Jean-Marie» va coûter quelques
voix et quelques militants au Front national à court terme mais ceux qui lui
tourneront le dos vont-ils nous faire croire qu’ils ne savaient pas ce que
pensait le chef, croyance qui est partagée ouvertement ou en catimini
(«dédiabolisation» oblige) par la grande majorité des dirigeants.
Tous les démocrates et les républicains, dont les
centristes, se doivent donc dénoncer cette mascarade exécrable et cette grossière
parodie de série US, mix improbable des «Feux de l’amour» (days of our lives)
et de «New York, police judiciaire» (law and order) en ne rentrant pas dans ce
jeu pervers dont la finalité est de faire du FN «un parti comme un autre», donc
de désinhiber le possible électeur et de décomplexer l’actuel électeur.
Ils doivent demeurer mobiliser et continuer de dénoncer ce
parti qui n’a rien de républicain avec ou sans Le Pen père.
On demanderait bien aux médias de faire de même, mais on va
sans doute prêcher dans le désert où l’on trouve, heureusement, encore quelques
oasis…
Car, que personne n’en doute, avec ou sans Jean-Marie, le FN
restera le FN.
Si ce n’était pas le cas, il disparaîtrait de l’échiquier
politique en quelques mois, ce qui serait, là, une vraie bonne nouvelle.
Centristement votre.
Le Centriste
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