Hillary Clinton a donc décidé de se lancer dans la course à
la présidence des Etats-Unis qui se conclura en novembre 2016.
Ce n’est pas une grande surprise tant il semblait évident
qu’elle voulait y aller, d’autant que les sondages lui donnent une vraie chance
de gagner, elle est actuellement la grandissime favorite.
Bien entendu, il s’agit d’abord, comme pour toute
personnalité politique, d’une ambition personnelle et d’une envie de servir son
pays en laissant sa marque dans l’histoire.
Mais Hillary Clinton poursuit également deux autres buts.
Le premier est d’être la première femme à prendre la tête de
la première puissance du monde, elle qui lutte depuis toujours pour la cause
des femmes.
Le deuxième est de réformer les Etats-Unis avec un programme
essentiellement centriste où la lutte pour la méritocratie et la réalité de
l’égalité des chances («opportunities» aux Etats-Unis, c’est-à-dire la réalité
effective de pouvoir utiliser toutes ses capacités pour réussir) ainsi que la
lutte contre les inégalités sont les principales lignes directrices.
Mais elle n’a jamais, non plus, stigmatisé la
libre-entreprise et le monde des affaires et de la finance, sachant
l’importance qu’ils revêtent pour l’économie américaine.
Mais s’il fallait un argument définitif à son centrisme, il
viendrait de… ses adversaires!
Attaquée de manière indécente par les conservateurs du Parti
républicain (on ne parle même pas de la frange radicale proche de
l’extrême-droite), elle l’est également par l’aile gauche du Parti démocrate
qui ne supporte pas son positionnement centriste et tente par tous les moyens
de lui opposer un candidat de gauche pour les primaires sans, pour l’instant,
en trouver un.
Bien évidemment, Hillary Clinton se mettra dans les pas de
deux autres centristes, son mari et ancien président, Bill Clinton (1993-2000)
et celui qui occupe actuellement la Maison blanche, Barack Obama (2009-2016).
Si elle partage nombre de points communs et d’idées avec
ceux-ci, Hillary Clinton a également une vraie différence dans sa vision d’une
Amérique populaire de ceux qui veulent réussir par leur courage et leurs
qualités ainsi que celle qui est un phare de la démocratie dans le monde et qui
doit montrer ses muscles à ses ennemis quand il le faut (elle est bien plus un
«faucon» que ne l’est Barack Obama).
Si, comme je l’ai dit, elle est la grande favorite de cette
élection, la campagne ne s’annonce pas comme un long fleuve tranquille loin de
là.
Ainsi, ses concitoyens sont très majoritaires à estimer
qu’elle possède sans conteste la compétence pour occuper le poste de présidente
mais ils sont nettement plus réservés sur sa personnalité, ce qui donne
globalement un pays divisé en deux, entre ceux qui l’apprécient, parfois la
divinise, et ceux qui ne l’aiment pas, parfois la haïssent.
Elle devra donc convaincre que ses détracteurs sont dans un
«Hillary bashing» souvent plus dans la fantasmagorie que dans le réel.
Mais il n’’en reste pas moins que ces derniers – dont de
nombreux membres des médias – ont un vrai pouvoir de nuisance qui a fait, entre
autres, qu’elle a perdu la primaire démocrate en 2008 face à Barack Obama (même
si elle avait remporté plus de voix que son adversaire mais que les règles de
la primaire démocrate faisait que celui-ci avait plus de délégués qu’elle).
Reste, pour conclure, cet étonnant paradoxe qui fait que la
politique américaine n’a jamais été autant polarisée du fait de la volonté des
républicains de se démarquer à tous prix des démocrates en récupérant tout
l’électorat radical, parfois même raciste et réactionnaire avec des discours
populistes (au sens français) et démagogiques mais que l’hôte actuel de la
Maison blanche est un pur centriste et que la favorite pour lui succéder en est
une autre.
On peut l’expliquer par la participation électorale, assez
faible pour les élections législatives et surtout dominée par le vote des plus conservateurs
et des plus âgés, plutôt masculins, alors que la présidentielle, reine des
élections, voit un nombre beaucoup plus importants de votants où domine la
classe moyenne, où les minorités afro-américaine, latino et asiatique ainsi que
les jeunes et les femmes font la différence.
De même, autre paradoxe, c’est encore une fois le parti
démocrate qui part favori pour la présidentielle alors même que les deux
chambres du Congrès sont dominées par les républicains.
Mais là, il s’agit avant tout de cuisine électorale et de
découpage de circonscriptions réalisé par les deux partis mais surtout les
républicains car la démographie et la sociologie du pays le porte actuellement
plus vers le Parti démocrate que vers le Parti républicain.
Ainsi, par exemple, en 2012, les républicains obtinrent une
forte majorité à la Chambre des représentants alors même que les démocrates
avaient obtenus un million de voix de plus qu’eux lors du scrutin…
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