Depuis que Jean-Christophe Lagarde a annoncé qu’il voulait
un candidat centriste à l’élection présidentielle et que celui-ci pourrait être
issu de l’UDI et que cela pourrait bien être lui, une étrange et improbable
coalition s’est nouée pour critiquer et ridiculiser cette possibilité.
Etrange et improbable, disions-nous, parce qu’elle rassemble
des gens qui sont loin d’être amis entre eux et qui sont tous… centristes!
Ceux-ci jouent manifestement contre leur camp, ce qui est
dommage, mais par forcément contre leurs intérêts…
Dans cette étrange et improbable alliance de circonstance
qui tente de mettre K.O. Lagarde avant même qu’il soit entré sur le ring, on
retrouve, aux premières loges, Hervé Morin, évidemment, mais aussi François
Bayrou et Valéry Giscard d’Estaing.
Le premier ne rate pas une occasion pour dire tout le mal qu’il
pense d’une candidature UDI.
Le second estime que Lagarde est bien trop inconsistant et «ne
croit pas du tout» à sa candidature.
Quant au troisième, dans la droite ligne qui est désormais
la sienne, il rallie déjà Nicolas Sarkozy et ne veut qu’un seul candidat de la
Droite et du Centre dès le premier tour.
Si on voit bien pourquoi Morin et Bayrou veulent empêcher
Lagarde ou une autre personnalité de l’UDI de concourir – le premier pour
l’empêcher de prendre définitivement le leadership de l’UDI, le second pour
l’empêcher de prendre le leadership du Centre --, on ne comprend pas très bien
les motivations qui animent l’ancien président de la république sauf à se
rappeler qu’il joue depuis 2002 contre le Centre dont il n’a jamais fait partie
mais qui lui a néanmoins permis d’arriver au pouvoir et de gouverner pendant
sept ans en s’alliant avec lui et en créant ensemble l’UDF.
Toujours est-il que l’on ne peut être que désagréablement
surpris de voir que deux ans et demi avant la présidentielle, des centristes
jouent déjà contre leur camp alors qu’ils devraient plutôt être dans la phase
où l’on encourage sans réserve une candidature d’un des leurs, quel qu’il soit.
Car, quelle que soit la situation qui se présentera en 2017,
saper les fondements mêmes d’une possible candidature centriste à la prochaine
présidentielle quand on se dit soi-même centriste ou que l’on ait été un
compagnon de route du Centre, n’est guère compréhensible même pour des
ambitions personnelles, pire, pour des règlements de compte.
Il ne s’agit pas de défendre Lagarde contre Morin ou Bayrou
mais de rappeler qu’un courant de pensée politique ne doit jamais, dans le
régime constitutionnel actuel, abdiquer sa présence à l’élection suprême.
On savait que les centristes ont du mal à jouer collectif
mais, là, se mettre des buts contre leur camp exprès est assez pathétique.
Centristement votre.
Le Centriste