Les gens de droite ont besoin des centristes mais ne les
aiment pas, l’histoire est bien connue depuis longtemps.
On se rappelle de la hargne avec laquelle Jacques Chirac –
alors champion d’une droite nationaliste – attaquait Valéry Giscard d’Estaing
et son «parti de l’étranger» dans les années 1976-1981.
On voit cette même hargne chez les républicains américains
les plus à droite vis-à-vis de Barack Obama accusé d’être un collectiviste qui
va instaurer le communisme aux Etats-Unis.
Et l’on a entendu, peu surpris, les sifflets des amis de
Nicolas Sarkozy lorsqu’Alain Juppé n’a fait qu’évoquer une primaire pour la
présidentielle où il veut que concourent les droitistes et les centristes, ce
que ces derniers refusent pour le moment.
Ce qui est le plus fascinant dans la bêtise de ceux qui ont
sifflé, c’est qu’il est de l’intérêt de Nicolas Sarkozy même qu’il y ait une
telle primaire qui éliminera sans doute automatiquement tous les candidats se
réclamant du Centre… même François Bayrou, le banni qui a osé appelé à voter
François Hollande en 2012.
Mais c’est dans leur atavisme droitier de s’échauffer dès
que les mots centre, centriste ou centrisme sont prononcés.
Ils ont le Centre en horreur.
Ce qui pose bien sûr cette question maintes fois posée sur
l’alliance «naturelle» du Centre avec la Droite.
Attention, les gens de gauches n’aiment pas non plus les
centristes.
Depuis que Manuel Valls a tendu la main au Centre, les
doctes politistes de gauche nous expliquent que le Centre n’existe pas, tous se
référant à leur maître Maurice Duverger, professeur émérite de sciences
politiques et ennemi en chef du Centre ainsi qu’au bon mot de François
Mitterrand, cet homme de droite habillé en socialiste de salon, qui expliquait
que «le Centre n’était ni de gauche, ni de gauche».
Ils détestent donc le Centre mais ils ont besoin des voix
centristes, disions nous.
Alors, ils se bouchent le nez et détournent le regard pour
venir draguer les partis centristes et leur proposer une alliance dont ils
savent qu’elle sera un carcan dans lequel ils enfermeront les centristes
auxquels ils ne comptent que distribuer des miettes pendant qu’ils récolteront
l’essentiel du pouvoir grâce… aux voix centristes.
Pour balayer tout cela, il faut mettre la balle au Centre.
Concrètement, il faut que les partis centristes soient
capables de vivre leur indépendance, celle qu’ils revendiquent à tour de bras,
et qu’ils deviennent une force politique capable de rivaliser avec la Droite et
la Gauche en se crédibilisant auprès des Français.
Bien évidemment, c’est plus simple à dire qu’à faire!
Cela passe sans doute par la constitution de cet axe central
qui émerge et qui énerve beaucoup de monde.
En tout cas, voilà un beau challenge pour faire taire les
quolibets et les sifflets qui ne ridiculisent que ceux qui les profèrent.
Centristement votre.
Le Centriste