François Bayrou veut la dissolution de l’Assemblée nationale
pendant que Jean-Christophe Lagarde veut la démission du Président de la
république.
Et Hervé Morin avait dit de même il n’y a pas si longtemps.
Qu’est-ce qui peut bien pousser certains leaders centristes
à vouloir des élections au plus vite alors que la présidentielle et les
législatives se sont déroulées selon les règles démocratiques il y a deux ans
et demi et que le temps démocratique et républicain court jusqu’en 2017?
Pensent-ils qu’ils vont faire un score historique sur fond
de rejet des socialistes et de François Hollande alors qu’ils sortent à peine
la tête hors de l’eau après les catastrophes de 2012?
Où est donc leur projet pour la France et leur programme
électoral si demain les Français sont appelés aux urnes?
Et, selon tous les sondages, une présidentielle ou des
législatives anticipées souriraient peu aux centristes.
Alors, cette rhétorique n’est-elle que de façade afin de
démontrer qu’on est le meilleur opposant au gouvernement et au président de
gauche?
Et ne serait-ce pas pour balayer toutes leurs ambiguïtés
passées et présentes que ces mêmes leaders rivalisent dans une sorte de
surenchère.
Car les appels à la démission et à la dissolution à propos de
personnalités et de partis légitimement et légalement arrivés au pouvoir sont
généralement plutôt l’apanage des formations extrêmes, séditieuses et antidémocratiques
que de celles qui se disent humanistes et consensuelles, défendant une démocratie
républicaine représentative.
Un Front national qui réclame à cors et à cris le départ de
Hollande et le renvoi des députés socialistes, quoi de plus normal.
D’autant qu’il a le vent en poupe dans les sondages.
Mais les centristes…
N’ont-ils pas mieux à faire (avoir un projet solide et des convictions
fortes) et d’être un peu plus patients afin de (re)trouver une crédibilité
auprès des Français plutôt que d’appeler à des élections que, en l’état, ils
sont sûrs de perdre et où ils serviront une fois encore la soupe à l’UMP, pas
plus prête d’ailleurs à gouverner, pire au Front national.
Le temps démocratique a été rogné et atrophié ces derniers années
par une impatience irresponsable relayée complaisamment par des médias en quête
de taux d’audience, ce qui n’est guère propice à la stabilité et à une société
apaisée voulue par les centristes.
Alors, pourquoi prêter sa voix à la meute pour le raccourcir
encore plus au risque de le faire disparaître?
Et, demain, une fois au pouvoir, comment réagiraient ces
mêmes centristes si on leur déniait leur légitimité et leur légalité à l’occuper?...
Centristement votre.
Le Centriste