On ne pourra vraiment réformer la France – mais ceci vaut
également pour de nombreux pays – que s’il existe un consensus suffisant, à la
fois, dans la population (ce qui semble être le cas sur de nombreux points
selon les sondages récents), et au niveau politique, ce qui est loin d’être
gagné.
Non pas que tous les partis démocratiques et républicains ne
clament la nécessité de la réforme et leur désir sans discussion d’y procéder.
Nicolas Sarkozy devait tout réformer, François Hollande
aussi.
Et la Droite promet, si elle revient au pouvoir, qu’elle
réformera vraiment alors que la Gauche affirme que si elle y reste, elle
continuera à vraiment réformer…
Mais au moment où il faut discuter des réformes, de leur
contenu puis de les voter, alors les réflexes corporatistes, clientélistes,
partisans, égoïstes et égocentriques reviennent à la surface à la vitesse de la
lumière, et dans la population, et dans le microcosme politicien incapable de
s’élever pour la plupart de ses membres au-dessus des mesquineries et d’un
populisme électoral.
Car il ne faut jamais oublier que les victoires électorales
de la Gauche et de la Droite sont assises sur un clientélisme qui impose que
l’on ne touche peu ou pas aux intérêts de ceux qui vous ont élu même si cela va
à l’encontre des intérêts de la communauté toute entière et du pays.
Résultat, les réformes promises sont mises au placard
(après, souvent, la mise sur pied d’un comité qui rédige un rapport salué puis
enterré) ou, pire, accouchent de réformettes qui font croire au monde politique
qu’il a rempli sa mission et à la population que les mesures nécessaires ont
été prises, notamment celles qui sont les plus dures pour sa vie quotidienne
alors que ce n’est pas le cas, d’où une résistance encore plus forte lors de la
prochaine réformette qui ne résoudra pas le problème, non plus!
Certains politiques qui manquent du courage nécessaire pour
réformer réellement ont même l’air d’espérer que des catastrophes surviennent
afin que les changements s’imposent d’eux-mêmes avec encore plus de dureté.
Pire, tout un discours médiatico-politique s’est développé
ces dernières années selon lequel la France est le mauvais élève de la classe
mondialisation face aux critiques du premier de la classe, l’Allemagne, et aux
remontrances du professeur, l’Union européenne, ce qui permet de rendre
responsable des réformes à prendre les Allemands et les Européens qui les
imposeraient au pays et non la réalité du monde qui nous entoure et auquel il
faut s’adapter pour survivre, une loi qui existe depuis la nuit des temps.
Quoi qu’il en soit, tous ces comportements irresponsables
doivent être balayés au plus vite car il faut réellement parvenir à trouver un
terrain d’entente sur les réformes essentielles (sans parler du fait que la
réforme permanente est un devoir des gouvernants afin d’adapter le pays
continuellement à la réalité).
Et les centristes ont ici un rôle déterminant à jouer.
Il ne s’agit pas de faire une union nationale mais de
s’entendre sur les réformes structurelles qui ne peuvent attendre.
Il s’agit d’un processus consensuel qui implique tous les
partis politiques démocratiques et républicains qui doivent impérativement
participer aux discussions et aux décisions.
Il faut, dans un premier temps, les lister, ce qui n’est pas
très difficile.
Dans un deuxième temps, il faut se fixer des objectifs, ce
qui ne l’est guère plus.
Ensuite, dans un troisième temps, il faut se réunir pour
déterminer sur quoi on est d’accord et sur quoi il faut négocier, ce qui
devient un peu plus compliqué.
Puis, dans un quatrième temps, il faut présenter le résultat
de ce travail aux Français et le leur expliquer.
Enfin, dans un cinquième temps, il faut voter collectivement
ces réformes essentielles et, surtout, les mettre en place, ce qui nécessite du
courage, ingrédient indispensable d’une vraie responsabilité politique.
On comprend bien comment les centristes doivent être le lien
entre tous les partis politiques par le principe même du juste équilibre qui
définit le Centrisme.
Car, de par ce principe, le Centre refuse toute politique
clientéliste qui torpille sans cesse les réformes ou les transforme en gadget.
Et les partis centristes doivent être cette avant-garde
réformiste.
C’est seulement alors que le processus des vraies réformes,
de ces réformes essentielles, pourra aller à son terme.
Dès lors, les partis centristes doivent proposer, sans attendre,
des assises de la réforme à toutes les formations politiques démocratiques et
républicaines sans préalables et sans tabous.
L’entreprise nécessite courage et responsabilité.
C’est ce qui fait sa grandeur mais aussi son urgence.