Le revoilà donc.
Personne n’en doutait mais c’est désormais officiel, Nicolas
Sarkozy veut reprendre la place qu’il estime être due à sa personne, la
présidence de la république.
Comme l’a dit avec délectation François Hollande, c’est son
droit et personne ne le lui déni sauf peut-être les juges dans les mois à
venir.
Quant à savoir s’il sera le sauveur d’une France en
décomposition aidé en cela par un nouveau parti du XXI° siècle comme il
l’annonce, rien n’est moins sûr.
Les Français en doute.
Déjà 64% d’entre eux ne s’intéressaient pas à son retour.
Plus, 65% – dont 77% de sympathisants du Mouvement démocrate
et 61% de sympathisants de l’UDI – ne souhaitaient pas son retour estimant que
c’est une «mauvaise chose» pour la France.
Enfin, pour 72% d’entre eux, il «n’a pas changé».
Quoiqu’il en soit, ce retour concerne évidemment le Centre
et les centristes même si l’ensemble des leaders centristes considèrent qu’il
s’agit d’une affaire interne à l’UMP… pour le moment.
Pas seulement parce que l’on prête l’intention à Nicolas
Sarkozy de créer une nouvelle UMP réunissant droitistes et centristes, mais
aussi parce qu’il faut bien faire l’inventaire centriste d’une présidence et
d’une alliance passées avant de se projeter dans un possible avenir commun.
Les cinq années sarkozystes de la France n’ont pas été
vraiment marquées par une vision humaniste de la société, ni par une politique
sous le sceau du principe centriste du juste équilibre, Nicolas Sarkozy ayant
toujours affirmé, par ailleurs, un certain dédain pour les représentants du
Centre.
De même, l’alliance entre l’UMP et le Nouveau centre n’a pas
été particulièrement bénéfique pour ce dernier parti qui ne s’est pas renforcé,
bien au contraire, obligé de devenir une simple composante d’une UDI lancée par
un droitiste modéré et ancien sarkozyste, Jean-Louis Borloo.
Et on ne parle même pas des centristes de l’UMP totalement
marginalisés.
Pour ce qui est du bilan, il est globalement négatif en
matière économique avec une absence de croissance, un chômage en hausse et une
augmentation des déficits publics, ressemblant ainsi comme deux gouttes d’eau
au bilan actuel de François Hollande.
Sans oublier que sous sa présidence, l’UMP (et la majorité
présidentielle d’alors) a perdu toutes les élections intermédiaires dont celle
du Sénat qui a fait basculé ce dernier pour la première fois à gauche depuis le
début de la V° République, jusqu’aux défaites à la présidentielle et aux législatives
de 2012.
On a vu meilleur chef et gagneur…
Et puis, en voulant s’approprier les voix des électeurs du
Front national, Nicolas Sarkozy a ouvert la boite de Pandore et a été en
réalité le premier propagandiste du parti d’extrême-droite, reprenant nombre de
ses idées, les banalisant en quelque sorte, ce qui permet aujourd’hui à Marine
Le Pen de prétendre que son parti est un parti comme les autres et les médias
de suivre ce raisonnement si dangereux pour la démocratie républicaine à
laquelle est si attaché le Centrisme.
Au lieu de marginaliser le FN, Sarkozy lui a, in fine, donné
un surcroît de légitimité même s’il a su siphonner ses voix lors de la
présidentielle de 2007.
Rien n’est moins sûr qu’il y parvienne en 2017.
D’ailleurs, on lui prête l’intention d’aller plutôt siphonner
celles de gauche!
Tout comme rien n’est moins sûr qu’il puisse séduire un électorat
centriste plus attaché à la démocratie qu’au bonapartisme, plus libéral que
nationaliste, plus parlementariste que vouant un culte au chef suprême.
Quant à la «nouveauté» Sarkozy, elle s’inscrit dans
l’incapacité de l’UMP à renouveler ses dirigeants et ses leaders (Fillon,
Juppé, Raffarin et consorts accompagnant Sarkozy dans l’éternel retour des
anciens).
Dès lors, on comprend mieux pourquoi le retour de Nicolas
Sarkozy est loin de ravir les Français.
Le Centre a peut-être à gagner avec ce retour mais a tout à
perdre en s’alliant avec lui dès maintenant.
Il sera toujours temps de le faire si Nicolas Sarkozy
devient le candidat de l’UMP pour la présidentielle et, surtout, que son
programme est centro-compatible.
On verra également où en est la menace d’extrême-droite dans
deux ans.
En attendant, il faut s’attendre à des pressions loin d’être
amicales pour «convaincre» les centristes de rejoindre l’ancien président de la
république.
Aux centristes de résister en élaborant un projet humaniste
qui sera la base du programme de son candidat en 2017.
Et ce sera sur la base de ce projet qu’ils devront négocier une
éventuelle alliance.