Imaginons, comme on l’entend un peu partout du côté de la Droite
en ce moment, une primaire ouverte de l’opposition républicaine actuelle (c’est-à-dire
UMP, UDI, Mouvement démocrate) pour la désignation du candidat commun à la
prochaine élection présidentielle.
D’après vous, de quel parti viendra celui qui l’emportera?
Si vous avez répondu UDI ou Mouvement démocrate, c’est que
vous avez une foi dans les partis centristes qui vous honorent mais qui est
peut-être un peu excessive…
Dès lors, il faut être clair, toute primaire de l’opposition
actuelle se limitera en fait à désigner le candidat UMP pour la présidentielle
de 2017.
A moins que l’UDI, le Mouvement démocrate ou leur nébuleuse
l’Alternative, ne devienne le parti principal de l’opposition, ce qui est
encore aujourd’hui plus du domaine de la foi que de la réalité.
S’il s’agit donc d’une primaire commune, le Centre n’aura
pas de candidat à la principale échéance démocratique de la France sous la V°
République.
Et qui n’a pas de candidat à cette élection, n’est pas un
courant majeur de la vie politique nationale.
Bien entendu, cette primaire sera l’occasion pour les
centristes de monnayer leur soutien.
On parle déjà d’un ticket Juppé (président) – Bayrou
(premier ministre) depuis que l’ancien premier ministre de Jacques Chirac a annoncé
son intention de concourir à la primaire.
Reste que le Centre n’est pas la Droite et que leur
ralliement à une primaire où l’on mélangera les deux courants politiques sera
une nouvelle preuve que les centristes actuels ne peuvent exister sans les
droitistes ainsi que de leur incapacité à se présenter devant les Français
comme une alternative crédible au PS et à l’UMP.
Oui mais il y a le problème Front national rétorquent ceux
qui prônent cette primaire de la Droite et du Centre afin que le candidat de
l’extrême-droite (selon toute vraisemblance une candidate, Marine Le Pen), ne
soit présent au second tour face à celui de la Gauche.
Cette objection à une candidature du Centre a, certes, de la
substance mais il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.
Ainsi, tous les scénarios sont possibles.
D’abord que ce ne soit pas un 21 avril 2002 à l’envers (où
Jean-Marie Le Pen fut présent au second tour face à Jacques Chirac) mais un
nouveau 21 avril 2002 avec un candidat de la Droite face à celui de
l’extrême-droite, suite à une nouvelle déliquescence du candidat de la Gauche.
Ensuite qu’après les primaires de chaque parti, il est
toujours possible face à la conjoncture, face aux sondages que des alliances se
nouent et que des désistements se fassent avant l’élection si la situation le
nécessite.
Enfin, que ce soit un candidat du Centre qui soit au second
tour…
Sans oublier une déconfiture du Front national.
Tout cela milite sans conteste pour que les partis
centristes désignent, quoi qu’il arrive, un candidat lors d’une primaire
centriste.
Il sera toujours temps, ensuite, d’agir en fonction de la
réalité du moment.
Et, avec un candidat désigné, les centristes seront alors en
position de force pour toute négociation.
Ceux qui militent aujourd’hui pour une primaire commune sont
ceux qui, à droite, veulent avant tout récupérer à peu de frais un électorat
centriste.
Encore faut-il que ce dernier ne se sente pas
instrumentaliser et le veuille bien.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC