Ils sont maintenant cinq candidats principaux à briguer la
présidence de l’UDI en novembre prochain: Jean-Christophe Lagarde, Hervé Morin,
Jean-Christophe Fromantin, Yves Jégo et Jean Arthuis.
Si chacun représente une option différente – ce qui rend
cette élection très intéressante –, tous, dans leur déclaration de candidature
ou dans leurs propos, ont déjà eu à cœur de parler de l’«indépendance» de
l’UDI, un thème très sensible chez les centristes et qui sera certainement
primordial pour cette élection mais également pour l’avenir de la confédération
créée par Jean-Louis Borloo.
Quatre des cinq prétendants peuvent, de plus, se targuer de
n’avoir jamais rejoint l’UMP et d’avoir toujours supporté un Centre indépendant
de la Droite.
Seul Yves Jégo qui a papillonné à droite et a été un
soutien inconditionnel de Nicolas Sarkozy n’a pas ce background même s’il est
devenu depuis sa rupture avec l’ancien président de la république et son
ralliement à Jean-Louis Borloo, lui-même en rupture d’UMP, un des avocats les
plus intransigeants de l’indépendance de l’UDI face à l’UMP.
Mais il y a indépendance et indépendance.
Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin en tant que membres
du Nouveau centre ont été les alliés fidèles de l’UMP pendant le quinquennat de
Nicolas Sarkozy.
Et même s’il n’a pas été ministre à l’opposé d’Hervé Morin
et qu’il s’en targue désormais, Jean-Christophe Lagarde a été un appui fidèle
de la majorité d’alors.
Jean-Christophe Fromantin, à l’opposé, a gagné ses galons
politiques par sa posture d’indépendance face aux partis. Candidat surprise à
la mairie de Neuilly-sur-Seine en 2008, il l’a emporté face à l’UMP et aux
héritiers de Nicolas Sarkozy, ne pliant jamais aux pressions venus d’un peu
partout.
Quant à Jean Arthuis, membre de l’UDF puis du Mouvement
démocrate avant de créer l’Alliance centriste, il a tenté sans succès de réunir
les centristes éparpillés dans une structure indépendante avant de supporter
François Bayrou à la présidentielle puis de rallier l’UDI.
Le fait que les deux derniers n’aient pas varié dans cette
indépendance face à la Droite est certainement un plus pour leur candidature,
ce qui leur sera sans doute utile puisqu’ils partent avec un déficit certain
avec la faiblesse de leurs partis respectifs, Territoires en Mouvement
(Fromantin) et Alliance centriste (Arthuis).
Néanmoins, on peut mettre au crédit des deux premiers la
création du Nouveau centre dès leur rupture avec François Bayrou entre les deux
tours de la présidentielle de 2007 ainsi que leur refus réitéré et sans faille
de rejoindre l’UMP comme l’avaient fait nombre de centristes avant eux.
Quant à Yves Jégo, on peut penser qu’il en fera des tonnes
pour démontrer qu’il est vraiment indépendant de ses anciens amis de la Droite
et parfois même d’une droite très radicale.
Pour autant, qu’est-ce que signifie cette indépendance clamée
par tous ces candidats?
L’UDI s’est mise dans une situation très paradoxale en
affirmant haut et fort son indépendance (contenue même dans son nom) et, en
même temps, en clamant son allégeance indéfectible à une alliance «naturelle»
avec l’UMP.
Car indépendance veut bien dire qu’il n’y a pas de liens
«naturels» ou autres avec un autre courant politique mais seulement une
possible alliance électorale puis éventuellement gouvernementale en cas de
succès basé sur un véritable programme politique.
Dès lors, il sera intéressant dans les semaines qui viennent
d’écouter les différents candidats explicités leurs visions personnelles de
l’indépendance en détaillant leurs projets politiques respectifs.
Rappelons, tout de même, que l’UDI se définit comme un parti
de centre-droit.
On ne devrait donc pas voir un des candidats se réclamer
d’un Centre à équidistance de la Gauche et de la Droite comme l’a fait pendant
des années François Bayrou.
Ou alors, comme on a cru le percevoir dans certaines
déclarations d’un Jean-Christophe Lagarde ou d’un Jean-Christophe Fromantin,
l’UDI pourrait, à l’occasion de l’élection de son président, en profiter pour
présenter une nouvelle version de son indépendance, émancipée de tout lien a
priori, grâce à l’originalité de son projet centriste.
Au moment où ni le PS, ni l’UMP ne savent plus exactement où
ils en sont politiquement parlant, ce serait un acte fort et porteur d’un
espoir de voir le Centre séduire les Français.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC