Bon, d’accord, un sondage n’est qu’une photographie à un
instant donné et il faut toujours le prendre – avec des pincettes – pour ce
qu’il est, une simple indication sur le paysage politique du moment tout en
n’étant pas dupe des questions souvent biaisés qu’il pose.
Toujours est-il que le dernier sondage de BVA (*) pour
L‘Express, France inter, la presse régionale et Orange sur les cotes de
popularité des personnalités politiques et qui a été augmenté avec des
questions sur le Centre est bien bizarre.
Ainsi, si François Bayrou voit sa cote de popularité baisser
nettement en un mois (-7 points à 37% de sondés qui souhaitent qu’il ait
davantage d’influence sur la vie politique française), il serait néanmoins élu
président de la république s’il se présentait contre Marine Le Pen, François
Hollande et Nicolas Sarkozy (mais toutefois pas Alain Juppé) et alors même
qu’il perd, dans le même temps, cinq points (à 35%) à la question de savoir
quelle est la personnalité que ces mêmes sondés aimeraient voir représenter le
Centre à la présidentielle de 2017.
Comprenne qui pourra.
Il faut rappeler que ce genre d’oppositions n’est pas une
première dans les sondages sauf que ce cas de figure suppose qu’un candidat
centriste, en l’occurrence François Bayrou, passe le premier tour.
Or, actuellement, cette probabilité est infime, n’importe
quel candidat centriste en 2017 arriverait plutôt en quatrième voire cinquième
position.
Du coup, on est absolument pas dans un scénario crédible.
Evidemment, on peut trouver une cohérence dans le fait que
François Bayrou demeure, après le retrait de la vie politique de Jean-Louis
Borloo, la seule personnalité centriste à avoir une reconnaissance nationale.
Pour autant, ce genre de sondages propose ce que l’on
appelle des «listes fermées» de personnalités, tant pour ce qui est des
politiques dont on souhaite qu’ils aient plus d’influence que pour ceux qu’on
aimerait voir représenter l’espace centriste à la présidentielle.
Et quand on consulte cette dernière dressée par BVA, on y
trouve Hervé Morin et Yves Jégo mais aussi Rama Yade (qui a toujours prétendue
n’être pas centriste) ainsi que Chantal Jouanno! Mais point de Jean-Christophe
Lagarde qui est pourtant donné favori pour la présidence de l’UDI, ni même de
Laurent Hénart ou de Jean-Christophe Fromantin qui sont au moins aussi
légitimes qu’une Chantal Jouanno à représenter les centristes…
En outre, BVA le reconnait volontiers, on ne trouve qu’un
représentant du Mouvement démocrate face à quatre prétendants de l’UDI. Qu’en
serait-il s’il n’y avait qu’un candidat MoDem face à un candidat UDI pour
obtenir l’investiture centriste?
Oups! Les sondeurs ont oublié de poser cette question… Trop
cher? Pas assez intéressant? N’allant pas dans le sens qu’ils voulaient?
Par ailleurs, cette liste montre que si François Bayrou est
en tête, il est le seul à perdre des points alors que tous les autres noms en
gagnent.
Dès lors, on se dit que peut-être n’importe quel candidat
centriste l’emporterait au second tour de la présidentielle face à Le Pen,
Hollande et Sarkozy (trois personnes particulièrement clivantes) en réunissant
tous ceux qui sont contre ces personnalités et non pour le centriste de
service.
Allez savoir, les sondeurs n’ont pas posé cette autre
question… Trop cher? Pas assez intéressant? N’allant pas dans le sens qu’ils
voulaient?
Et puis, autre surprise, François Bayrou qui affirme
appartenir à l’opposition de Droite et du Centre (enfin, c’est ce qu’on dit)
est listé ici dans les personnalités de gauche! Voilà qui va faire très plaisir
à ses nombreux adversaires au sein de l’UDI qui continuent à le voir comme un
cheval de Troie.
Toujours dans le bizarre, il est bien sûr adoubé par les
sympathisants du MoDem (à 83%) mais pas du tout par ceux de l’UDI (qui le place
en troisième position derrière Morin et Yade avec, en plus, une perte de 8
points), ce qui fait que mécaniquement pour obtenir un bon score dans sa cote
de popularité ainsi que pour représenter le Centre à la présidentielle, il est
toujours plus aimé par les sympathisants de gauche que de droite et même du
Centre alors qu’il se trouve allié avec la Droite (enfin, c’est ce qu’on dit).
Enfin, quant à l’image de partis centristes, il est à noter
que le seul qui ait un pourcentage de bonnes opinions supérieur à celui des
mauvaises est l’UDI (50% contre 46%).
C’est aussi celui qui est le moins connu des Français.
La bataille de chiffonnier qui se prépare pour l’élection du
nouveau président de l’UDI remettra certainement tout cela dans le droit
chemin!
Centristement vôtre.
Le Centriste
(*) sondage réalisé les 19 et
20 juin 2014 auprès d’un échantillon représentatif de 952 personnes interrogés
par internet / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points