Yves Jégo, président par intérim de l’UDI et désormais
candidat à la succession de Jean-Louis Borloo, propose que l’opposition fasse
ses états généraux après les élections des présidents de l’UDI et de l’UMP à
l’automne prochain.
Mais avant tout, avant cette confrontation nécessaire et
même et surtout avant l’élection d’un nouveau président de l’UDI, il est indispensable
de tenir des états généraux du Centre.
Car sur quoi sont d’accord les leaders du Centre et leurs
différentes chapelles?
Le vote sur le pacte de responsabilité présenté par Manuel
Valls où certains centristes votèrent pour, d’autres contre pendant que la
majorité s’abstenaient démontre, au-delà d’une soi-disant indépendance, des
divergences parfois profondes sur les idées et sur le positionnement face au
paysage politique actuel.
Où en est par ailleurs la «clarification» entre l’UDI et le
MoDem demandée instamment par Jean-Christophe Lagarde avant les élections
européennes?
Comment concilier l’opposition «constructive» d’un Jégo avec
l’opposition radicale d’un François Sauvadet ou l’opposition sans concession d’un
Jean-Christophe Fromantin?
Au-delà de tout «Hollande bashing» dans lequel il excelle
désormais, où se trouve politiquement François Bayrou et sera-t-il toujours
dans la configuration de l’alliance «naturelle» avec l’UMP si Nicolas Sarkozy
en redevient le chef?
Quel est le projet de l’Alternative à part éviter le
bouillon lors d’élections?
De même, les différentes personnalités peuvent-elles réellement
travailler ensemble?
Là aussi il y a du boulot avec les querelles entre Hervé
Morin et Jean-Christophe Lagarde, les bouderies de François Sauvadet et son
opposition agressive face au retour de François Bayrou avec qui Jean-Christophe
Fromantin a plusieurs fois déclaré qu’il ne voulait pas travailler pendant
qu’Yves Jégo ne manque pas une occasion de tresser des couronnes au président
du Mouvement démocrate, les inimitiés entre Laurent Hénart et Rama Yade et
entre celle-ci et pratiquement tous les leaders centristes.
Sans oublier les relations difficiles avec les centristes
encore à l’UMP qui seraient pourtant bien inspirés de revenir dans une maison
commune refondée au lieu de remettre constamment leur sort entre les mains de
la Droite.
Encore faut-il que cette maison existe et soit solide.
Oui, il y a ces interrogations et de nombreuses autres
encore et tout aussi essentielles que doivent résoudre les centristes avant d’espérer
pouvoir obtenir la confiance des Français pour gouverner.
Car, demeurer dans le flou le plus longtemps possible nous
renvoie à cet espace centriste opportuniste qui déteste tant se dévoiler pour
être un lieu attrape-tout ce qui lui a évité sans doute plusieurs fois de
disparaître mais qui l’a surtout empêché d’être crédible aux yeux d’une
majorité d’électeurs.
Dès lors, ces états généraux du Centre ne sont vraiment pas
une futilité, bien au contraire.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC