Bien sûr, nous sommes encore à trois ans de la prochaine
élection présidentielle et il peut encore passer beaucoup d’eau sous les ponts.
Pour autant, en prenant comme référence le fait que les
leaders de l’UDI l’aient eux-mêmes constaté récemment, il n’y a pas de
présidentiable dans leur parti depuis le retrait de la vie politique de
Jean-Louis Borloo.
Et de noter que l’éclosion d’un quasi-inconnu dans les trois
ans qui viennent serait sans doute une première dans la politique française
pour un courant de pensée politique majeure.
Surtout si celui-ci veut avoir une chance de bien figurer, c’est-à-dire
de pouvoir monnayer son score du premier tour au second.
Car il semble aujourd’hui irréaliste de penser qu’un
candidat centriste sera présent au second tour sauf circonstances exceptionnelles
comme la désagrégation totale de l’UMP ou le naufrage complet du PS qui ferait
qu’un centriste soit opposé au représentant du Front national.
Rien n’indique, en effet, que ce dernier pourrait perdre de
son influence dans les trois ans à venir et ne plus se trouver dans les trois
grandes forces politiques du moment avec l’UMP et le PS) sauf si François
Hollande parvenait à ses fins en redressant le pays et en faisant baisser le
chômage dans de grandes proportions…
Même Barack Obama, aux Etats-Unis, qui a véritablement
explosé en 2007, soit un peu plus d’un an et demi avant la présidentielle qu’il
remporta brillamment en novembre 2008, avait une certaine notoriété depuis son
discours remarqué lors de la convention démocrate de 2004 qui lui avait apporté
des soutiens dans son parti.
Dès lors, en revenant à la France, le seul qui possède
aujourd’hui une notoriété de présidentiable au centre est François Bayrou.
Si l’on veut dresser une liste d’outsiders, on y mettra
Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Christophe Fromantin et Rama Yade,
la dernière étant sans doute la plus connue des cinq et la moins centriste!
En cherchant vraiment d’autres noms, on pourra citer Yves
Jégo, Jean-Marie Cavada, Jean Arthuis, Charles de Courson, mais on ne voit pas
comment ils pourraient dépasser un score de 5% et ne faire autre chose que de
la figuration.
Cette relative pauvreté dans les candidats potentiels se
double, d’une part, de la grande difficulté qu’aura François Bayrou s’il
rempile pour une quatrième candidature d’avoir tout le Centre derrière lui et,
d’autre part, de la volonté de certains centristes de, déjà, regarder vers un
candidat centro-compatible de l’UMP, au premier rang desquels on trouve Alain
Juppé.
Quand on parle du groupe des cinq outsiders, on se rend
également compte que ses membres ne comptent qu’une expérience ministérielle très
limitées.
Seuls deux, Hervé Morin (défense nationale) et Rama Yade
(jeunesse et sports), ont occupé des postes dans un gouvernement.
Evidemment, l’exemple de François Hollande, jamais ministre
mais élu président, vient en contrepoint mais il semble que cela reste encore l’exception
qui confirme la règle en France.
De même, pour pouvoir se faire connaître, un candidat a
besoin que son parti soit derrière lui, en tout cas, qu’il en obtienne une
certaine légitimité.
La guerre des chefs sourde actuellement mais au grand jour
demain à l’intérieur de l’UDI et entre l’UDI et le Mouvement démocrate ne
permet pas de dégager une figure consensuelle actuellement au centre.
Dès lors, certains centristes ont déjà fait leur choix et
vont militer pour une candidature unique Droite-Centre comme le fait déjà
François Sauvadet qui voit – tout comme François Bayrou – en Alain Juppé l’homme
de la situation (François Fillon ferait aussi l’affaire).
On n’a pas encore parlé de l’éventualité pour les centristes
de se ranger derrière un homme venu de la Gauche.
Ce qui est évidemment de la politique fiction actuellement.
Pour autant, le social-libéral Manuel Valls possède sans
doute des qualités proches de celles d’Alain Juppé pour être un candidat soutenu
par le Centre.
Cependant, il semble impossible que les centristes – qui se
voient partager le pouvoir avec l’UMP en 2017 – s’allie avec une gauche si
libérale soit-elle mais assurée d’une défaite.
Pour répondre à la question d’un candidat centriste pour
2017, il faut constater qu’il n’en existe aucun d’incontestable et encore moins
aucun de capable de gagner.
Reste que, pour contredire en partie l’analyse de départ, il
reste malgré tout trois ans, ce qui est peu et beaucoup à la fois pour trouver
la perle rare.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC