Ils croyaient qu’ils leur suffiraient de dire qu’ils étaient
les plus «pro-européens» (ce qu’ils sont) pour que les électeurs votent pour
eux et qu’ils démontrent qu’ils sont bien une force politique majeure.
Et puis, patatras, leur voix ne porte pas et les sondages
sont très mauvais.
Les centristes, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, se retrouvent
dans les profondeurs des intentions de vote, entre 8% et 10%, parfois derrière
les écologistes et juste devant le Front de gauche.
Ils sont très loin derrière le PS, l’UMP et surtout le Front
national qui risque de remporter cette élection européenne du 25 mai prochain.
Dès lors, pour expliquer leur mauvais score, les centristes
nous ressortent le sempiternel «vote utile».
Cela fait longtemps que les centristes ont peur de ce vote
utile.
En fait, à chaque élection, en particulier celles au scrutin
majoritaire, ils craignent que les électeurs qui ont un penchant pour le Centre
votent à gauche ou à droite parce que cela aura un impact plus important sur le
paysage politique dominé par deux grands partis, le PS et l’UMP.
Et voilà que leur peur du vote utile revient dans une
élection à la proportionnelle, censée les favoriser (en tout cas, c’est ce
qu’ils ont prétendu…), les européennes, où le Front national est à des hauteurs
jamais vues.
Avec un FN parfois à 25% des intentions de vote dans les
sondages, les listes de l’Alternative ne font pas le poids et ne seront d’aucun
secours, c’est vrai, pour faire barrage à une victoire de l’extrême-droite.
Dès lors, certains électeurs proches des partis centristes
seront certainement tentés de voter PS et plus sûrement UMP afin d’empêcher que
l’extrême-droite française remporte la première élection de son histoire.
Et c’est pour cela que certains leaders centristes comme
Marielle de Sarnez, tête de liste de l’Alternative en région Ile-de-France,
dans les colonnes du Monde, n’hésitent pas relativiser la montée en puissance
du FN et à expliquer que la question du vote d’extrême-droite n’est pas aussi
important que cela.
Voilà un discours politicien d’une irresponsabilité totale
que même la peur d’être laminé le 25 mai n’excuse pas.
Heureusement, tous les centristes ne sont pas sur cette
longueur d’onde démocratiquement inaudible.
Demain, peut-être, pour la première fois dans l’histoire de
la république française, un parti d’extrême-droite peut arriver en tête d’une
élection.
Comment penser que les centristes puissent être contents par
cette éventualité.
Cela ne veut pas dire qu’ils doivent appeler à voter pour d’autres
listes mais seulement qu’ils doivent se trouver à l’avant-garde de ceux qui
disent haut et fort «jamais ça» même si cela doit, in fine, leur faire perdre
des voix.
En d’autres temps, dans d’autres pays, des partis d’extrême-droite
ont remporté des élections et ça c’est toujours mal passé ensuite.
Centristement vôtre.
Le Centriste