Il faudra qu’on nous explique.
D’abord, il y a un ancien président de la république
centriste qui dit qu’il ne l’a jamais été; ensuite, il y a un vice-président
d’un parti centriste qui va voter contre son propre parti; enfin, il y a un
dirigeant centriste qui vire à droite mais est toujours préféré par les
sympathisants de gauche dans les sondages.
Avec ces dernières péripéties, la liste s’allonge d’un
Centre français qui ne sait vraiment pas où il va.
Reprenons.
Valéry Giscard d’Estaing, dans une interview au Point dit
qu’il n’a jamais été centriste et que l’idéologie centriste n’existe pas.
On doutait déjà de son engagement centriste mais là il fait
fort même si son déclin intellectuel lui donne quelques excuses, lui, qui n’est
même pas capable de rendre hommage à Simone Veil dans cette interview pour son
courage politique lors de sa défense l’IVG.
En revanche, aucune excuse pour François Sauvadet qui, la
rage au cœur, a décidé de jouer contre son propre camp en déclarant qu’il voterait
pour la liste UMP de sa circonscription aux européennes contre celle de
l’Alternative où se trouve son propre parti, l’UDI, dont il est quand même
vice-président…
Car Sauvadet a un problème récurrent.
Il n’aime pas ses chefs, son premier, François Bayrou et son
second, Hervé Morin et son troisième, Jean-Louis Borloo, tout cela parce qu’il
ne s’ont pas été gentils avec lui, ne le récompensant pas à hauteur de ce qu’il
estime qu’il lui est du.
Ne faisons pas de psy à quatre sous mais bon…
Pire, il affirme que nombre de ses amis ne voteront pas non
plus pour les listes centristes là où la tête de liste est issue du Mouvement
démocrate.
Cela rappelle les déclarations de Jean-Christophe Fromantin,
lui aussi vice-président de l’UDI et pourfendeur de centristes, expliquant
qu’il ne ferait jamais alliance avec François Bayrou sauf que son parti est
bien allié au Mouvement démocrate…
Vive l’Alternative!
François Bayrou, justement qui, dans un baromètre de
popularité d’Opinionway se situe toujours dans les premières places (deuxième
derrière Alain Juppé) des personnalités de l’opposition le plus appréciées et
ceci grâce… aux sympathisants de gauche (il trouve même plus de gens satisfaits
de lui du côté du Front de gauche, 47%, que de l’UMP, 40%!) alors même qu’il
vient de se faire élire grâce à la droite à Pau et que celle-ci est devenue son
«alliée naturelle» depuis qu’il a créé l’Alternative avec Jean-Louis Borloo.
On se rappellera, quand même, que le même François Bayrou
avait déclaré en 2007 que le mot centriste ne faisait pas partie de son
vocabulaire avant de prétendre qu’il était à l’«extrême centre».
De quoi lui-même brouiller un peu les pistes.
Mais il faut dire aussi que Jean-Louis Borloo, ancien
président de l’UDI, affirmait également qu’il n’avait jamais été centriste mais
républicain social tout en entretenant le flou en se référant souvent à un
espace centriste.
D’ailleurs, ses possibles successeurs en tant que président
du Parti radical, Rama Yade et Laurent Hénart, ont toujours expliqué qu’ils
n’étaient pas centristes.
Tout cela alors que déjà les centristes se sont divisés sur
le pacte de responsabilité de Manuel Valls, certains votant pour, d’autres
votant contre pendant que la majorité s’abstenait sans toujours savoir pourquoi
ou, en tout cas, l’expliquer clairement.
Tout cela alors que les querelles en vue de la succession de
Jean-Louis Borloo à la tête de l’UDI risquent de la rendre sanglante entre
personnalités qui se détestent et n’ont aucune considération les unes pour les
autres.
Tout cela alors que l’on ne sait plus très bien où en est le
Mouvement démocrate avec ses partisans de l’alliance à gauche, ceux qui se sont
ralliés au partenariat naturel avec la droite et ceux qui croient encore à un
Centre au centre.
Tout cela sur fond de campagne européenne centriste
inaudible et de sondages très décevants.
Tout cela également avec les querelles souvent minables qui
agitent les leaders centristes pour grappiller les quelques miettes d’un festin
que se partagent la Gauche et la Droite mais aussi, désormais, l’extrême-droite.
Et après cela, il y en a encore pour se demander pourquoi
les Français ne votent pas pour eux
Et le pire c’est qu’ils ne comprennent vraiment pas pourquoi.
Oui, il faudra qu'on nous explique…
Centristement vôtre.
Le Centriste