Dans une interview à l’hebdomadaire
Le Point, au moment où l’on célèbre le quarantième anniversaire de sa victoire
à la présidentielle de 1974, Valéry Giscard d’Estaing revient sur son parcours
politique.
Il en profite pour faire une mise
au point sur son positionnement politique: «En réalité, au début des années 70,
je n'étais pas un homme du centre, j'agissais au centre. Ne confondez pas!
Autrement dit, j'occupais une position centrale. Dans les sociétés démocratiques,
vous avez toujours deux courants principaux: l'un est néoconservateur et
traditionaliste et l'autre plus social, plus sociétal. J'étais issu de la
première tendance, mais je voulais absolument travailler avec la seconde,
utiliser ces deux énergies pour moderniser notre pays. Je me suis donc placé au
centre!».
Cette déclaration éclaire d’un
jour nouveau les décisions prises par l’ancien président de la république après
sa défaite de 1981, notamment lorsqu’il tenta de prendre en main l’UDF pour la
droitiser et en faire son instrument de retour au pouvoir pour ensuite la
quitter et adhérer à l’UMP quand celle-ci devint enfin une force
essentiellement centriste.
D’ailleurs, il n’hésite pas à
affirmer dans la même interview qu’«Il n'existe pas d'idéologie centriste», ce
qui chagrinera tous ses supporters du Centre mais ne surprendra pas tous ceux
qui ont toujours su que son positionnement au centre relevait d’abord d’une
stratégie électoraliste.
D’ailleurs, il se plaçait
lui-même au «juste milieu» et non dans une perspective de «juste équilibre».
Toujours dans cette longue
interview, il affirme que son maître en politique est Charles de Gaulle que
pourtant il trahit lors du référendum sur le régionalisme en 1969, ce qui
provoqua le départ de celui-ci de l’Elysée.
Enfin, dans les collaborateurs qu’il
cite, point de centristes qui trouvent grâce à ses yeux et surtout pas Simone
Veil (alors ministre de la santé) qui, selon lui, a défendu la loi sur l’interruption
volontaire de grossesse uniquement parce que Jean Lecanuet (alors ministre de
la justice) ne le pouvait pas par rapport à ses convictions chrétiennes et que
Françoise Giroud (alors secrétaire d’Etat à la condition féminine) avait trop
de travail…
Quant à ses héritiers politiques,
la réponse est simple: il n’en a pas!