Donc les centristes n’ont pas rejoint Manuel Valls mais ils
n’ont pas, non plus, disent-ils, fermé la porte à sa politique qui sera
disséquée systématiquement et dont ils pourraient voter certaines mesures.
Les centristes de l’UDI appellent cela une «opposition
constructive».
Fort bien.
Mais cela ne ressemble-t-il pas simplement à une opposition
responsable que tout élu de la république, toute formation politique
démocratique se doit d’avoir en s’opposant aux mesures qu’il ou elle estime
mauvaise et en votant pour celles qu’il ou elle estime bonnes?
Ou bien ce terme ne renferme-t-il pas un rapprochement que
l’on ne saurait nommer ouvertement, une sorte de «soutien sceptique»(!)?
En fait, les deux mon général!
Car les centristes déjà divisés sur beaucoup de choses, le
sont également – mais est-ce une surprise – sur le pacte de responsabilité
présenté par le premier ministre.
Dès lors, l’«opposition constructive» veut dire tout et son
contraire et circulez, il n’y a rien à voir…
Quoique.
De quelle construction parle-t-on?
S’il s’agit de la France alors n’importe quel parti
politique peut revendiquer qu’il fait de l’opposition constructive (quand il
est dans l’opposition, bien sûr, même si on se demande si une partie du Parti
socialiste ne vient pas d’inventer la posture d’une opposition constructive à
l’intérieur même de la majorité gouvernementale, celle-ci rappelant toutefois
furieusement un peu celle des chiraquiens face au septennat de Valéry Giscard
d’Estaing après 1976).
On pourrait me dire que je chipote sur les mots.
Oui mais, conviendra-t-on, les mots, par convention
acceptée, ont une signification et lorsqu’on les utilise de manière détournée
cela s’appelle une contre-vérité, un mensonge voire une manipulation dont
certaines ont conduit à des guerres dévastatrices.
Bien entendu on ne parle pas de ce dernier cas de figure
ici.
Reste que l’on aimerait savoir ce qu’une «opposition
constructive» au gouvernement socialiste signifie lorsque l’on est dans une
«alliance naturelle» (dont on a déjà dit ici que l’expression était tout aussi
ambigüe que celle dont je parle dans ce billet) avec l’UMP qui elle est dans
une opposition frontale à Manuel Valls.
Car les centristes, en plus, se flattent d’avoir adopté un
comportement responsable, d’être courageux et de refuser le manichéisme.
En s’auto-congratulant, ils mettent la charrue avant les
bœufs.
Car cette opposition constructive ne pourra s’apprécier
qu’en situation, à la longue, et non a priori.
Et ils suscitent des interrogations d’autant que leurs votes
lors de la discussion sur le pacte de responsabilité sont loin d’avoir clarifié
leur position en la matière.
Quatre voix pour (3 UDI + 1 MoDem dissident), 7 voix contre
(tous UDI) et 18 abstentions (17 UDI + 1 MoDem).
Un résultat pas très évident comme preuve que leur
opposition est constructive.
Cela ressemble plutôt à un gros refus de trancher avec, aux
marges, quelques constructeurs et plusieurs destructeurs.
Pas de quoi pavoiser dans un sens, ni dans l’autre.
Allez, encore un effort messieurs et mesdames les centristes
pour savoir ce que vous voulez, si tenté que vous souhaitiez le savoir,
pire, nous le faire savoir.
Centristement votre
Le Centriste